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Sibelle et les trois « C » : Cahors, Colmar, Christophe


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Nul ne connaît son nom, ni son histoire personnelle, sauf évidemment les admirables équipes soignantes qui le prirent en charge en Alsace, l’accompagnèrent durant le trajet « aller » puis le suivirent ici, dans le Lot. Des équipes dont on sait le dévouement, la constance et la compétence. Et jeudi, la bonne nouvelle a été annoncée : le patient souffrant du Covid-19, originaire de Colmar, qui avait été transféré en Occitanie est sorti du service. « Il a été extubé et est en respiration spontanée. Il est sorti d’affaire, il est guéri et va pouvoir regagner le Grand Est » a expliqué le Dr Slim Lassoued, président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital de Cahors.

Nul ne connaît son nom, mais avec Sibelle, nous avons pensé au soulagement de ses proches. Et au soulagement de ce patient. Et peut-être, aussi, au sentiment étrange qui a peut-être été le sien quand on lui expliqua qu’il se trouvait à Cahors, à plus de 750 km de Colmar… Il y a quelques jours, avec ma protégée féline, nous avions été très touchés par un reportage évoquant le « réveil » d’un malade alsacien transféré en Allemagne, qui comprit très vite où il était – possédant quelques éléments de la langue usitée par les infirmières présentes – sans vraiment réaliser, ému et bouleversé. Et ce patient de Colmar, alors, comment a-t-il réagi quand on lui a dit, d’une voix douce et à l’accent peut-être un peu chantant que le ciel bleu qu’il apercevait dans la partie haute de la fenêtre de sa chambre, c’était celui de la capitale du Lot, que les oiseaux dont il entendait désormais les chants en ce printemps si singulier, ils n’aimaient rien tant parfois que de gagner le mont Saint-Cyr pour mieux embrasser la ville de leurs ailes, que le trafic automobile encore timide dont il percevait faiblement le flux sonore était celui de voitures longeant le quai depuis le Pont Valentré ou, avenue Gambetta, cherchant une place de stationnement, pas trop loin des halles ? Reviendra-t-il ? En pleine forme, avec les siens, goûter quelque repos dans un gîte, sur le Causse, humer les effluves d’un confit, s’asseoir paisiblement sur un muret de pierres sèches, lire quelques vers de Clément Marot près d’une gariotte, ou se rafraîchir, après une balade dans les vignes où s’épanouissent les ceps de malbec, cet été ou un autre, en faisant quelques pas dans l’eau vive du Célé ? Avec Sibelle, nous l’embrassons, et nous pensons à sa famille, à ses amis, heureux, évidemment.

Christophe, lui, c’est à Brest qu’il fut transféré. Comme si par un sensible hasard, il était dit que ses mots bleus ne pouvaient embarquer vers d’autres paradis perdus que depuis un port où les couleurs du ciel sont aussi vives et salées que ses nuits étaient éclairées de néons interlopes et de musiques sucrées. Sibelle est venue se lover près de moi, sonné sans être réellement surpris quand j’ai lu l’alerte « info ». Le chanteur Christophe est mort à 74 ans. Ma petite tigresse le savait : je serais bouleversé. Des années qu’il n’est pas un jour sans que je chantonne un de ses airs en travaillant ou que je n’écoute, à tue-tête, dans la voiture, ses succès de toujours (Les mots bleus, évidemment, Succès fou, La dolce vita, Les paradis perdus, et tant d’autres) ou ses créations les plus récentes, tout aussi magiques. « Je sais comme ça fait de la peine de perdre des échos de soi-même » m’a écrit on ne peut plus justement une amie. Des échos de soi-même. Cela fait 40 ans. J’étais collégien et j’avais acheté Aline, ressorti en 45 tours. Au fil du temps, ce devint une passion quasi obsessionnelle. Je ne pouvais voir ou écouter Christophe sans percevoir, c’est vrai, des échos de moi-même. Trop récemment installé dans le Lot, je ne sais si Christophe s’est produit jadis à Cahors. La dernière fois que je l’ai vu sur scène, c’était cependant en Occitanie, dans la salle du Bikini, à Toulouse, en 2016. Une belle soirée de juin, une belle nuit d’été. Comment aurais-je pu imaginer qu’il allait si vite rejoindre les étoiles qui brillaient alors dans le ciel, pas si loin, finalement, de la Cité de l’espace.

Les temps sont durs. L’époque chaotique. Mais je dis à Sibelle que la poésie ne meurt jamais. La preuve ? Le sourire retrouvé d’un patient. Une voix un peu poussée dans les aigus qui chante : « Conduisant ma voiture qui sera / Coupé façon Pininfarina / Je reviendrai peut-être chez moi / Chez les derniers des Bevilacqua… »

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