Sibelle et Mister Kirk
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
La mort de Kirk Douglas. Un géant, une légende… On n’ose plus recourir au mot « star », tellement dévoyé. Sibelle concède ne pas avoir vu tous ses films. « Mourir à 103 ans, au terme d’une telle carrière. Mais quand on a joué Spartacus ou Van Gogh, on a vécu mille vies… » glisse néanmoins ma protégée, toujours aussi philosophe. Kirk Douglas était aussi réputé pour sa maîtrise parfaite de notre langue. Vous en connaissez beaucoup des acteurs français qui s’excuseraient sur un plateau de télévision d’avoir, peut-être, employé « mal à propos » le subjonctif ? Invité par Bernard Pivot, lui, le fils de chiffonnier qui avait appris à sa propre mère à lire et écrire avait résumé le miracle américain : « Avec un peu d’effort, on arrive à tout… ». Autrement dit, en Amérique, tout est possible.
Une autre image nous l’a prouvé cette semaine : quand devant les caméras du monde entier la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a déchiré ostensiblement le discours de Donald Trump à la fin de son allocution (le président ayant ostensiblement refusé de lui serrer la main quelques minutes plus tôt). Avouez qu’à côté, nos politiques paraissent petits joueurs.
Et peu imaginatifs au moment de baptiser leurs listes pour les municipales : « Tous unis pour X », « Y autrement », « Z avec vous »… D’une commune à l’autre, toujours les mêmes formules. « Il serait temps de décoloniser nos imaginaires » tranche Sibelle qui a été séduite par cette formule à la mode dans certains milieux intellectuels opposés, notamment, au mythe de la sacro-sainte croissance économique qui serait seule à même de résoudre les problèmes de notre temps. Mais pour l’heure, bien plus prosaïquement, pas de liste « Pour Cahors toutes voiles dehors ! », « A Figeac on a la gnac ! », « Du pognon pour Gourdon ! ». Pour l’essentiel, les débats sont convenus, les professions de foi ouatées, et grosso modo, chacun joue son rôle. A Paris, c’est autre chose.
Quand le candidat Benjamin Griveaux propose de raser la gare de l’Est pour aménager un parc, la maire sortante Anne Hidalgo promet la plantation de 170 000 arbres et des « mini forêts urbaines » (quelques observateurs ont fait le calcul, cela fait 77 arbres plantés chaque jour pendant six ans). Ce n’est plus une campagne, c’est le concours Lépine. Suggérant presque modestement de rouvrir une partie des voies sur berge et de créer une police municipale, Rachida Dati détonne.
Mais revenons dans notre chère Occitanie. Où l’Insee et Météo France viennent de publier une étude selon laquelle, à l’avenir, un habitant sur deux sera exposé aux fortes chaleurs à répétition, avec à certains endroits des années où il y aura plus de 82 jours où les températures dépasseront les 30 degrés. Parmi les zones les plus concernées, les habitants du littoral, de la plaine de la Garonne ou encore de l’axe Carcassonne-Narbonne. Le triangle formé par Muret, Albi et Castelsarrasin va également subir des canicules à répétition. « Et le Lot ? » questionne Sibelle. Je lui réponds simplement : « On ne va pas devenir la Sibérie de la région, mais l’évolution sera visiblement moins problématique ». Cela n’empêche pas ma tigresse d’avoir déjà ses habitudes quand, l’été venu, le mercure s’envole. Quand l’air devient irrespirable, même à l’ombre du muret en pierre sèche qui enserre notre jardinet, Sibelle file à Padirac. Depuis 130 ans au moins, les visiteurs du gouffre sont prévenus : le thermomètre y est figé toute l’année. 13 degrés. Ni plus, ni moins. « On devrait y inviter les candidats parisiens : peut-être que cette fraîcheur leur remettrait les idées en place ? » conclut mas belle.
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