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Jérôme Filippini quitte le Lot pour l’Eure


Les voeux du préfet du 10 janvier étaient donc un au revoir.

La nouvelle est tombée ce 15 janvier sur les comptes Twitter et Facebook de la préfecture du Lot : « A la suite du conseil des ministres de ce jour, Monsieur Jérôme Filippini, préfet du Lot a été nommé préfet de l’Eure. Il sera remplacé par Monsieur Michel Prosic. Les dates de prise de fonctions de l’un et de l’autre ne sont pas encore connues. »

Les voeux du représentant de l’Etat le 10 janvier résonnent donc comme un bel au revoir :  « Dans ces périodes troublées où beaucoup doutent de l’avenir, il n’est pas inutile d’avoir de la mémoire, et de se tourner vers l’exemple des grands hommes qui nous ont précédés. Or 2020 marque un double anniversaire sous le signe de Léon Gambetta, père de la République et grand Lotois : le 4 septembre 1870, il y a bientôt cent-cinquante ans, il signait, avec quelques autres, la proclamation de la République ; et il y a bientôt cent ans, le 11 novembre 2020, la République l’honorait en transférant son cœur au Panthéon. Il faut, cette année, relire la Proclamation de la République, et notamment cette formule dont je ne cesse d’admirer la beauté toute latine : « Citoyens, veillez sur la cité qui vous est confiée… ».

A travers ce verbe « veiller » qu’utilise Gambetta, ce sont trois appels, qui doivent nous guider en 2020 : appel à la vigilance, appel à la bienveillance, appel à la clairvoyance. » Veiller, c’est d’abord être vigilant : face aux menaces, certes très différentes de celles de 1870, il nous faut veiller. Vigilance face aux menaces extérieures : le terrorisme et les troubles mondiaux ne cesseront pas demain, et nous avons besoin de notre armée et de nos forces de sécurité intérieure. Et si nous sommes fidèles à l’appel de Gambetta, nous devons être attentifs au lien entre ces forces et nos concitoyens. Il y a presque cinq ans jour pour jour, un onze janvier, je faisais partie, comme sans doute beaucoup d’entre vous, de ces quatre millions de Français qui applaudissaient nos forces de l’ordre après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Policiers, gendarmes, pompiers, militaires nous protègent, ils nous secourent, ils nous défendent. Ceux qui les attaquent, de près ou de loin, avec des pierres ou avec des mots, attaquent le pacte républicain. Être vigilants, c’est prendre soin de ceux qui prennent soin de nous, en les remerciant comme je le fais ce soir, en prenant le temps d’aller leur parler pour leur dire merci, comme je vous y invite personnellement. Etre vigilants, donc, face aux incivilités de toutes sortes, qu’elles frappent un élu, un garant de l’ordre ou un simple citoyen, en ne tolérant aucune incivilité. Etre vigilants aussi, face à la violence routière. Vous découvrez, ces jours-ci, la nouvelle campagne de la sécurité routière, « Vivre, ensemble », tournée vers l’empathie, vers l’attention aux autres. Respecter le code de la route, c’est respecter l’autre, c’est être un citoyen digne du pacte républicain. L’année 2019 aura vu trop de gens mourir ou se blesser sur les routes du Lot. Veillons, en 2020, à « vivre, ensemble » sur nos routes. 

Veiller, c’est ensuite faire preuve de bienveillance, d’attention aux autres, et en particulier aux plus fragiles d’entre nous. C’est le sens de la contractualisation dans la lutte contre la pauvreté, qui  lie désormais l’Etat et le conseil départemental, chef de file de l’action sociale. C’est aussi le sens des schémas de coopération entre l’Etat, le département, les opérateurs sociaux (CAF, CPAM, MSA, Pôle Emploi) et les collectivités, que nous signerons le 31 janvier prochain. C’est encore le sens de la réorganisation du maillage des services publics que l’Etat a engagée. J’ai inauguré à Cajarc, l’une des six premières maisons « France Services » du département. Dans ces maisons, neuf opérateurs s’engagent à être présents, disponibles, accessibles, grâce à un réseau d’animateurs formés et compétents. Au cours de l’année 2020, plusieurs autres maisons France Services, fixes ou mobiles, ouvriront. Ces lieux de service public sont l’une des réponses à la principale attente de nos concitoyens : d’abord, un accès de proximité au plus grand nombre de services publics, y compris dans la ruralité la plus profonde, sans être obligés de se déplacer dans plusieurs lieux ; ensuite, une main tendue et un accompagnement, sans rupture, en premier lieu pour celles et ceux qui ont besoin d’être aidés dans l’univers numérique désormais omniprésent. Veiller, être bienveillant, c’est aussi cela. Et être bienveillant, c’est aussi prêter attention aux mots qu’on emploie lorsqu’on s’adresse aux autres : la « civilité », l’art d’être citoyen, c’est aussi le choix de mots qui ne blessent pas, qui n’insultent pas, qui ne stigmatisent pas. Or il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, trop nombreux sont ceux qui manient la violence verbale, la critique excessive, l’appel aux extrêmes, comme autant d’allumettes au-dessus d’un baril de poudre.

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Veiller, c’est enfin anticiper, regarder vers l’avenir. Bien sûr, pour certains d’entre vous, élus municipaux, se profile une échéance de très court terme, les 15 et 22 mars prochain, fin d’un mandat et début d’un autre. À toutes et tous, quel que soit votre choix, et quel que soit, demain, le résultat des urnes, je veux souhaiter le meilleur, le succès du suffrage si vous le sollicitez, et l’accomplissement dans une nouvelle vie si vous le ne sollicitez pas. Mais, au-delà de cette échéance, pour nous tous, il est nécessaire de « veiller » comme nous y invite Gambetta, en se projetant à moyen terme, en anticipant, en regardant avec lucidité et courage les défis que nous allons tous devoir affronter.  Défi démographique d’abord. Si la population du Lot n’a pas cru au cours des cinq dernières années, il y a fort à parier qu’elle connaîtra un regain dans les dix prochaines années. Parce que la démarche d’attractivité positive qui nous réunit désormais portera ses fruits. Parce qu’une part croissante de nos concitoyens veulent quitter les grandes agglomérations et peuvent compter, chez nous, sur une quantité et une qualité de services que seuls les grincheux ne veulent pas reconnaître (un exemple, qui m’est tombé sous les yeux il y a quelques jours : il faut 35 jours à un administré parisien pour obtenir un rendez-vous pour renouveler ses papiers d’identité ; il en faut 5 seulement  dans le Lot…). Il fait bon vivre ici. Bon vivre pour les seniors, bien sûr, qui, au passage, ne sont pas une charge mais une ressource très positive. Bon vivre pour les actifs, avec un taux d’emploi élevé. Bon vivre aussi pour les plus jeunes, et c’est ce que nous devons leur démontrer, preuves concrètes à l’appui. Pour ceux qui veulent étudier ou se former, les pôles universitaires de Cahors et Figeac sont là, avec un campus connecté désormais à Cahors ; dans quelques mois ouvrira à Cambes un centre de formation des apprentis dans lequel l’Etat aura apporté 2 millions d’euros, soit 40 % du financement total. Je pourrais multiplier les exemples, mais bien sûr il faut faire encore bien plus. Défi écologique ensuite. C’est le principal. L’Australie et l’Amazonie ne sont pas si loin qu’on le croit… Et il n’est plus possible de dire que c’est à l’autre d’agir, ou que cela peut attendre demain. C’est à chacun de nous d’agir dès aujourd’hui. J’ai déjà évoqué nos engagements pour la biodiversité et les énergies renouvelables. Je pense que nous devons faire beaucoup plus, et bien plus vite, et avec une grande clairvoyance. La révolution écologique peut être un atout fantastique pour le Lot. Mais à une condition : il faut agir sans tarder, et agir tous ensemble, sans rivalités internes, sans arrière-pensée politique, sans raisonnement à courte-vue. Cela suppose de ne pas opposer défense de l’environnement et développement d’activités humaines. Un Lot préservé, ce n’est pas un territoire sans hommes, c’est un Lot dans lequel des femmes et des hommes habitent, se déplacent sur des routes (y compris nouvelles), vivent de leur travail (à la ferme, dans l’industrie ou dans les services), produisent de l’énergie. Un Lot préservé, ce n’est pas un territoire où trois personnes, réunies en association, peuvent interdire à dix mille autres de se déplacer, de travailler, de créer. Un Lot préservé, ce n’est pas un territoire qui serait obligé de continuer à importer toute son énergie faute de pouvoir la produire sur son sol. Il nous faut donc bien développer d’autres sources d’énergie, des énergies locales, durables, renouvelables, les énergies de demain (hydroélectricité, photo-voltaïque, éolien, biomasse, méthanisation) sans lesquelles nous ne réussirons pas la transition écologique. Si nous voulons consommer localement, il nous faut produire localement, et donc accepter la présence d’équipements de production d’énergie. Cet enjeu (notre contribution concrète à l’écologie positive) sera le fil rouge de l’action de tous les services de l’État en 2020. 

Défi démographique, défi écologique… Défi citoyen, enfin. Il englobe tous les autres. Gambetta nous avertissait déjà en 1870 : sans la participation du citoyen, pas d’action collective efficace. Nous devons donner, ou redonner, envie à nos concitoyens de participer à la vie publique. Pour ceux, nombreux, qui veulent participer, il faut leur redonner confiance dans nos institutions, en leur donnant envie d’agir « pour » et « avec » et pas seulement « contre ». La vie communale est bien sûr la première occasion de retisser cette confiance. L’engagement associatif, très vif dans le Lot, contribue également à « faire notre société ». Enfin, l’action des services de l’Etat doit être aussi, je le souhaite profondément, exemplaire de cet engagement citoyen. »

Et de conclure : « A propos de citoyens : autour de moi sont réunis ce soir des citoyens d’un type un peu particulier. Ce sont quelques-uns des agents des services de l’État dans le département. Sorte de « hussards de la République », comme on disait autrefois des instituteurs, ils ont fait le serment de servir le bien commun. Ils ne s’enrichissent pas, ils ne se servent pas, ils ne sont pas de parti pris, ils ne favorisent pas les intérêts de tel ou tel, mais ils sont obsédés par une seule cause, celle du bien commun. Vous connaissez notre impartialité : la maison de l’État est la maison de tous, sans discrimination, sans préjugé. Ici, dans ce lieu neutre, chaque élu, chaque citoyen sait qu’il sera écouté et respecté. Bien sûr, dans notre « République décentralisée », l’Etat n’a pas toutes les clefs. On lui prête d’ailleurs souvent des pouvoirs qu’il n’a pas ou plus depuis vingt ou trente ans. On lui exprime des attentes qui lui font beaucoup d’honneur, mais qui traduisent parfois une méconnaissance de ses compétences réelles, et qui traduisent aussi, chez certains acteurs publics, disons-le entre nous, un petit jeu de mistigri ou de défausse. L’État ne peut pas tout, et il a parfois « bon dos », comme disait ma grand-mère… Au pays du rugby, passer le ballon est tout un art, mais je rappelle que c’est un art qui se pratique au sein d’une même équipe, et pas entre adversaires : si vous passez la balle à l’État, c’est pour que nous atteignions ensemble la « terre promise », comme on dit au rugby, et pas pour imputer à l’État l’échec d’une action collective. Puisque Fabien Galthié était parmi nous il y a quelques semaines pour lancer le nouveau XV de France, je propose qu’on s’inspire de ses conseils de jeu collectif pour le « Pack 46 » ! » Jérôme Filippini n’est pas encore parti mais il aura été un formidable demi de mêlée pour le pack lotois !

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