Michel Fau démissionne de la direction artistique du festival de théâtre de Figeac
L’artiste regrette la « normalisation dans l’air du temps ».
« Depuis huit années j’ai travaillé avec Olivier Desbordes à transformer le festival de théâtre de Figeac et à l’animer par mes choix artistiques. Mon projet était de faire de ce Festival un festival unique en France, en y accueillant des formes théâtrales qui ne se confrontent nulle part ailleurs et d’y inviter des « acteurs » qui incarnent un théâtre à la fois populaire et exigeant. Nous avions aussi choisi d’y mêler un peu de théâtre musical en lien avec le festival de Saint-Céré pour créer ce pont qui en faisait un projet unique en France. J’ai mobilisé pour cela toutes mes connaissances, à la fois de jeunes compagnies et de grands artistes amis : du théâtre dit subventionné et du théâtre dit privé, pour effectuer ce fameux mélange qui semblait être l’esprit unique de Figeac dans le paysage des festivals français. Je me suis appuyé sur Olivier Desbordes et Benjamin Moreau pour mener à bien ce rêve de théâtre et théâtre musical qui a permis de passer de 3500 à 10000 spectateurs par été. Les choix de la nouvelle direction ne correspondent plus à cette originalité d’un théâtre incarné. C’est pour ces raisons Monsieur le Maire que je ne souhaite pas continuer cette mission que j’ai faite à titre bénévole mais avec joie. C’est justement ma conception de la joie par le théâtre qui n’a plus la place que je souhaitais pour Figeac qui me pousse à vous présenter à regret ma démission qui prend effet ce jour » écrit Michel Fau à André Mellinger, maire de Figeac. « Les positions artistiques de la direction du ScénOgraph » obligent cette figure incontournable de la culture théâtrale en France « à quitter la belle aventure du festival de théâtre de Figeac ».
Et de conclure : « Etre mal aimé n’encourage pas les échanges et ne développe pas les enthousiasmes pour continuer de construire à Figeac un rêve de théâtre varié, curieux et improbable ! Les réalisations à Figeac de « Demain il fera jour » de Montherlant, joué au théâtre de l’œuvre à Paris , de « Névrotik Hôtel » qui a été jouée aux Bouffes du Nord, et en tournée partout en France , notamment à la Criée à Marseille, sont pourtant bien représentatives de la création Figeacoise ! La normalisation est peut-être nécessaire, elle semble dans l’air du temps aux dépens d’une pluralité qui devrait normalement être le cœur d’un projet culturel. C’est l’artiste dans toute sa diversité, dans toute sa richesse qui transmet, qui est le centre des choix artistiques et non pas une vision monochrome et unilatérale de la culture. C’est cet artiste multiple, à la fois populaire et exigeant, qui est le représentant d’une certaine vision du monde sans clivages et préjugés. »