Sibelle et les cahiers de Gigouzac
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
– Le temps, pourtant, ne s’y prêtait guère… Ou plutôt si. Vent, ciel gris, et même quelques gouttes de pluie qui nous obligèrent à changer de place pour ne pas être trempés. Dimanche dernier, j’ai pris… un bon bol d’air (frais). Dans tous les sens du terme. Mon fils m’avait invité à l’accompagner au Stadium pour assister au match Téfécé-Reims. Qu’importe si les joueurs toulousains ont attendu d’être menés au score pour offrir un visage offensif. Qu’importe si, globalement, le spectacle sur la pelouse fut assez quelconque. Ancien journaliste sportif, l’espace de quelques heures, j’ai rajeuni. Il y a une atmosphère particulière dans un stade lors d’un match de haut-niveau. Je ne saurais la définir. Mais j’ai apprécié. J’ai retrouvé quelques sensations, et c’est tout juste si, à la mi- temps, comme jadis, je n’ai pas cherché un téléphone à l’ancienne pour dicter la première partie de mon compte-rendu à une sténo. A mon retour, j’ai évoqué tout cela à Sibelle, qui préfère de toute façon regarder le foot à la télé. Elle est restée insensible. Sachant que la Ligue 1 est sponsorisée par une chaîne d’ameublement, elle espérait que je lui ramène un nouveau sofa. Encore plus moelleux.
– Puisque nous étions dans la ville rose, restons-y. La cinémathèque de Toulouse programme du 19 février au 20 mars un cycle de projections et rencontres sur le thème… du western spaghetti. Un genre qui a notamment influencé Tarantino, explique la docte institution. Seront ainsi projetés les classiques de Sergio Leone mais aussi un film réalisé en 1968 par Sergio Corbucci dont le titre même sonne comme une complainte quand on a chez soi une tigresse domestique qui miaule pour un oui ou un non, ayant « un avis sur tout et surtout un avis », comme disait Coluche. Le titre ? C’est « Le Grand Silence ».
– Revenons dans le Lot. Cette semaine, dans son célèbre « 13 heures », Jean-Pierre Pernaut a rendu hommage à deux maires du département. Des élus de proximité qui sont en première ligne chaque jour, au service de leur village et de leurs concitoyens. On a entendu ainsi Jean-Albert Reix, maire de Lherm, dire l’importance de conserver une école. Il tendait le dos avant que la carte scolaire 2019-2020 ne soit publiée. Il peut désormais respirer. Quant à son collègue de Gigouzac, Romuald Moliné, il a été interviewé dans le bar que la commune a ouvert en attendant que le restaurant du village ne soit repris. Un lieu convivial et intergénérationnel qui vaut toutes les permanences ! « Pas étonnant que les cahiers de doléances ouverts à la mairie de Gigouzac soient pour l’heure restés vierges » en a conclu Sibelle. De fait. Quand on a un souci, dans ce joli coin du Lot, on va au bistrot et on en touche un mot au serveur. Au maire, quoi.
– Cahors et le Lot ont encore perdu un grand serviteur cette semaine, avec le décès du Dr Louis Sauvé, à l’âge de 101 ans. « Humaniste engagé », comme l’a rappelé le maire Jean-Marc Vayssouze-Faure qui a rendu hommage à cet homme d’exception, ce médecin « visionnaire » qui créa notamment le centre de transfusion sanguine du Lot et présida bénévolement la Croix Rouge départementale. Au début des années 1950, le Dr Louis Sauvé fut en outre un militant actif des Citoyens du Monde, ces pacifistes dans l’âme qui contribuèrent à faire de Cahors « la première ville mondialisée » (aux côtés d’un certain André Breton). Avec Sibelle, la prochaine fois qu’on se rendra à Saint-Cirq et qu’on apercevra sur la route une de ces grandes bornes de la Route Sans Frontières indiquant par exemple « New-York : 5531 km », nous aurons une noble pensée pour le Dr Sauvé.