Le poète lotois Gilles Lades évoque son enfance
Son livre « La Pièce du Bas » est publié par L’Etoile des Limites.
« Parmi toutes les rébellions intimes au rythme contraignant des heures de classe (…), les images du Quercy tenaient le premier rang : un chemin blanc près du village de l’aïeul, des ruelles caillouteuses jusqu’à l’église et au petit cimetière. Ce pouvait être aussi la lente avancée pieds nus dans les eaux minces et vives du Célé, en plein été, alors que surgissaient en criante évidence les différentes espèces de poissons, les libellules, les algues, les serpents d’eau… »
Né à Figeac, Gilles Lades est, enfant, « transplanté » à Castelsarrasin. Dans le Tarn-et-Garonne. Si loin, si proche… Il y est écolier puis collégien. Dans la « pièce du bas » de la maison familiale, son antre, son repaire, il fait ses devoirs, mais il lit aussi, avec un penchant pour les encyclopédies. Et il rêve. Notamment du Quercy, où est resté l’un de ses grands-pères et où plus tard, l’enseignant et poète reviendra s’installer. Après une multitude de recueils et d’essais, Gilles Lades, 69 ans, évoque dans son dernier ouvrage cette enfance dans le département voisin qui ne pouvait que précéder, tôt ou tard, pour reprendre la formule de Césaire, l’écriture de son propre « Cahier d’un retour au pays natal… »
Une œuvre forte de dizaines de recueils pour le Lotois. Mais c’est bien dans cette pièce, ce « noyau », « que naîtraient un jour l’étincelle poétique et le désir de dire, dont l’écriture n’est que la servante éperdue. » Voilà pour le fond, quant à la forme, bien que récit en prose, on demeure toujours charmé par cette poésie maîtrisée, par le style où chaque mot semble pesé, par les images sobres mais lumineuses, les formules qui oscillent entre tendre nostalgie et évocation au lyrisme tout en retenue des paysages, des proches, des sentiments de la prime jeunesse.
Une cinquantaine de pages qui évoque Julien Gracq – pour la concision, le sens de la géographie – et un peu Rimbaud aussi, même si les ailleurs de Gilles Lades se sont avérés moins lointains, moins impossibles. Enfin, il nous semble. Revenu adulte dans le Lot, Gilles Lades sut dit-il « en saisir les lumières qui mystérieusement s’accordèrent aux rêves éveillés de (son) enfance . L’ouvrage est publié par L’Etoile des Limites, exigeante mais salutaire maison d’édition basée à Fourmagnac, que dirige l’ancien conservateur de la médiathèque de Charleville (Ardennes) et de son fonds Rimbaud, désormais établi dans le Lot. Il n’y a pas de hasard…
> « La Pièce du Bas », de Gilles Lades. 60 pages. 10 euros.