Kira sait où loger le Premier ministre
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« Curieux clin d’œil. Alors que la neige s’invite en Quercy, ce qui n’effraie pas l’Ardennais d’origine que je suis, mais ne le réjouit pas non plus, voilà que cette semaine, c’est précisément Cahors plutôt que Charleville-Mézières qu’a finalement choisie le Premier ministre Édouard Philippe pour accueillir le second round de la très sérieuse Conférence nationale des territoires dans une douzaine de jours… Mes amis du pays de Rimbaud en ont nourri quelque amertume. Territoire en grande difficulté malgré la majestueuse forêt qui la borde, la vallée de la Meuse espérait de potentielles retombées. Mais elle a donc cédé le pas devant sa consœur du Lot. « Ben oui. Monsieur Philippe a sans doute préféré le foie gras et les truffes arrosés de malbec plutôt que les civets de sanglier et les grives » a réagi ma belle Kira. J’ai froncé les sourcils. Comment l’insolente féline a-t-elle pu imaginer une seule seconde que des considérations gourmandes aient pu justifier ce changement de cap ! « A moins qu’il ait été sensible à de délicates pressions de quelques très influents élus du département, macroniens ou macronistes, comme tu veux, de la première heure » a encore ajouté ma protégée… C’en était trop.
Toujours est-il que l’équipe de Matignon devrait rester trois jours sur place. Pour avoir le temps de travailler sur la problématique du développement de tous les territoires, et, ici même, échanger, visiter, discuter en prenant le temps vraiment d’observer les atouts comme les handicaps d’un département qui mobilise toutes ses énergies pour enrayer le déclin démographique et la fuite de ses jeunes talents vers Toulouse. Entre autres défis. Du coup, « la France sera dirigée du 13 au 15 décembre depuis la ville de Gambetta ! » ont écrit certains confrères. Mais une question taraude déjà la plupart des Lotois. Cet événement hors-normes ne va-t-il pas paralyser le quotidien des Cadurciens ? Et bien davantage alors que quelques flocons…
Kira, comme d’habitude, a eu le dernier mot. « Il y a bien une solution pour que Monsieur Philippe, ses ministres et conseillers puissent travailler au calme sans perturber les Lotois. Un homme, j’en suis sûr, les attend déjà et serait ravi de leur offrir asile pour réfléchir dans un village par définition inspiré. Une commune médiévale qui domine le fleuve et dont les ruelles, jadis, étaient fréquentées par des poètes et des artistes célèbres dans le monde entier. Cet homme, c’est le maire de Saint-Cirq Lapopie. L’ex-sénateur Gérard Miquel a accueilli déjà en ami un président de la République. Alors un Premier ministre, cela ne l’effraie pas. Surtout si au passage, il parvient à le convaincre que la capitale mondiale du surréalisme mérite d’être accompagnée davantage encore dans son projet autour de la maison Breton… » Avec toutefois un risque. Et si, une fois débarqué à Saint-Cirq, comme Breton, le Premier ministre « cessait de se désirer ailleurs » ? Quel poème ce serait ! »