Castelnau-Montratier : « Le patrimoine de nos enfants » reprend du service
Les bénévoles étaient à pied d’oeuvre le 11 février.
Ça y est la dynamique équipe de « Patrimoine de nos enfants » a redoublé d’efforts pour entamer cette nouvelle saison pour le nettoyage de la butte de Maurélis. Les rangs, en ce samedi 11 février, se sont largement élargis. Tous les bénévoles étaient en nombre, en cette belle matinée, pour continuer le débroussaillage de la butte, entamé l’an dernier. Il existe une photo datant de plus de 100 ans qui témoigne qu’à l’époque aucune végétation n’était présente autour de la motte de Maurélis, laissant apparaître les trois fossés qui l’entourent. Donc c’est bien dans le but de retrouver le site à nu, presque comme à son origine, que la main d’oeuvre s’est mise au travail, sans rechigner sur leur temps et leurs efforts pour revaloriser ce patrimoine, dans une ambiance sympathique mais travailleuse.
Pour mieux comprendre l’historique de cette butte voici un extrait du rapport de Florent Hautefeuille, qui a effectué des fouilles sur le site de 2006 à 2008 : « La truque de Maurélis est une motte castrale située sur la commune de Castelnau-Montratier, à une vingtaine de kilomètre au sud de Cahors, sur un pech dominant la petite vallée de la Barguelonne. Le site est connu du fait de fouilles réalisées dans les années 1920, fouilles qui avaient entraîné le dégagement de la partie intérieure d’une vaste tour (12 x 10 m) complètement prise dans la motte. En 2004 une première campagne de terrain avait permis de faire une levée topographique générale de la butte et de ses environs immédiats, d’estimer le potentiel archéologique qui avait survécu aux fouilleurs des années 1920, et de dresser un bilan historiographique complet d’un site qui est mentionné dans un des miracles de Sainte-Foy-de- Conques, vers 1030. Cette première approche avait permis de démontrer que montrer que la fortification était liée à une famille de la moyenne aristocratie locale et s’intégrer dans un contexte conflictuel entre les comtes de Toulouse et les comtes du Quercy.
La campagne de fouilles de 2007 a permis de mieux cerner la chronologie et le phasage de ce site. Trois datations 14C ont montré que la première implantation remontait à l’extrême fin du IXème ou plus vraisemblablement aux premières décennies du Xème siècle. De cette phase initiale, une série de trous de poteaux a été repérée, sous la motte, sans qu’il soit possible de dresser un plan de bâtiment précis. Cette première phase est peut-être associée au creusement d’un fossé large de 5 m creusé dans le socle calcaire. La seconde étape, très proche dans le temps de la première correspond à la construction simultanée du donjon en blocs de calcaire local liés au mortier (mur épais de 2,10 m) et de la motte qui enserrait la tour jusqu’à une hauteur de 8,50 m au moins. Contrairement à la majorité des situations connues, l’emmotement est donc ici contemporain de la construction de la tour. La motte mesurait environ 30 x 40 m au sol et a été protégée par un impressionnant système fossoyé associant trois fossés secs successifs (29 m de large au total) qui recoupent partiellement le fossé primitif.
La fouille de 2007 a permis d’identifier plusieurs sols de mortier dans la tour. Le rez-de-chaussée, décrit comme une prison dans le livre des miracles de Sainte Foy de Conques semble plutôt avoir servi d’espace de stockage de réserves alimentaires (graines) puis de dépotoir. Le premier plancher se situait à plus de 8,50 m du sol. La fouille d’un espace situé sur le flanc est de la motte (assimilable à une basse-cour) a permis de dégager les vestiges très abîmés d’un second édifice contemporain de la tour. Ce bâtiment de plan carré mesurait 5, 15 m de côté pour des murs de 70 cm d’épaisseur. Il pourrait correspondre à une sorte de porterie destinée à accueillir une passerelle permettant de franchir le petit fossé de 5 m et de rejoindre la plateforme sommitale de la motte. L’abandon du site en tant que fortification est très précoce. On peut le situer entre les dernières décennies du Xème et les années 1030-1040. Le mobilier découvert dans les niveaux d’occupation et les déblais est constitué d’une grande quantité d’éléments de faune associés à de la céramique en faible quantité (en particulier de la céramique rouge polie) et à de très rares éléments métalliques. On peut noter la surreprésentation dans ce mobilier des cornes d’appel dont au moins six exemplaires ont pu être identifiés ».