Kira désigne le Lotois de l’année
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« Pourquoi se gêner ? Mes protégées félines ont la grosse tête en cette fin décembre. Voilà désormais que Kira et sa grande sœur Abysse me soufflent tout simplement le « sujet » de cette chronique hebdomadaire… Hier, à l’heure de l’apéro (qu’il convient de déguster avec modération, selon la formule consacrée), les deux insolentes ont d’abord tourné quelque temps devant leurs gamelles puis, une fois celles-ci remplies de croquettes par moi-même (je sais, je suis faible…), elles se sont décidées…
« C’est gentil de ta part, mais, ce n’est pas cela qui nous préoccupait. Voilà. On a pensé à Monsieur André… » commence la plus grande. « Monsieur qui ? Mais de quoi s’agit-il ? » suis-je obligé de marmonner… « Ben enfin ! Tu ne vas pas finir 2016 sans désigner le ou la Lotois(e) de l’année ? » remarque Kira, sur son habituel ton oscillant entre insolence et vraie-fausse ingénuité. « C’est pourquoi, après réflexion, il nous a semblé que Monsieur André s’imposait naturellement. André Breton, bien sûr. Tu en connais beaucoup, toi, des Lotois ou Lotoises qui parviennent à mobiliser des centaines de milliers d’euros de la part de l’Etat, des collectivités, de mécènes privés pour rénover leur maison de vacances à Saint-Cirq Lapopie ? » explicite alors la petite chatte…
J’ai donc été obligé de remettre les pendules à l’heure. De rappeler que le poète André Breton, fondateur du surréalisme, était décédé en 1966. Qu’il avait acheté après la guerre l’ancienne auberge des mariniers, à Saint-Cirq, village pour lequel il avait éprouvé un véritable coup de foudre, et qu’il y avait séjourné ensuite régulièrement avec ses amis (écrivains, artistes, photographes…). Que ladite maison mise en vente, un projet avait vu le jour pour que la belle bâtisse intègre la sphère « publique » et qu’elle devienne « un lieu de création et de mémoire », et que cela permette de faire de Saint-Cirq Lapopie « la capitale du surréalisme », selon les mots de son sénateur-maire. Et qu’effectivement, l’initiative avait été accueillie de manière bienveillante en haut- lieu. Palais de l’Élysée compris. « Nous savons tout cela. Nous connaissons même par cœur les mots de Monsieur André à propos du joli village perché… J’ai cessé de me désirer ailleurs a-t-il écrit. Bref, comme de coutume, tu n’a pas compris. C’était un clin d’œil » concluent alors les deux félines si malines. J’ai stoppé la conversation. Vaincu, une fois de plus. Et je me suis rangé à leurs arguments. Après tout, désigner un poète et citoyen du monde « Lotois de l’année », c’est effectivement une bonne idée. Dans ce monde troublé, les paroles d’André Breton demeurent d’actualité. « Au départ, il ne s’agit pas de comprendre mais bien d’aimer » a ainsi suggéré l’auteur de « Nadja ». A défaut de bien comprendre pour l’heure ce que sera à terme la maison Breton de Saint-Cirq, aimons donc l’idée que la poésie, et donc la liberté, et donc le refus des compromis et des bassesses, aient droit de cité en permanence dans le 46 ! Merci qui ? Merci Kira ! »
> Prochain rendez-vous : le samedi 7 janvier 2017. Bonne fêtes !