Kira et Monsieur André
Chaque samedi désormais, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Une chronique plutôt en forme de « pattes de velours »… mais quelques coups de griffes ne sont pas à exclure (toujours avec humour !). Philippe Mellet est journaliste et auteur indépendant. Originaire des Ardennes, il est établi dans le Lot depuis l’été 2015.
«Elle n’a que quatre mois et quelque, ma nouvelle protégée féline qui errait dans les rues du village avec ses frères et sœurs avant de trouver refuge dans notre maison du vieux bourg. Mais Kira est déjà un chat qui a du caractère et que les caractères ne rebutent pas : en surfant sur Medialot, elle a donc appris qu’une petite révolution allait secouer le Lot. Que sous peu, bien que conservant son statut de ville-préfecture, Cahors serait reléguée au rang de modeste cité provinciale à peine plus glorieuse que le plus humble chef-lieu de canton du département. Une capitale internationale va lui succéder pour porter au plus haut possible les couleurs du Quercy, une ville-lumière dont le souffle novateur va irradier l’ensemble de la planète. Voilà l’information, Kira et moi vous la livrons sans ménagement : Saint-Cirq Lapopie s’apprête à revêtir ses plus beaux atours pour devenir « capitale mondiale ». Mais brisons là. C’est Abysse, noble petite panthère noire de quatre ans qui nous a suivis quand à l’été 2015, la petite famille a quitté les Ardennes pour les rives du Lot, c’est Abysse, donc, qui a remis les pendules à l’heure. « Il s’agit de faire de Saint- Cirq la capitale mondiale… du surréalisme, selon les mots du sénateur-maire Gérard Miquel. Quand l’ancienne auberge des Mariniers où André Breton passait ses vacances aura été rénovée et formera, en prolongement du musée, un espace dédié notamment à la poésie… » Kira n’a pas osé demander à sa grande sœur d’adoption ce qu’était le surréalisme. Abysse, qui possède les œuvres complètes de Monsieur André, lui aurait pourtant volontiers expliqué. Partie remise. La poésie est une affaire qui exige parfois une certaine patience. Comme celle dont faisait preuve l’auteur de « Nadja » et de « L’amour fou » quand il partait chasser les papillons sur les hauteurs du village, certains après-midi d’été. Une légende prétend du reste que quelques matous de Saint-Cirq l’accompagnaient parfois, espérant que dans les filets du grand homme, quelque volatile plus appétissant ne vienne à se constituer prisonnier. Les surréalistes n’aimaient-ils pas d’ailleurs, dans le Lot ou à Paris, jouer au « cadavre exquis » ? Bah, du moment qu’on n’en retrouve pas dans le placard des budgets de nos humbles collectivités ! « Avec des centaines de milliers d’euros de fonds d’Etat pour subventionner le projet, ce serait ballot ! » a conclu ma sage Abysse. Laquelle va participer avec plaisir ce week-end aux différentes manifestations organisées à Saint-Cirq, 50 ans quasi jour pour jour après le décès d’André Breton et au lendemain de la signature de l’acte d’acquisition de l’illustre maison. »