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Sibelle, les lycéens d’Albas et les footeux de Biars Bretenoux qui rêvent d’un exploit

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ L’événement du jour, en tout cas pour nos confrères parisiens, c’est la décision de justice autorisant Nicolas Sarkozy à sortir de la prison de la Santé pour attendre son procès en appel, qui se tiendra du 16 mars au 3 juin 2026. Nos mêmes confrères insistent, voire ironisent, sur l’interdiction qui lui est faite d’entrer en contact avec le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. « C’est l’application d’un principe de base de notre république, de notre démocratie, celui de la séparation des pouvoirs » remarque doctement Sibelle, qui a lu Montesquieu. On espère que c’est aussi le cas des lycéens d’Albas. Lesquels ont d’autres préoccupations ces jours-ci, et leurs familles aussi, ainsi que tous les villageois d’ailleurs, nous rapporte Medialot. Pensez : ils ont appris dépités que pendant la durée des travaux du pont de Castelfranc, c’est-à-dire deux ans au moins, les bus liO desservant la vallée ne pourraient plus faire étape sur la commune (sauf à 6 h 38 et 6 h 58). Une solution alternative (un arrêt en limite de Luzech au lieu-dit « Quai à vendanges ») a été suggérée. Mais c’est à 3 km du bourg. Pour s’y rendre, « ce serait très dangereux » tonnent de concert le maire d’Albas et ses administrés. Réputé pour avoir le bras long, Jean-Pierre Alaux n’a pas dit ni écrit son dernier mot. Il va prendre (si ce n’est déjà fait) sa plume, que l’on sait élégante mais aussi acérée, pour alerter la présidente de la Région et le président du Département. C’est cela, le quotidien des « territoires » (puisque le mot s’impose désormais, jugé plus chic que le terme « province » et moins technocratique que « collectivités locales »). C’est cela la France d’en-bas. Sur ce, ma protégée en rajoute une couche et cite Alfred Capus, dramaturge un peu oublié sauf des auditeurs des Grosses Têtes version Bouvard : « Ne disons pas de mal des gens de la province. Sans eux, nous ne pourrions pas habiter Paris… »

Mardi._ Chaque village de France a son monument aux morts. Et aujourd’hui, chaque monument aux morts est fleuri. La France se souvient et honore les morts de la Première guerre, et désormais, tous ses enfants morts au champ d’honneur. Dans certaines communes, il y a maintenant quasi plus de noms gravés que d’habitants. Mais la tradition est respectée. Anciens, élus, élèves des écoles et citoyens de tous ordres viennent déposer une gerbe de fleurs et/ou se recueillir. Et on entend les notes glaçantes annonçant l’appel aux morts… Je ne peux m’empêcher de confier à ma belle : « Ce qui est tout aussi glaçant, c’est de se dire qu’il y a un peu plus d’un siècle, après la signature de l’Armistice, ceux qui sont rentrés du front, comme des millions de Français, ont eu ces mêmes mots : Plus jamais ça ! Et pourtant 20 ans après, il y eut de nouveau la guerre. On ne mesure pas notre chance, pas assez, de vivre en paix depuis 80 ans ! Elle est loin d’être parfaite, mais c’est grâce à l’Europe. » Ma tigresse opine du chef. Et elle souvient du poème d’Aragon qui évoque un frère d’armes de Manouchian dans l’Affiche rouge : « Et c’est alors que l’un de vous dit calmement / Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre / Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand ».

Mercredi._ Pendant ce temps, nos députés continuent d’examiner le budget 2026 et par le fait, le devenir de la réforme des retraites. Aurélien Pradié (non-inscrit) dénonce des bricolages, des manœuvres, alors que l’essentiel est passé sous silence : « Nous mettons des rustines sur des failles béantes. Pendant longtemps, nous avons été un des pays avec le taux de mortalité infantile le plus bas. Nous sommes aujourd’hui 23ème sur 27 en Europe. Nos débats budgétaires ajustent et bricolent. Les défis immenses sont ailleurs. Sous nos yeux. » Son collègue du PS Christophe Proença se veut plus positif : « Certains attendent le grand soir, la dissolution ou la démission du Président de la République. Moi, je me bats pour les classes populaires et moyennes de façon à obtenir un budget plus juste et qui les préserve. » Et outre la mise entre parenthèses de la réforme des retraites, il énumère les avancées obtenues selon lui : « Le rétablissement d’un véritable impôt sur la fortune (ISF) non productive, la hausse de la CSG sur les revenus du capital afin de financer la Sécurité sociale et la préservation des tickets-restaurant et des chèques-vacances… » Oups. La boulette. Comme je l’ai tout de suite craint, Sibelle sort de sa torpeur… « Quoi, il existe des tickets-restaurant et des chèques-vacances ? Et moi ? J’attends toujours. Je n’en ai jamais reçu un seul. » Il me faut donc conjurer la fronde, le début de la mobilisation sociale. Je lui réponds très vite : « OK, c’est bon. Tu as gagné. Je vais te signer un chèque. Le montant est modeste mais c’est un premier pas. En échange, je ne te demande rien d’autre que de me laisser tranquillement conclure cette chronique. »

Jeudi._ Une autre commémoration. Le dixième anniversaire des attentats de Saint-Denis et de Paris du 13 novembre 2015. On apprend à cette occasion de la bouche du chef de l’État que les policiers de la BRI qui sont intervenus dans la salle du Bataclan pour neutraliser les terroristes seront décorés de la Légion d’honneur. « Je croyais que c’était fait depuis longtemps… » soupire ma féline. Et moi aussi du reste. Mais il y eut sans doute plus urgent. Le 14 juillet dernier par exemple ont obtenu cette haute distinction des personnalités comme les écrivains Marc Levy et Emilie Frèche, la comédienne Léa Drucker ou encore l’humoriste Sophie Aram. Fermez le ban. 

Vendredi._ Une fois n’est pas coutume, ce week-end, l’événement sportif sera une rencontre de coupe de France de football. Dans un département qui penche plutôt vers le rugby, le club de Biars Bretenoux (Régionale 1), plus haut représentant lotois de la discipline, accueille les pros de Châteauroux. Plus de 2000 spectateurs sont attendus. Dans la commune célèbre pour être le siège de la société Andros, pas question pour autant de jouer les fiers à bras. « Restons nous-mêmes » préconise le coach Patrick Gauthier. Alors qui sait, la confiture n’en sera peut-être que plus savoureuse. C’est tout le mal qu’on leur souhaite ! 

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