Qui étaient les pionniers du rail ? Des archives sont désormais ouvertes pour mieux connaître par exemple Louis Grégoire, né à Cahors en 1862.
La numérisation et l’accessibilité des archives « individuelles » par tout un chacun permettent chaque jour ou presque d’en savoir davantage sur les parcours de vie de nos ancêtres. Et cela ne concerne pas seulement l’état-civil, ni les faits d’armes des anciens combattants ou les titres de gloire des titulaires de la Légion d’honneur…
Ainsi, les Archives nationales du monde du travail (ANMT) – dont le siège est à Roubaix mais qui dépendent du ministère de la Culture _ viennent de mettre en ligne 20 000 dossiers d’employés de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, de la Compagnie de l’Ouest algérien et de la Compagnie des chemins de fer du Dauphiné. Cette base de données compte ainsi désormais 60 000 fiches explicitant le parcours professionnel des pionniers du rail.
Elles contiennent des renseignements précis et d’autant plus précieux que les DRH (comme on ne les appelait pas encore) de l’époque notaient des détails ne se limitant pas au seul domaine professionnel. De quoi mettre en lumière des destinées variées durant lesquelles l’emploi au sein d’une compagnie était le plus souvent synonyme d’ascension sociale (mais aussi, dans le même temps), de « migration » d’une région à l’autre.
En nous promenant dans cet immense « cimetière virtuel », nous avons retrouvé les itinéraires de cheminots nés dans le Lot. Tel Louis Charles Grégoire, qui vit le jour à Cahors au début du mois de mars 1862. En parcourant sa fiche, on apprend qu’il se maria en juin 1888 à une jeune Corrézienne, Marie Lale. Auparavant, il avait effectué son service militaire comme engagé volontaire au sein du 14ème de ligne d’avril 1883 à avril 1888 où il finit sergent-chef.
Des débuts à 5 F par jour
Plus tôt encore, la fiche précise qu’« avant d’entrer au chemin de fer » (sic), à la date du 30 avril 1892 comme « employé temporaire à 5 F par jour à Dijon, service de la construction », Louis Charles Grégoire avait été élève au lycée de Cahors puis était devenu expéditionnaire comptable aux Chemins de fer de l’État à Cahors. Il fut ensuite employé chez un entrepreneur de Brive, puis expéditionnaire comptable et commis d’ordre aux Chemins de fer de l’État à Limoges puis à Brive.
Une fois admis au sein de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et la Méditerranée (la fameuse PLM), après Dijon, il est employé stagiaire puis employé titulaire au service de la voie mais cette fois à Paris, ayant débuté à 150 F d’appointement mensuel. Après un second mariage en 1894, on note que son salaire augmente régulièrement. Il est de 275 F en 1908. Notre cheminot lotois perçoit par ailleurs des primes de résidence. Les années passent, et devenu employé principal, Louis Charles gagne 675 F par mois en juillet 1919. C’est au-dessus du salaire moyen. Le 1er juillet 1921, il est admis à la retraite et perçoit une pension de 1228 F.
Les bons réflexes de Pauline
Nous avons parcouru ainsi plusieurs fiches de cheminots nés à Cahors, Figeac, Saint-Céré, Mercuès (liste non exhaustive)… Tous des hommes. Puis, soudain, est apparue la petite biographie professionnelle (mais pas que) de Pauline Maigne, née le 17 juillet 1877 à Martel. Fille d’un menuisier, elle se mariera en 1898 à Clermont-Ferrand avec Jean Jonin avec qui elle aura un enfant. Sa fiche nous apprend par ailleurs qu’avant d’intégrer la Compagnie PLM, elle occupe avant son mariage un emploi de journalière dans un atelier de bâches. Elle débute comme salariée « cheminote » le 1er novembre 1899 en tant que garde-barrières à l’essai. Puis, Pauline est titulaire à compter du 1er mars 1900, affectée au passage à niveau situé sur la commune d’Aubiat (Puy-de-Dôme), sur la ligne reliant Montluçon à Thiers. Son salaire est alors de 15 F par mois. Mais celui-ci va régulièrement augmenter. Et quand elle prend sa retraite à compter de 1932, sa pension est de 548 F.
Mais on remarque une colonne sur sa fiche qui est très fournie : les mois durant lesquels Pauline a perçu des gratifications ou été sanctionnée d’amendes retenues sur son salaire. Ainsi, à sept reprises, la garde-barrières née à Martel perçoit une prime, dont deux fois pour avoir arrêté un train (de voyageurs) dont « une portière était restée ouverte ». Le 28 juillet 1905, en revanche, c’est une sanction qui lui fut infligée. Par négligence cette fois, elle avait occasionné l’arrêt d’un train… Il n’est pas précisé toutefois, toujours sur cette fiche, si le logement était considéré comme un avantage en nature.
Faites comme nous. Voyagez… à la recherche des parcours de vie des cheminots de jadis. Mais aussi des anciens mineurs, qui sont également recensés sur ce portail dédié au monde du travail…
Ph.M.





