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Quand la cour d’assises du Lot prononçait la peine de mort

Abolie en 1981, la peine capitale fut prononcée une dizaine de fois par les jurys de Cahors à partir de 1870.

Ce jeudi 9 octobre 2025, « jour anniversaire de l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter entrera au Panthéon », selon les termes même du communiqué diffusé il y a quelque temps par le Palais de l’Elysée.

Dans notre département, depuis l’instauration de la IIIème République, 10 peines capitales avaient été prononcées par la cour d’assises du Lot siégeant à Cahors. Ne sont pas comptabilisés cependant les jugements relevant de crimes de guerre (commis par l’Occupant ou ses complices de Vichy), les décisions des sections spéciales instaurées par le même régime de Vichy ou, entre octobre 1944 et avril 1947, les peines prononcées par les juridictions d’exception de la Libération pour crimes ou actes de collaboration (*).

Le 17 novembre 1875, est condamnée à mort Sophie Gautié épouse Bouyon, 44 ans, accusée d’avoir assassiné plusieurs de ses propres enfants en leur enfonçant des aiguilles à tricoter dans le corps. L’exécution eut lieu le 4 janvier 1876 sur la commune même de commission des crimes, à savoir Le Bourg, dans le canton de Lacapelle-Marival. Le récit en fut donné le 30 mars 1941 dans le Journal du Lot (suite au verdict dans l’affaire Cocusse, relatée sur notre site ici). « La veille de l’exécution, vers 21 heures, une voiture arriva devant la prison de Cahors. Peu après, la porte de la prison s’ouvrait et Sophie Gautié apparut, escortée de gendarmes, monta dans la voiture, où, à côté d’elle, prirent place l’aumônier de la prison et deux gendarmes, un autre gendarme monta sur le siège, à côté du postillon. Le lendemain matin, au lever du jour, la voiture arrivait au Bourg et peu après Sophie Gautié était exécutée. »

Le 30 mars 1901, Barthélémy Monty, 19 ans, employé dans une ferme, est condamné à mort pour avoir assassiné deux mois plus tôt son patron sur la commune de Montvalent. Il est gracié le 15 mai 1901 et la peine est commuée en travaux forcés à perpétuité.

Le 5 septembre 1901,  Gabriel Brugous, 24 ans, est condamné à mort pour le meurtre de sa mère, suivi du vol de ses économies, au mois de mai de la même année, à Saint-Félix. Il est gracié le 7 novembre.

Le 25 mars 1941, est condamné Alexandre Cocusse, 20 ans, guillotiné à Agen (dans la cour de la prison), les peines capitales étant désormais mises en œuvre dans la ville siège de la cour d’appel.

Le 28 juin 1946, Mohamed ben Amar ben Ali, Belkacem ben Amar ben Hacine et Rahar ben Dadjouche, âgés respectivement de 31, 30 et 27 ans, sont condamnés à mort. Originaires de Tunisie, ils étaient accusés d’avoir assassiné dans la nuit du 22 au 23 décembre 1945 les époux Rhodes et leur enfant de 15 mois sur le hameau de Mandou, au nord de Gourdon. Leur arrestation eut lieu début janvier 1946 à Paris, où ils étaient domiciliés comme on le lit dans France-Soir en date du 5 janvier 1946 : « Ils avaient été aperçus dans la région le jour du forfait. Les enquêteurs communiquèrent leur signalement à Paris et des inspecteurs de la première brigade mobile vinrent les arrêter. A leur domicile, on retrouva de nombreux objets appartenant aux victimes et des vêtements tachés de sang. Ils ont été transférés à Toulouse… » Les trois hommes furent fusillés à Agen, le 17 décembre 1946 (*).

Le 25 février 1947, est condamné à la peine capitale Roger Andrieu, 26 ans, accusé de trois assassinats. Les crimes on eu lieu en mars 1946 à Montfaucon, en mai 1946 à Durban et en juillet 1946 à Arcambal. Le vol fut le mobile de ces trois meurtres, les victimes étant des agriculteurs. Roger Andrieu fut guillotiné à Agen le 15 février 1948.

Le 24 juin 1954, Noël Flèche, 51 ans, est condamné à mort pour un assassinat commis en juin 1948 à Anglars-Nozac. A cette époque, il était revenu dans le département (où il fut ouvrier agricole durant la guerre) pour s’y cacher après s’être évadé la prison de Vendôme en mai 1948. Il déroba une somme importante et des objets à sa victime lotoise, une veuve de 61 ans. L’enquête a abouti après que des objets volés au domicile de la malheureuse furent trouvés chez un brocanteur de la capitale. Flèche fut gracié le 20 janvier 1955.

Le 27 septembre 1961, enfin la cour d’assises de Cahors condamna à la peine de mort Andrée Pebeyre, 40 ans, une mère de famille nombreuse. Elle avait maltraité (on évoquerait de nos jours des actes de barbarie) une de ses filles, âgée de 4 ans, qui n’avait pas survécu à ses blessures. Le 29 mai 1962, la peine fut commuée en 20 ans de réclusion.

(*) Jusqu’en 1939, la loi stipule que l’exécution soit publique, et quand cela est possible, sur la commune où le crime a été commis. A compter de cette date, elle aura lieu à l’intérieur des prisons des sièges des cours d’appel. L’usage de la guillotine (exécution par décollation) est préconisé. Des exceptions étaient prévues pour les crimes contre la sûreté de l’État et les sentences prononcées par les tribunaux militaires. Enfin, de 1944 à 1947, les condamnés non graciés furent fusillés « les bois de justice ne pouvant parvenir au lieu d’exécution ». A Agen, les condamnés à mort fusillés le furent alors sur le terrain militaire dit du Polygone. A cette même période, « le Polygone accueille ainsi naturellement les condamnés à mort par les juridictions d’exception de la Libération, afin que leur exécution par fusillade soit conforme au Code de la justice militaire dont elle relève », indique Jean-Michel Armand, ancien formateur au Centre de ressources sur l’histoire des crimes et des peines (CRHCP) à l’École nationale d’administration pénitentiaire dans Le Lien.

Sources : site « cewamale », site Gallica BNF, « Le Lien », Bulletin d’histoire judiciaire et pénitentiaire du Lot-et-Garonne (n°9, 2021).

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