Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ L’un des événements de ce riche week-end s’est déroulé dès vendredi, en fin d’après-midi. A Caillac, avait lieu une double inauguration : celle de la nouvelle mairie et celle du nouvel espace culturel. Comptant près de 600 habitants, le village affiche un dynamisme qui ne doit rien au hasard. Jadis capitale de la fraise du Lot (les fruits étaient alors si réputés qu’ils étaient transportés vers Espère d’où ils rejoignaient les halles de Paris par la voie ferrée), la localité a réussi sa mutation, devenue l’une des places fortes du vignoble de Cahors. Je le confesse bien volontiers : le centre du petit bourg qui témoigne de cette mue est devenu un de nos lieux de promenade favoris avec Sibelle. On se balade autour du plan d’eau, on effectue invariablement un crochet par l’église romane et son émouvante plaque commémorative où sont recensés les enfants du pays morts durant la Grande Guerre, avec leur portrait photographique, puis on revient vers le parking qui jouxte la salle des fêtes et quand le temps s’y prête, on boit une limonade en terrasse. Sibelle aime alors tendre l’oreille et se repaît des interpellations parfois fleuries des joueurs de pétanque. Parfois, on pousse jusqu’au château de Lagrézette. Ma protégée se souvient avoir souri quand je lui avais narré le destin du seigneur des lieux pendant les guerres de Religion. Bien que catholique, Antoine de Massaut s’illustra alors pour avoir participé à la prise du château épiscopal de Mercuès. On dit même qu’il en profita pour s’emparer de quelques meubles qu’il transféra vers son propre domaine. J’ignore si l’anecdote fut évoquée lors de l’inauguration, vendredi. Ce n’était peut-être pas opportun. Mais la mémoire de demeure. On a le sens du temps, à Caillac. D’ailleurs, le nouvel espace culturel se nomme « La Perpétuelle ».
Mardi._ Medialot relate la dernière réunion à Limoges du « comité de suivi des dessertes ferroviaires des trains d’équilibre du territoire (TET) desservant l’axe reliant Paris à Toulouse via notamment Orléans et Limoges ». L’état-major de la SNCF était présent au grand complet. Elus et usagers du Lot ont rappelé leurs revendications. Alors que des travaux vont être engagés, ils ont redit notamment « la nécessité d’assurer, durant cette période, un nombre acceptable de trains jusqu’à Cahors, ce qui n’est pas le cas actuellement (seulement 3 allers et retours au lieu de 5 avec des amplitudes horaires sans train pouvant aller jusqu’à 8 heures)… » Sibelle demeure dubitative. Alors que début 2027, les actuels trains de génération Corail doivent laisser place à des rames modernes dénommées Oxygène, elle salue le souffle des élus et des militants associatifs. Se battre pour que la ligne POLT demeure une priorité de l’État et de la SNCF, c’est effectivement une sacrée course de fond (et de fonds).
Mercredi._ En ce premier jour d‘octobre, la préfète Claire Raulin se rend sur une opération de contrôles routiers de la gendarmerie au péage de Cahors Sud. En terme de sécurité routière, les chiffres du département sont inquiétants. « Depuis le début de l’année, on a une augmentation de + 10 % d’accidents par rapport à 2024. Nous déplorons 9 décès et + 25 % de blessés soit 145 personnes au 30 septembre (contre 157 en fin d’année 2024) » déplore la préfète. On comprend que les contrôles vont être renforcés. Un autre chiffre est à souligner : depuis le 1er janvier, 800 procès-verbaux pour usage du téléphone portable au volant ont été dressés. Il faut dire que c’est l’une des principales causes d’accidents. Sibelle propose un slogan qui n’aurait rien de saugrenu : « Quand vous conduisez votre auto, mettez votre portable en mode avion ! »
Jeudi._ Nouvelle journée d’action des syndicats, avec grèves et manifs. La mobilisation est en baisse cependant, dans le Lot comme ailleurs. Les chiffres des syndicats en attestent : les défilés ont réuni 450 personnes à Cahors, 500 à Figeac et 225 à Biars. Ma protégée remarque que le Premier ministre a peut-être trouvé comment endiguer les mouvements sociaux. « Voilà trois semaines que l’on attend la composition du nouveau gouvernement. Les ministres démissionnaires expédient les affaires courantes. Et Monsieur Lecornu consulte et distille avec parcimonie quelques pistes pour le budget 2026. Visiblement, ça suffit pour l’heure à calmer les impatiences… » Certes. Mais comme disait Talleyrand, qui s’y connaissait en stratégie politique, il convient toutefois de faire attention : « Il y a des montagnes qui accouchent d’une souris et d’autres qui accouchent d’un volcan ».
Vendredi._ Quelques jours de soleil, deux ou trois séances de luminothérapie et voilà l’automne déjà de retour. A peine ai-je eu le temps, hier, de passer la tondeuse dans notre modeste jardinet pour qu’il demeure propret. Le bruit du moteur a durant quelques minutes effrayé Sibelle puis, la tondeuse remisée, elle est réapparue sur le bolet. Elle a contemplé le paysage et a jugé que ce petit carré vert tranchait somme toute assez heureusement avec l’environnement alentour, c’es-à-dire les petits arbres du causse qui se parent de leurs couleurs de saison. « Ça ne vaut pas un tableau du grand Henri Martin, mais je note un effort » a conclu l’effrontée. « Le temps passé avec un chat n’est jamais perdu » disait Colette. J’ajouterai quand même que ça demande en revanche une certaine patience ou une patience certaine. Laquelle devient, avec le temps, une forme d’amour.





