Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Exit François Bayrou. Sans surprise, les députés refusent très majoritairement de lui accorder leur confiance. Ce fut la chronique d’une mort (politique) annoncée. Même les discours du Premier ministre d’abord, des différents présidents de groupe ensuite, certes ponctués de quelques formules censées demeurer des punchlines, n’ont labouré que des champs sémantiques déjà maintes fois cultivés. Agrégé de lettres classiques, le maire de Pau n’est pas a priori un admirateur de Rimbaud qui a écrit dans Une Saison en Enfer (un titre qui en tant que tel peut résumer ce court passage à Matignon) : « Je ne demande pas de prières ; avec votre confiance seulement, je serai heureux. » C’est raté. Les compteurs sont donc remis à zéro. Mais cette fois le chef de l’État ne joue pas la montre. Il accepte la démission forcé de Monsieur Bayrou puis nomme dans la foulée son successeur, Sébastien Lecornu. Un fidèle. Qui a deux missions : préparer un autre budget et négocier ce que les observateurs appellent un accord de non-censure. Je me tourne vers Sibelle et je la vois sourire. Non pas parce que des premières fuites laissent entendre qu’en signe de bonne volonté pour ne pas dire d’ouverture, le nouveau locataire de Matignon _ on apprend dans les écoles de journalisme à éviter les répétitions quitte à multiplier les formules surannées _ serait enclin à enterrer l’idée de supprimer deux jours fériés. Mais parce qu’elle découvre que de facétieux internautes ont ressorti quelques citations d’ailleurs récentes de Monsieur Lecornu. Et celle-ci, notamment : « J’habite une époque qui n’est pas la mienne… » C’est compliqué, quand on est censé préparer l’avenir.
Mardi._ La chambre régionale des comptes a passé au crible les comptes du Conseil département du Lot. Ses conclusions s’apparentent à un quitus. Mais les sages préviennent. Les exercices budgétaires à venir s’annoncent plus compliqués et des des arbitrages devront être opérés. Sauf à s’endetter exagérément, quand les charges demeurent voire augmentent, et que les rentrées (notamment en provenance de l’État) se réduisent, les équilibres sont plus périlleux. Et douloureux. Reste qu’en février dernier, à l’aune de la discussion budgétaire, le président Rigal avait usé d’une formule pour le moins audacieuse : il avait redit l’ambition de la collectivité, en dépit d’un contexte dégradé, de « mettre le Lot sur les rails de l’avenir ». Chacun avait alors pensé très fort mais sans le dire qu’au pays de la ligne POLT, l’image pouvait être risquée. Sibelle me corrige : « Un train peut en cacher un autre. L’essentiel est d’arriver à l’heure. »
Mercredi._ La journée « Bloquons tout » est déclinée dans le Lot où l’on a recensé quelques barrages filtrants, une manifestation à Cahors et un rassemblement à Figeac. Rien de spectaculaire mais aucun fait de violence, et au total, une mobilisation ayant… mobilisé quelque 800 jeunes ou moins jeunes dans une atmosphère revendicative, certes, mais globalement conviviale. On attend a priori des cortèges plus fournis le jeudi 18 où les syndicats de salariés appellent à des arrêts de travail et des manifestations dans le public et dans le privé. Ma protégée féline qui ne bat guère le pavé en temps normal que pour aller chasser sur les hauteurs du vieux bourg ne sait pas encore si elle se joindra aux cortèges. Les chats, on le sait, n’aiment pas défiler. Ils n’aiment pas marcher au pas. D’une certaine façon, ça m’arrange. Si elle n’a pas envie, je ne tenterai pas de la convaincre. Et pour cause : la dernière fois où elle m’a accompagné, alors que je tentais de faire mon travail (c’est-à-dire prendre des photos, essayer d’interviewer des dirigeants syndicaux et des manifestants, ou encore évaluer le plus précisément possible le nombre des participants), il m’avait fallu supporter quelques lazzis. Voici pourquoi : alors qu’il s’agissait de protester contre la réforme des retraites, Sibelle s’était pointée avec une pancarte reprenant la formule chère à Maurice Faure… « Nous sommes pauvres, mais nous sommes beaux ! »
Jeudi._ J’avais prévu initialement prévu d’évoquer ici un autre rapport de la chambre des comptes d’Occitanie, consacré cette fois aux trains à 1 euro mis en place par la Région. Une mesure dont le coût est de 9 millions, mais qui selon les magistrats ne semble pas inciter significativement les usagers bénéficiant du dispositif à choisir le train le reste du temps… Bref. Et au dernier moment, je me rends compte ce 11 septembre est aussi jour d‘anniversaires. Il y eut évidemment le 11 septembre 2001 et les terribles attentats aux Etats-Unis (près de 3000 morts et des images des Twin Towers que l’on oubliera jamais). Mais il y eut aussi le 11 septembre 1973 avec le coup d’État au Chili. Et une photo réapparue sur les réseaux sociaux glace toujours le sang. On y voit le président Salvador Allende quitter son palais une arme à la main. Il sait que la bataille est perdue, que le sinistre Pinochet va prendre sa place et instaurer une dictature criminelle. Mais il veut jusqu’au bout demeurer à la hauteur de l’événement et des espérances qu’il portait. La force de cette photo !
Vendredi._ Le Meules Bleues Festival s’achève ce soir au parc des expos de Cahors Sud. Lui succédera le dernier week-end de septembre la première édition du Salon de l’érotisme dans le Lot avec au programme « shows sexy, stands et défilés de et en lingerie, vente et démonstrations de sextoys, et plein d’autres animations… hot », le tout réservé à un public adulte. Pour un site appelé à être vendu sous peu par le Grand Cahors car jugé, non sans raisons certes, coûteux en fonctionnement mais qui n’accueillait que peu de grands rendez-vous, cela a des relents d’épectase (à ce mot, Sibelle se précipite sur son dico…). Non ? Remise de ses émotions, ma tigresse me demande ce que le parc va devenir ensuite. Je lui réponds que le site devrait redécoller en accueillant une entreprise de haut vol. Ce sera moins sexy mais plus conforme aux besoins économiques du territoire, dit-on dans les milieux autorisés.





