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Sibelle, les espoirs de paix, le verglas d’été et les joies du camping au mont Saint-Cyr

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ En ce début de semaine, comme ce week-end, nous avons toujours les yeux tournés vers les Etats-Unis où, après avoir reçu son homologue russe, le président Trump reçoit Volodymyr Zelensky puis les dirigeants européens. Les discussions semblent indiquer qu’une issue se dessine, qu’une paix serait enfin envisageable en Ukraine. C’était hier, c’était il y a déjà une éternité : après des années de tension, le 24 février 2022, il y a plus de trois ans, la Russie envahissait son voisin. Pour autant, pendant que les espoirs de paix sont ravivés, les drones et les missiles continuent de voler et de s’abattre. Des soldats sont tués, des civils aussi. D’aucuns avancent qu’il s’agit de négocier en position de force. On voudrait se réfugier dans le confort d’une citation. On pense par exemple à Churchill : « Il est toujours sage de regarder en avant, mais il est difficile de regarder plus loin qu’on ne peut voir. » Pour qui souhaite saisir pleinement la complexité de la situation, cette autre phrase, entendue à la télévision. C’est une habitante du Donbass qui s’exprime : « Je parle russe, mais je suis une patriote ukrainienne… » Les décennies passent, les siècles aussi. Et ce que dit cette femme, c’est exactement ce qu’auraient tout-à-fait pu dire en leurs temps certains de mes aïeux, germanophones mais patriotes français. « L’histoire repasserait donc les plats ? » intervient ma protégée. Peut-être. Mais ce qui était indigeste hier le demeure aujourd’hui.

Mardi._ « Attention au verglas d’été ! » Le message de prévention qui surprend toujours un peu l’ancien Ardennais établi désormais dans le Lot siffle la fin de la canicule dans notre département. Certes, il convient d’être prudent sur les routes mais dans le même temps, si j’ose dire, ces pluies et ces températures plus respirables sont évidemment les bienvenues (si les premières ne s’éternisent pas et les secondes ne nous annoncent pas un automne précoce). « Du moment qu’on ne passe pas en quelques jours du verglas d’été au verglas d’hiver, tout va bien » ajoure Sibelle, qui se souvient de mes récits. Quand j’évoque parfois des Toussaint enneigées dans la vallée de la Meuse ou des cérémonies du 11 novembre où le froid pénétrant ajoutait au caractère glaçant de l’appel aux Morts à Charleville.

Mercredi._ Le député Christophe Proença (PS) a été désigné co-rapporteur du projet de loi relatif à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030, déjà adopté au Sénat et dont l’examen débutera à la rentrée à l’Assemblée nationale. Il précise qu’il veillera « à ce que les mesures ne profitent pas uniquement aux sites de compétition mais irriguent l’ensemble du tissu sportif, notamment amateur, dans les zones rurales comme le Lot, où le sport est un pilier de cohésion sociale ». Soit. Qui vivra verra. Quant à Sibelle, son mauvais esprit légendaire la pousse à suggérer voire espérer qu’au bout du compte, notre département puisse hériter qui sait d’un équipement spectaculaire, une piste de bobsleigh par exemple. Laquelle servirait d’improbable toboggan, l’été, pour qu’à l’issue d’un tour de Grand Huit, on plonge dans le Lot. Une base de loisirs est-elle candidate ?

Jeudi._ Dans le cadre du budget « participatif », à Cahors, on apprend que parmi les projets retenus, figure « l’installation de chaises longues pour se ressourcer sur les allées Fénelon ». Je le dis comme je le pense, c’est une excellente idée. Et puisque les projets seront mis en œuvre concrètement entre le second semestre 2025 et le premier semestre 2026, on devrait le vérifier et en profiter dès l’été prochain. Il se trouve que j’ai pu tester, il y a quelques années, ce type de dispositif. C’était pas très loin, à Villefranche-de-Rouergue. Sur la grande place de la cité, des chaises longues (on peut dire aussi des chiliennes ou des transats, ça ajoute sans doute, inconsciemment, au charme délicieusement rétro de ces éléments de mobilier) avaient été mises à disposition des passants, touristes ou riverains. Après le repas, j’avais même réussi à effectuer une petite sieste, bercé par la digestion, quelques rires d’enfants et le modeste brouhaha du centre-ville par une chaude après-midi d’été. Ce genre d’initiative n’est pas anodin. Il concourt à faire de la ville autre chose qu’un lieu où tout va vite, où tout est affaire de commerce, dans tous les sens du terme, où tout semble nous échapper. Il y aura forcément de mauvais esprits pour ironiser, pour douter du design des dites chaises longues, pour penser que ces quelques centaines ou milliers d’euros auraient pu être utilisés ailleurs. Je leur répondrai : que serait à Paris le Jardin du Luxembourg sans ses célèbres chaises vertes ? Et ma protégée avance pour sa part cette citation de Fénelon lui-même : « C’est une perfection de n’aspirer point à être parfait… »

Vendredi._ Je lis que l’association Cahors Auto Rétro organise ce week-end un « Rétro Camping » au mont Saint-Cyr. Quelle bonne idée ! Primo : j’adore ce lieu, formidable belvédère sur la ville, mais j’adore aussi la petite route qui y mène, qui nous permet de traverser un paysage à la fois si typique des causses et si dépaysant. Secundo : je conserve un souvenir délicieusement ému de mes vacances, en famille, en camping, dans les Alpes ou au bord de la Méditerranée, au terme d’une longue traversée de la France du nord au sud, la vénérable 504 de papa tractant avec courage la caravane modèle Sterckeman Lovely 450. Ah, ce n’était pas simple, mes amis, une fois arrivés, sous le soleil, que de détacher la caravane, trouver un équilibre, puis monter l’auvent. Mais après, c’était le paradis. Une parenthèse enchantée que la série des film « Camping », avec plus ou moins de pertinence, a finalement globalement restituée. Est-ce que je regrette le camping ou les étés de mon enfance, ou plus simplement mon enfance, dont je m’éloigne chaque jour davantage ? Sibelle, qu’un simple aller-retour en ville dans sa caisse de voyage fait chavirer, me regarde consternée. Elle ne sait pas encore que la nostalgie, contrairement à ce que prétendait Simone Signoret, est toujours et même de plus en plus, ce qu’elle était…

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