Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ En football, on parlerait d’un tacle par derrière avec les deux pieds décollés du sol… Mais en vélo ? Ça s’appelle comment ? Un bâton dans les roues ? Un clou planté dans le pneu avant ? Toujours est-il qu’on lit cette déclaration de la Néerlandaise Demi Vollering qui s’est classée deuxième du Tour de France femmes dont l’arrivée était jugée hier dimanche : « J’espère qu’à l’avenir, je pourrai à nouveau gagner grâce à mon poids et montrer aux filles qu’il n’est pas nécessaire d’avoir la peau sur les os pour gagner, mais qu’il suffit d’y croire, d’avoir la force et de s’entraîner dur pour y arriver… » Demi Vollering avait remporté le Tour en 2023 mais cette année, elle n’a rien pu faire contre la Française Pauline Ferrand-Prévot qui a survolé les deux dernières étapes… Celle-ci a avoué avoir suivi un régime pendant deux mois (avant le départ de la Grande Boucle) afin de perdre 4 kilos : cela lui aurait permis de faire la différence en montagne. « Faut-il néanmoins que tout cela soit sévèrement surveillé et encadré médicalement » observe ma protégée féline. Qui conclut assez justement : « De toute façon, c’est un peu comme le dopage. S’il suffisait de perdre X kilos ou de prendre tel ou tel produit, tout le monde le ferait. Et d’ailleurs beaucoup de cyclistes semblaient amaigries au départ. Mais une seule a gagné… » Et il y a aussi la tactique. Savoir à quel moment attaquer, faire des repérages, deviner quand un ou une adversaire apparaît moins en forme… Toujours est-il que le public n’a pas boudé son plaisir et que Pauline Ferrand-Prévot, un an après son sacre en VTT aux Jeux de Paris, est devenue une star. Régime ou pas régime. « L’essentiel est d’être bien dans sa peau et à voir son sourire, c’était le cas » glisse Sibelle. Sur ce, ne le répétez-pas, mais je dois confesser que samedi, ma tigresse passait sa visite annuelle chez le vétérinaire. Le praticien a observé un léger surpoids (sic). C’est sûr que quand on passe ses après-midis devant la télé à regarder les autres pédaler…
Mardi._ Une étude de l’INSEE confirme qu’en 2024 et durant les six premiers mois de 2025, aucun retournement de tendance n’a été observé dans le Lot : le nombre annuel de naissances demeure grosso modo inférieur de 200 à ce qu’il était en 2015. Et sur le plan des décès, ceux-ci restent en revanche aussi nombreux. Heureusement, des familles viennent toujours s’installer dans le département, ce qui permet de compenser en terme de population globale. Au niveau national, en revanche, pour la première fois depuis la Seconde guerre, le solde naturel est négatif. Il y a plus de décès que de naissances. Dans Les Echos, un journal qui ne passe pas pour un brûlot gauchiste, un chercheur suggère : « Il faut faciliter la vie des adultes qui ont des enfants ». Certes. Ce qui implique davantage de modes de garde à des tarifs accessibles, plus de souplesse accordée aux parents salariés, et d’une manière générale, des mesures qui à défaut d’inciter à « faire » des enfants, permettent à ceux qui n’en ont de ne pas se sentir stigmatisés ou financièrement pénalisés. Quand on voit le succès des espaces « no kids » et quand on sait les rigueurs budgétaires à venir, ce n’est pas gagné.
Mercredi._ On apprend qu’un cas de transmission du virus de la dengue chez une personne n’ayant pas voyagé récemment en zone tropicale a été signalé dans le Lot, sur la commune de Lalbenque. Pour éviter une propagation du virus, des actions préventives sont déployées par les autorités. Je surveille Sibelle du coin de l’œil. Parfois, elle réagit comme une gamine. Le nom même de cette maladie la fait sourire. Reste que la grippe tropicale (autre dénomination) n’a rien de drôle. De même, ce phénomène désigné comme un cas « autochtone », est assez inquiétant. « Plus ça va, plus on a le sentiment que l’issue de cette montée des périls consistera à ne plus sortir de chez soi que protégé par une sorte de bulle imperméable » suggère ma tigresse, enfin plus sérieuse.
Jeudi._ Pourtant, on reste encore et toujours devant le poste de télé ou l’écran du smartphone, et cette fois, ce sont d’autres périls qui nous effraient, ce sont ces flammes hautes comme des immeubles qui ravagent l’Aude sur des milliers d’hectares. On voit ces villageois logiquement atterrés, on voit ces cartes qui semblent démontrer que le feu parcourt la campagne à la vitesse d’un cheval au galop (cette expression pourtant attachée au Mont Saint-Michel et qui désigne la montée de la mer quand la marée surprend les visiteurs), on voit ces terres et ces décombres calcinés. Sauf à saluer encore et toujours l’héroïsme des pompiers, que dire d’autre ? Certains pourtant cherchent déjà des explications, dénoncent par exemple l’arrachage des vignes, lesquelles se révèlent d’ordinaire des coupe-feu assez efficaces. Certes. L’équilibre des paysages est toujours plus fragile. Ailleurs, lorsque ce sont cette fois les inondations qui provoquent la stupeur, on pointe les arrachages des haies, le non curages des fossés ou lits des ruisseaux. Ce n’est plus une bulle qu’il nous faut. C’est une sorte de scaphandre. Imperméable et hermétique aux bruits, aux fureurs, aux discours. J’aime assez cette chanson de Bashung (co-écrite avec Gainsbourg) : « Arrête de me dire que je vais pas bien / C’est comment qu’on freine / Je voudrais descendre de là / C’est comment qu’on freine ? »
Vendredi._ Roulement de tambour. Attention ! Un. Deux. Trois. « Vendredi 8 août 2025 : journée internationale du chat ». Quelle éminente instance décide que chaque date du calendrier est désormais consacrée à une cause, à la mémoire d’une tragédie, à la lutte contre un fléau, à la célébration d’une vertu ? Qui a jugé pertinent que ce jour devait être celui du chat ? Sibelle trouve évidemment cette initiative bienvenue. « Tu n’as pas à te plaindre pourtant, c’est tous les jours ta fête » crois-je malin de lui lancer. « Mais justement, l’idée de cette journée, c’est de faire en sorte que tous mes congénères soient aussi bien traités que moi ! » me répond-elle. Et la conclusion s’impose. Là encore, une affaire de démographie. Le meilleur service à rendre aux chats consiste à généraliser leur stérilisation. C’est bien écrit sur le site du ministère de l’Agriculture : « La stérilisation est un outil de lutte et de prévention contre les abandons et les atteintes au bien-être animal. Le chat est un animal domestique : il ne peut pas être livré à lui-même sans risque pour sa santé et la collectivité. » Et cette précision : « En 4 ans, un couple de chats peut donner naissance à plus de 20 000 chatons. » Vous vous rendez compte ? 20 000 Sibelle ?





