À l’occasion de leur concert commun avec La Rue Kétanou au festival Ecaussystème ce vendredi 25 juillet, Mathilde Burguière, l’une des voix des Ogres de Barback, revient sur cette aventure collective, les liens fraternels et artistiques qui les unissent, leur vision d’un monde plus juste, et la place que la musique peut y occuper.
> Medialot : comment s’est montée cette tournée conjointe avec La Rue Kétanou ?
Mathilde Burguière : les deux groupes se connaissent depuis très longtemps. On s’est souvent invités les uns les autres sur des projets, et puis, on partage un public assez proche, avec des affinités musicales évidentes. Alors, à force de se croiser, de s’apprécier, l’envie de faire une vraie tournée ensemble est née naturellement.
> M. : vous avez chacun des univers très marqués. Comment parvenez-vous à préserver l’identité de chaque groupe tout en proposant un concert commun ?
M.B. : l’idée, c’est justement de garder l’essence de chacun tout en se réappropriant nos chansons respectives. On a retravaillé des arrangements, chacun réinterprète les titres des autres, et au final, on a été surpris par la manière dont tout ça se tisse harmonieusement. Le public reconnaît bien nos deux univers, mais les redécouvre aussi à travers ces croisements.
> M. : est-ce que vous avez écrit des chansons inédites ensemble ?
M.B. : pas encore, même si on en parle beaucoup ! Sur cette tournée, le temps est un peu contraint, et on tenait vraiment à chanter les morceaux que les gens aiment et attendent. Mais ce projet de créations communes reste dans un coin de nos têtes, ça viendra sûrement un jour.
> M. : chez vous, la notion de « famille musicale » est très forte. Que signifie-t-elle aujourd’hui ?
M.B. : c’est quelque chose de très réel pour nous. Évidemment, il y a notre fratrie — les Ogres, c’est cinq frères et sœurs — mais au-delà de ça, il y a les copains de route, les artistes qu’on croise depuis trente ans, avec qui on partage des scènes, des chansons, des idées. On parle souvent de cette grande famille musicale.
> M. : après plus de 30 ans d’aventure, comment gardez-vous le plaisir intact de jouer ensemble ?
M.B. : on est toujours en mouvement. On multiplie les projets, avec d’autres artistes, dans d’autres contextes. Ça nous permet de nous réinventer, de sortir de notre zone de confort. Et puis, on reste totalement indépendants : on gère tout nous-mêmes, de l’organisation des tournées à la production. C’est un vrai luxe et ça nous permet de rester libres, enthousiastes et créatifs.
> M. : dans un monde secoué par des crises multiples — sociales, écologiques, politiques — la scène est-elle encore un lieu de résistance ?
M.B. : oui, c’est comme ça qu’on le voit.On a vraiment envie que les chansons servent, ne serait-ce qu’un tout petit peu, à redonner de l’espoir. J’ai l’impression que c’est surtout ça : rassembler, unir, et donner de l’énergie pour continuer à avancer ensemble. La force qu’on a sur scène, c’est de voir que les gens ressortent des concerts un peu requinqués, un peu reboostés, prêts à continuer à se battre pour un avenir plus ouvert.
> M. : le festival Écaussystème porte une forte démarche écoresponsable. Comment vous, vous intégrez ces préoccupations dans votre manière de tourner ?
M.B. : on y réfléchit, oui, surtout autour du transport — celui du public comme celui des groupes. Pour nous cette attention-là s’inscrit dans une démarche qu’on suit depuis plus de 30 ans : celle de l’indépendance. On a toujours voulu tout faire nous-mêmes, sans dépendre des grosses structures. On est installés en Ardèche, on a notre bureau, notre studio, tout part de là. Et cette manière de fonctionner nous permet justement de réfléchir à l’avenir du groupe à notre manière, sans qu’on vienne nous dire quoi faire ou comment le faire.
Crédit photo : Fabien Espinasse





