Sibelle, le devoir de mémoire, les brebis du Quercy à Paris et la ligne POLT privée de locos
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Il y a 80 ans, le camp d’Auschwitz était libéré. La très grande majorité des déportés internés avait déjà été évacuée et leur calvaire était loin d’être achevé. Cependant, la portée symbolique de cette date est telle que désormais, chaque 27 janvier est devenue « Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste ». Une cérémonie s’est tenue à Cahors comme ailleurs. Des documentaires et reportages sont diffusés à la télé. Les derniers témoins survivants évoquent l’enfer qu’ils ont affronté et répètent pourquoi, ils ont décidé, souvent après plusieurs décennies de vie conduite quasiment sans parler, de dire ce qu’ils avaient vécu. De transmettre. On appelle cela le devoir de mémoire. Reste à savoir comment le décliner en dehors du seul 27 janvier. Il y a la nécessité de poser des plaques, des pavés, de graver les noms de ceux qui furent raflés puis déportés. Parce que juifs ou considérés comme tels. Un nom, un prénom, une photo. Cela paraît simple. Et pourtant cela ne l’est pas. Et il y a encore du travail, dans le Lot comme ailleurs. Des historiens, des enseignants, des citoyens s’y attèlent. « La plus belle sépulture, c’est la mémoire des hommes » a dit Malraux. Tout le reste ? Agitation, fausses indignations ou postures.
Mardi._ Joie : confirmation nous est donnée sur notre site préféré que les brebis et agneaux des Causses du Quercy seront bien présents du 22 février au 2 mars au Salon de l’Agriculture. L’occasion de mettre en avant toute une filière (on n’oublie pas la laine) et de redonner du sens à un mot qui pourrait parfois sembler suranné : le pastoralisme. Et au métier qui le personnifie : berger. « Ils ont de belles lunettes noires, comme celles de Marcello Mastroianni dans la Dolce Vita, nos moutons. Mais ils ne se gardent pas tout seuls… » insiste Sibelle, qui ne cache pas éprouver une réelle tendresse pour ces bêtes comme pour les pâtres. « Y a-t-il plus belle carte postale que ces troupeaux, à la belle saison, qui parcourent les causses ou les sous-bois ? Y a-t-il plus emblématique que ces murets en pierre sèche et ces cazelles ou gariottes où bergers – et vignerons – s’abritaient et même pouvaient loger ? » déclame ma tigresse domestique. Qui conclut cependant : « Bon, ce moment de poésie bucolique passé, qu’est-ce qu’on mange à midi ?
Mercredi._ La gauche lotoise continue de se donner en spectacle. Pendant que le PS tente de se refaire une santé dans une unité a priori retrouvée, présente ses vœux et tance le député Pradié pour son absentéisme à l’Assemblée, La France Insoumise annonce qu’elle sera présente lors des municipales (sous la bannière du NFP). Et on comprend dès lors qu’ici ou là, il y aura deux listes classées à gauche en 2026. On en oublierait presque que dans une majorité de communes, pour l’heure, la question est ailleurs. Trouvera-t-on assez de bonnes volontés pour composer une liste et y aura-t-il des candidat(e)s pour occuper le poste de maire ? Avec toutes les contraintes que cela induit, avec tous les casse-tête budgétaires qui se profilent ? Sibelle opine du chef. Elle réfléchit un moment puis finit par lâcher le morceau : « J’attends encore un peu avant d’officialiser la chose mais il se pourrait que je me lance dans la bataille. » Je la regarde, inquiet. Et elle enfonce le clou : « Reste à savoir si les gens du village comprendront le sens de mon slogan… Nous sommes pauvres mais nous sommes beaux. Tu en dis quoi ? » Dans ces cas-là, il faut simuler une soudaine surdité et juger de la première importance d’aller voir si le facteur est passé.
Jeudi._ Rennes, Redon et toute une partie de la Bretagne et de la Normandie confrontées à des inondations spectaculaires et effrayantes. Les images sont terribles et pourtant. On finirait presque par s’y habituer. Je vous le dis tout de suite, ce n’est pas mon cas. A Charleville-Mézières dans les années 1990, j’ai vécu cela par deux fois. Comme citoyen et comme journaliste. Qui n’a pas été obligé de quitter son logement à bord d’une barque et dans une rue où déjà, outre sa hauteur, l’eau s’écoulait avec un courant d’une force qui interdisait même de la traverser, ne peut réellement comprendre la détresse des riverains (les bien nommés). Une scène m’avait frappée alors. En 1995 je crois. Des habitants, en bas d’une avenue gagnée par l’eau du fleuve, réunis une valise à la main, avant de monter à bord d’un camion. Pour partir on ne sait où. Un parfum d’exode, de mai 40. Comme une guerre sans coup de feu. Mais une guerre quand même. Ceux qui n’agissent pas n’ont pas d’excuses. Curage des lits des cours d’eau, réaménagement des fossés, plantations de haies, aménagement de lacs de retenue, réduction drastique de l’artificialisation des terres ou des constructions non adaptées en zone à risque… Et ce n’est que le début, pourtant, nous disent les spécialistes. Mais certains regardent ailleurs.
Vendredi._ La ligne POLT (Paris – Orléans -Limoges – Toulouse) encore et toujours dans le collimateur. Après le givre, voilà la pénurie de matériels. Nos confrères du Populaire du Centre annoncent : « Pendant deux semaines, ce sont jusqu’à deux allers-retours qui vont être supprimés chaque jour sur la ligne. Un nombre trop important de locomotives a été envoyé à la maintenance. » Ça va encore durer jusqu’à la fin de cette semaine. Et après ? Ben après, comment peut-on croire que ça ira mieux. Vraiment mieux. Si nos élites, si nos élus ont du poids, s’ils ont quelque influence, ce n’est pas sur ce dossier que cela se traduit.