Sibelle, le bal des vœux, la ligne POLT (bis repetita), les prénoms à la mode et les incendies aux USA
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ C’est parti pour la ronde des vœux dans les communes. Ce soir, le maire de Cahors a ouvert le bal. Jean-Luc Marx a profité de l’occasion pour esquisser un bilan et surtout délivrer quelques annonces, comme la non augmentation du taux des impôts locaux (même si l’État procèdera à un relèvement des valeurs de base), le renforcement de la police municipale, la nécessité d’initier la création de nouveaux logements. Liste évidemment non exhaustive. Dans un contexte national et international tout sauf souriant, comme tous ses collègues _ y compris voire surtout ceux des communes modestes _, le maire de la première ville du Lot doit essayer de faire plus avec moins. Disons le tout net, c’est aussi vrai pour les particuliers. Chez nous, ma première adjointe, une certaine Sibelle, m’a confié réfléchir à économiser sur certaines dépenses. Je crains le pire. Vais-je devoir placer sous scellés mes quelques bouteilles de grand cru ou mes exemplaires de la Pléiade ? Vais-je devoir annuler mon court séjour annuel, au printemps, sur la côte catalane ? Le suspense prend fin alors que le soleil se couche paresseusement de l’autre côté du maquis qui a gagné la colline, là-bas, sur la route de Prayssac. Ma protégée féline m’indique avoir planifié trois axes. Un : tenter de renégocier (à la baisse) notre renouvellement d’abonnement à Canal Plus. Deux : baisser en gamme dans le choix de nos dosettes de café. Trois : supprimer la viande un jour sur trois. J’éclate de rire. Forcément, elle ne supporte que les croquettes au saumon.
Mardi._ Avec ma belle, nous regardons à la télé les cérémonies commémoratives des attentats de 2015. Déjà dix ans. Je me souviens comme si c’était hier de notre stupeur, de notre effroi. Charlie Hebdo, Hyper Cacher. D’abord, oui, ce fut la sidération. Mais dans les heures et les jours qui suivirent, une mobilisation républicaine nous a, un temps, rassurés. Cependant, dix ans plus tard, le constat s’impose. Nous ne pouvons pas ignorer que les « Plus jamais ça ! » entendus après ces jours terribles (et sans doute ai-je dit ces mots aussi, et l’ai-je pensé sincèrement) se sont avérés illusoires. Le mal rôde encore. Qu’il s’agisse de 2015 ou des années noires de l’Occupation, ou d’autres périodes tout aussi désastreuses, le devoir de mémoire commence par la nécessité de ne pas baisser la garde. Collectivement. Sur le site Internet des Archives départementales du Lot, sont mis en ligne des dessins de collégiens de Gambetta réalisés en ces jours de janvier 2015. L’un deux reprend cette belle formule : « C’est l’encre qui doit couler, pas le sang ».
Mercredi._ Après avoir passé les fêtes chez nous, dans le Lot, ma chère mère s’en est retournée. Elle devait regagner les Ardennes lundi. Elle n’a pu reprendre le train de Paris que ce matin. Nombre de trajets sur la ligne POLT ont en effet été annulés « en raison des conditions météorologiques ». Sibelle ronchonne : « Est-ce qu’il y a une seule semaine dans l’année où il n’y a ni retards, ni suppressions ? » Le fait que d’autres lignes (on pense notamment à Paris-Clermont) ne soient guère mieux loties n’est pas, évidemment, une consolation. Quand on n’est pas desservi par le TGV, dans notre pays, on a réellement le sentiment d’évoluer en seconde division. En tout cas question transports ferroviaires. Bah ! Du moment qu’on ne nous demande pas de financer une partie de la ligne à grande vitesse qui reliera Bordeaux à Toulouse… Ah ? Si ? Mais comment dire…
Jeudi._ Alba, Ambre, Louise, Anna, Jade, Rose chez les filles, Aaron, Léo, Maël, Gabin, Louis et Raphaël chez les garçons. Ce furent les prénoms les plus donnés en 2024 parmi les 621 naissances déclarées à l’état civil de Cahors. « Alors, toujours pas ? » m’interpelle Sibelle, hilare. Eh non, toujours pas de retour au premier plan de Philippe. Je n’ai pas de statistiques sous les yeux, mais j’imagine sans mal que les Philippe ont désormais tous au moins la cinquantaine. Même les spécialistes du marketing le savent. Certains prénoms vous placent d’office comme susceptible d’être intéressé par un monte-escalier ou une baignoire à porte.
Vendredi._ Les images des incendies qui ravagent Los Angeles, mégapole réputée pour ses studios de cinéma comme pour ses villas luxueuses, paraissent de fait extraites d’un énième film catastrophe. « Aux Etats-Unis, décidément, tout est toujours hors norme, pour le meilleur comme pour le pire » soupire ma tigresse. Sur ce, sur les réseaux sociaux, on lit de très violentes réactions sous les posts qui expliquent que quelques célébrités françaises qui vivent en Californie n’ont pas été épargnées. Elle ne font pourtant que répondre à des questions des journalistes, ou simplement témoigner. Et si je plains d’abord les gens modestes qui perdent tous leurs biens sans forcément être assurés, je ne vais pas pour autant exprimer je ne sais quel mépris pour un chanteur qui s’est exilé à plusieurs milliers de km. Je n’envie personne. Je ne suis pas méchant. Tout le monde n’a pas le génie de Brigitte Bardot pour vivre parmi ses chiens et autres animaux dans sa propriété en forme d’Arche de Noé à quelques minutes des plages et des terrasses de Saint-Trop’, où des jet-setteurs délirants se cachent derrière des lunettes de soleil quand bien même personne ne les connaît. Encore que les parvenus, on les reconnaît toujours.