Il usurpe l’identité de son ex-compagne et crée un faux compte sur un site de rencontre
Malgré les dénégations du trentenaire, celui-ci a été condamné à de la prison avec sursis.
De l’amour à la haine, pour certains il n’y a qu’un pas. L’homme de 33 ans jugé le jeudi 7 novembre par le tribunal correctionnel de Cahors l’a franchi sans remords. Malgré quatre dépôts de plainte à son encontre et une adresse IP qui le désigne irréfutablement, l’homme n’a jamais exprimé le moindre repentir. Il était pourtant jugé pour usurpation d’identité après avoir créé un faux compte sur Coco.fr, site de rencontre rendu tristement célèbre par plusieurs affaires dont celle des viols de Mazan.
La victime est une jeune femme qui travaillait dans la même entreprise que lui, aux alentours de Figeac. Après avoir entamé une brève relation, elle avait préféré prendre ses distances en raison de l’attitude insistante du prévenu. En décembre 2022, un de ses amis l’avertit que son profil circule sur le site de rencontre. Son nom, son numéro, son adresse et des photos suggestives laissant croire qu’il s’agit d’elle y sont publiées. « On a même retrouvé des échanges où il lui fait dire qu’elle a eu des rapports sexuels avec ses parents. C’est terrible ! », ajoute l’avocat de la victime Me Mustapha Yassfy. La jeune femme dépose une première plainte, soupçonnant d’emblée le prévenu. Puis une deuxième lorsque le numéro de son père est diffusé sur la plateforme, une troisième lorsque sa mère commence elle aussi à recevoir des SMS et une quatrième lorsqu’un faux compte usurpant l’identité de sa mère est également découvert. Un mois et demi sépare la première et la dernière plainte.
L’enquête est menée rapidement : les faux comptes ont été créés depuis l’adresse IP du prévenu, c’est-à-dire l’identifiant unique attribué à son téléphone. Pourtant, devant les gendarmes comme à la barre du tribunal, le trentenaire conteste les faits en évoquant « un coup monté ». « Je n’aime pas les sites de rencontre et les réseaux sociaux. Je n’ai pas créé ces comptes », soutient-il. Quant à l’adresse IP, il ne l’explique pas. Jusque-là, l’homme possédait un casier judiciaire vierge. Après la plainte, il a été hospitalisé sous contrainte à l’Institut Camille Miret à Leyme. « On était chez les fous ! Ce n’était pas mon milieu, j’ai été plus choqué qu’autre chose », affirme le prévenu. Le psychiatre avait alors relevé un « délire de préjudice et de persécution avec évocation de vengeance à l’encontre de personnes qu’il dit aimer ». Lui estime que c’est une vision complètement erronée et assure être la proie d’une perverse narcissique.
« Il se moque de tout : du tribunal et de la victime ! », s’exclame Me Mustapha Yassfy qui demande 2500 euros de dommages et intérêts. « Ma cliente est terrorisée, son préjudice moral est immense ». Pour le parquet, sa culpabilité ne fait pas de doute. « Il lui faut des soins », estime le substitut du procureur qui requiert tout de même de la prison avec sursis. En face, ce n’est pas le même son de cloche. L’avocate de la défense Me Mas demande la relaxe sous prétexte « qu’une adresse IP peut être hackée ». « Nous n’avons pas éliminé la possibilité qu’il dise la vérité », ajoute-t-elle. En vain, car le tribunal suit les réquisitions du parquet et condamne l’homme à six mois de détention entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Le trentenaire est également soumis à une obligation de soins, a interdiction d’entrer en contact avec la victime et doit lui verser 1000 euros de dommages et intérêts.