Cressensac-Sarrazac : Prison avec sursis pour la sexagénaire qui a percuté un jeune motard
L’affaire était à nouveau jugée, pourtant les positions n’ont pas changé : la prévenue assure avoir perdu connaissance.
Il faut répéter l’histoire. Le 15 juillet 2022, un accident de la route coûtait la vie à un jeune homme de 20 ans. Alors qu’il roulait en motocyclette sur une route départementale de la commune de Cressensac-Sarrazac, une automobiliste de 60 ans l’a percuté frontalement après avoir dévié de sa trajectoire. Un témoin qui circulait sur la même voie que la conductrice a expliqué avoir vu la voiture se déporter d’abord sur la droite puis sur la voie de gauche face au jeune motard qui a tenté en vain de manoeuvrer pour échapper à l’accident. Jugée une première fois en février dernier, l’affaire avait été mise en délibéré jusqu’à ce que le tribunal demande un complément d’information.
Jeudi 24 octobre, la prévenue comparaissait à nouveau devant le tribunal de Cahors. Depuis février, les positions n’ont pas changé. « J’ai vu tout blanc, je ne comprends pas ce qu’il s’est passé », raconte à nouveau la sexagénaire qui assure ne se rappeler de rien ni avant, ni pendant l’accident. Son conseil opte pour une perte de connaissance. Celle-ci serait due à un accident ischémique transitoire (AIT), une altération de la fonction cérébrale qui dure moins d’une heure et n’est pas repérable lors des examens d’imagerie cérébrale. « Les médecins n’ont pas exclu cette hypothèse », rappelle son avocate Me Isabelle Lescure. « Il n’y a pas d’autres explications pour cet accident : elle n’était pas éblouie, n’utilisait pas son téléphone, avait une conduite prudente et n’a pas tenté de manœuvre de sauvetage quand sa voiture a dévié. C’est la preuve qu’elle a été soumise à une contrainte : la perte de conscience. Elle n’est donc pas pénalement responsable. »
Pour le parquet, le fait même que la voiture a dévié de sa route est le signe d’une action de conduite et donc d’un état de conscience. La partie civile suit le même cheminement de pensée. « Soit il n’y a pas eu de malaise et c’est une faute de conduite. Soit il y a eu un AIT et selon la jurisprudence, elle n’aurait pas dû prendre le volant car le malaise aurait pu être prévu puisque dans le dossier la prévenue mentionne qu’elle avait déjà fait des malaises », souligne l’avocat de la partie civile Me Laurent Belou. Si le casier judiciaire de la femme est vierge, son dossier médical est plus lourd, comportant un cancer en 2016 et un AVC en 2022. « Quand on prend un véhicule, on doit être en forme, on doit tout mettre en oeuvre pour qu’il n’y ait pas d’accident. Il ne peut pas y avoir de hasard en matière de sécurité routière », ajoute l’avocat.
Le tribunal suit les réquisitions du parquet et condamne la femme à 24 mois d’emprisonnement entièrement assortis d’un sursis probatoire, prononce l’annulation de son permis de conduire et lui interdit de le repasser pendant 5 ans.