Sibelle, l’ordonnance du Dr Barnier, le trésor et la facture de la place Chapou, et l’adieu à Michel Blanc

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Le « gouvernement » du Département est remanié. Désormais député, le vice-président Christophe Proença redevient simple conseiller. Ses délégations sont redistribuées. Elu du canton de Saint-Céré, Jean- Pierre Jammes récupère une vice-présidence, et se voit confier les dossiers du « tourisme » et des « sports ». Quant à celui de l’attractivité, il échoit à Guillaume Baldy, déjà en charge du « budget ». Sibelle me donne un coup de coude. « C’est le moment, non ? Profites-en pour suggérer que le Lot adopte enfin le slogan initié en son temps par l’immense Maurice Faure… » Voilà, c’est chose faite. « Oh My Lot ! », c’est bien. Cependant, « Nous sommes pauvres, mais nous sommes beaux ! », cela ne manquerait pas de panache. Et à entendre certains élus des territoires (comme on doit dire maintenant), qui se plaignent de devoir faire beaucoup avec peu, cela collerait assez à la réalité.

Mardi._ Cette maxime de Monsieur Faure, au fond, Michel Barnier aurait pu la reprendre à son compte au moment de prononcer son discours de politique générale devant les députés. Avec ma protégée, comme beaucoup de Français d’ailleurs, ayant déjà quelques idées de ce que serait le fond, nous avons surtout été attentifs à la forme. De fait, un brin british (ce qui n’est pas illogique quand on a négocié le Brexit avec les English), le premier ministre a usé d’une tonalité, d’un vocabulaire, d’une gestuelle presque doucereux, se voulant apaisant. C’était pour mieux placer ses flèches. Mathilde Panot et Gabriel Attal en ont fait les frais. Reste quand même l’essentiel. Avec un physique qui se révèle tout le contraire de celui de Bernard Blier, Michel Barnier a décliné à sa façon la fameuse envolée signée Audiard dans les Tontons Flingueurs. « Moi les dingues, j’les soigne, j’m’en vais leur faire une ordonnance, et une sévère, j’vais leur montrer qui c’est Michel. Aux quatre coins du pays qu’on va les r’trouver, éparpillés par petits bouts, façon puzzle… Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile… » Sur l’ordonnance, donc, des impôts (mais nous ne sommes pas concernés avec Sibelle). Et surtout des coupes à venir dans les budgets. Je ne sais pas où sont les mammouths, mais ils vont devoir perdre quelques kilos. « Une illusion serait de vouloir faire les choses à moitié ou de répondre aux défis d’un monde qui change par de vieilles recettes » a remarqué Aurélien Pradié qui, désormais « non inscrit », a pu s’exprimer en fin de séance devant un hémicycle clairsemé. Le député lotois aurait souhaité un gouvernement unissant républicains de droite comme de gauche. Certes. « Tout le problème est de savoir sur quels critères distribuer le précieux label » glisse ma tigresse.

Mercredi._ En football comme dans tous les sports, il y a les champions qui écrasent tout sur leur passage et il y a les petits poucets qui déjouent les pronostics. Dans ce registre, Brest est un fabuleux exemple. Les Bretons sont si modestes qu’ils ne peuvent même pas jouer la coupe d’Europe dans leur stade. Ca ne les empêche pas de briller. Cette semaine, ils sont aller gagner 4 à 0 Salzbourg, en Autriche. « Brest, c’est le Breizhil ! » a titré L’Equipe. Pas mieux. Enfin soyez prudents quand même. Il n’est pas conseillé pour autant d’aller danser la salsa au beau milieu d’un fest-noz.

Jeudi._ Au dernier conseil municipal, on nous rapporte qu’il a été confirmé que le chantier de la place Chapou va être retardé en raison de fouilles archéologiques. Avoir été une place forte de la gaule romaine, ça a donc un prix, et pas seulement en terme de calendrier (les archéologues ne travaillent pas par seul amour de l’art et avec comme seuls outils des brosses à dents). Avec Sibelle on suggère que le moment venu, si des trésors sont mis au jour, ils puissent être mis en valeur de manière « pédagogique » et accessibles au grand public qui ne fréquente pas forcément les musées. Un peu à la manière des vitrines aménagées dans les sous-sols du parking de l’Amphithéâtre. Dans un autre domaine, les élus adultes ont pris connaissance des projets proposés par le conseil municipal « enfants ». L’un d’eux consiste à installer des « bancs d’amitié » dans les cours des écoles. Les mots et le concept sont touchants. Il ne faut donc pas désespérer complètement de l’avenir, quand bien même les actualités sont rudes, ces jours-ci, au moment de regarder la grand-messe du 20 heures.

Vendredi._ Un coup de massue au réveil. Michel Blanc est mort dans la nuit à 72 ans. Je, ou plutôt nous lui devons tous quelques-uns de nos meilleurs fous rires, mais aussi, quelques-uns de nos meilleurs moments de cinéma tout court. Je pense à sa composition exceptionnelle dans « Tenue de Soirée », ou à ses propres films, où un autre Michel Blanc, plus troublant, plus sombre parfois, nous faisait partager un peu de ses doutes, de ses fragilités, de ses passions intimes, aussi. « Le voyage est court. Essayons de le faire en première classe » aimait à glisser l’élégant et formidable Philippe Noiret. Merci Michel Blanc : vous aurez été d’un très précieux commerce durant une partie de notre propre traversée…