Sibelle, une rentrée silencieuse et un Premier ministre déjà courtisé

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Jour de rentrée pour quelque 20 500 écoliers, collégiens et lycéens lotois du public, et leurs quelque 3000 camarades du privé. Nous nous sommes postés sur le bolet, avec ma protégée, pour guetter les allées et venues sur les hauteurs du vieux village où l’école est implantée, pas très loin de notre maison. On attendait des rires, des cris, des pleurs. Des visages de parents un brin tendus. Mais rien. Je ne sais si l’on était en avance ou en retard mais à peine si nous avons constaté une très légère augmentation du nombre de voitures. Car tout le monde ne peut venir à pied. Certains enfants habitent même assez loin. On reste donc sur notre faim, avec Sibelle. C’est à la télé ou sur notre site d’infos préféré que l’on put observer quelques images de cette journée particulière. Sur ce, ma tigresse m’interpelle. « Au fait, elle s’appelle comment l’école de notre village ? » Je lui réponds que je n’en sais rien, et après vérification, je lui confirme qu’à l’instar de 27 % des écoles de France, elle n’a pas de nom. Selon le très sérieux Conseil d’évaluation de l’école, qui a effectué une analyse exhaustive, en février 2024, on dénombre en France 523 écoles Jules-Ferry, 375 écoles Jacques-Prévert et 341 écoles Jean-Jaurès (pour le seul trio de tête). Pour les collèges, Jean-Moulin et Antoine de Saint- Exupéry sont les plus nombreux. Pour les lycées, Jean-Monnet est ex æquo avec Jean-Moulin. Et il faudrait aussi analyser les établissements qui portent une appellation en rapport avec un lieu. « Pas très paritaire tout ça… » maugrée ma belle. Elle a raison. Bien qu’un renversement de la tendance soit observé depuis une petite dizaine d’années, l’organisme admet que les hommes sont très largement majoritaires, et a fortiori les politiques de la IIIe République (pour les écoles). Dans les écoles et collèges, seule Marie Curie se glisse dans le Top 10. Camille Claudel la rejoint pour les lycées. Je devinais comment ma chère protégée féline allait conclure. Vous aussi ? Gagné. « Une école Sibelle, ça aurait de la gueule, non ? »

Mardi._ La communauté Cauvaldor publie les résultats d’une enquête à laquelle ont répondu 400 habitants du territoire. On y relève que 95% souhaiteraient manger plus de produits locaux et 68% souhaitent manger plus de produits bios. Mais il y a des freins. Les habitants interrogés pointent le prix (trop élevé), l’accessibilité des points de vente (en termes d’horaires et de proximité), et une offre peu diversifiée et (trop) tournée vers le tourisme. Manger local, favoriser les circuits courts et sains… Des préoccupations qui ont aussi les nôtres, dans la famille. Même Sibelle, qui regrette néanmoins l’absence de croquettes 100 % Quercy au supermarché du coin. Là-dessus, à la télé, un reportage a mis en avant une nouvelle tendance dans certaines collectivités : des mairies qui achètent des fermes – parfois assez éloignées – pour produire fruits et légumes qui seront ensuite cuisinés par leurs soins et proposés dans les cantines. Pour les écoliers, les agents, les seniors des maisons de retraite. Et accessoirement, des visites pédagogiques. C’est beau et instructif, un champ de pommes de terres, des rangées de poireaux ou de melons. C’est chouette, un pommier dont on peut cueillir ou ramasser les fruits. Tiens, il est 10 heures. J’ai une petite faim, moi…

Mercredi._ Les Jeux Paralympiques se poursuivent à Paris et je dois dire que je suis ravi. D’abord parce que certaines compétitions sont réellement prenantes. Ensuite, parce que le public est au rendez-vous dans les tribunes. On ne va pas se mentir, ce n’était pas acquis d’avance. Là- dessus, avec Sibelle, avouons que nous sommes saisis par la formidable leçon de vie que nous dispensent tous ces athlètes. Sans oublier ce qui me paraît être le summum de l’abnégation, de la réelle fraternité humaine : ces guides qui courent avec les athlètes mal-voyants. Littéralement attachés les uns aux autres. Et dont ignore jusqu’au nom, puisque leur maillot est neutre et simplement floqué du mot « guide ». Y’a pas à dire. Dans le chaos du monde, il est encore de belles personnes.

Jeudi._ Michel Barnier est nommé Premier ministre. C’est peu dire que presque deux mois après le second tour des législatives, l’accouchement aura été difficile. « Tu n’avais pas 10 ans que ce monsieur était déjà actif en politique » ironise ma tigresse. Je réponds en prenant garde de ne pas m’esclaffer : « Le choix de l’expérience. Et de la géographie. Pour prendre de la hauteur, un Savoyard s’imposait ». Les réactions sont sans surprise. Y compris par chez nous. Monsieur Pradié poste un message qui ressemble à une offre de service : « La seule voie possible est le rassemblement des bâtisseurs venus de différents horizons. Je défends ce chemin depuis plusieurs mois. Il s’impose aujourd’hui. Michel Barnier porte une haute idée de ce qu’est la politique et le pays. Il saura réussir. » Madame Delga un temps pressentie – ou présentée comme telle – ne cache pas son désarroi : « Au mépris du vote des Français qui ont largement rejeté sa politique et du Front républicain qui a mis en échec le RN, le Président nomme un Premier ministre de droite pour poursuivre ses politiques d’injustice sociale et d’inaction climatique. Cette décision ne respecte pas la volonté de changement exprimée par nos concitoyens. » Il faut maintenant de nouveau attendre encore quelque temps pour connaître la composition du gouvernement. Alors, avec ma protégée, on s’en remet à cette classique ritournelle « C’est la mère Michel qui a perdu son chat / Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra… C’est le père Manu qui a trouvé Michel / Qui crie par le palais qu’on ne le censure pas… »

Vendredi._ En cette fin de semaine, l’événement se tient au Parc des Expos avec le festival musical Le Lot en Meule bleue. Lequel a obtenu pour cette édition 2024 le label Festival Eco-responsable. Ce n’était pas évident pour un rendez-vous qui historiquement met en exergue avec nostalgie nos mobylettes d’antan et qui se déroule à plus de 15 km de la ville. D’où une problématique évidente en terme de transports. Sibelle se veut pragmatique : « Pour une fois cette année que le parc ne fera pas le plein uniquement pour remplir des milliers d’enveloppes avec des professions de foi électorales ! » Pour le bouquet final de clôture, ce soir, Martin Solveig et Cali sont notamment au programme. Bons concerts !