Premier bilan d’Africajarc : Une édition gratuite qui remet « les voyants au vert »
Le festival avait envoyé des signaux de fatigue ces derniers temps mais cette 25ème édition, entièrement gratuite, a insufflé un nouveau souffle d’espoir.
« Le bilan à chaud est positif en termes de fréquentation et de ressenti : chaque soir, il y a eu plus de spectateurs que les années précédentes ». Si, au lendemain du festival, il refuse d’avancer une estimation du nombre de festivaliers, Emmanuel Pawliez, co-président d’Africajarc, est satisfait de cette 25ème édition. De fait, pendant trois jours, du 19 au 21 juillet 2024, le théâtre de verdure de Cajarc s’est rempli d’aficionados de musiques africaines ou de simples curieux venus en famille. Chaque soir, les festivités ont duré jusqu’à 2 h à 3 h du matin. Le choix des organisateurs de rendre cette édition entièrement gratuite a sans aucun doute joué dans le succès rencontré par le festival cette année. « C’est un retour aux sources. Aujourd’hui, il y a un vrai problème de pouvoir d’achat dans la société. Si on voulait augmenter le nombre de visiteurs, la seule solution était de créer un festival complètement ouvert », explique Emmanuel Pawliez.
L’association n’a jamais caché les difficultés financières rencontrées par le festival. En juin, elle avait annoncé prendre un nouveau tournant dans l’espoir de se relever en optant pour deux décisions de taille : d’abord la gratuité des concerts, ensuite la suppression des concerts de Femi Kuti, Amen Viana, Vaudou Game et Kin’gongolo Kiniata. Selon le co-président, il fallait y voir « la volonté d’une équipe réduite de se battre pour faire vivre le festival. » Une équipe qui a aussi volontairement réduit l’effectif de bénévoles pour minimiser le plus possible les coûts.
Pour Emmanuel Pawliez, « la gratuité a permis de capter un autre public et d’avoir une proposition plus large et plus ouverte en termes de musiques africaines ». C’est le cas de Solène qui vit près de Cajarc depuis une dizaine d’années. Si elle aime venir faire un tour dans le marché chaque année et profiter de l’ambiance du village, elle assume ne pas particulièrement apprécier la musique africaine. « Ce n’est pas le style de musique que j’écoute d’habitude alors ça ne m’intéressait pas de payer pour un concert. Mais comme cette année c’est gratuit et qu’on peut aller et venir comme bon nous semble, c’est l’occasion de passer un bon moment entre amis », confie-t-elle. Autre conséquence de la gratuité, la partie scène était accessible toute la journée. Pierrick est donc venu en famille, tôt dans l’après-midi, et a pu ainsi assister aux balances des artistes. « Je suis content d’avoir pu montrer cela à mes enfants et de leur expliquer comment ça marche en coulisses », sourit-il.
Seul bémol : la programmation allégée qui a divisé le public. Si certains, comme Pierrick, louent « la démocratisation de la culture » et se réjouissent de « découvrir de petits groupes qu’on ne voit pas ailleurs », d’autres déplorent la suppression des têtes d’affiches un mois avant les concerts. Jonathan est un habitué du festival : « Je me réjouissais de voir Femi Kuti, c’est dommage. Bien sûr, l’ambiance est au rendez-vous mais je trouve la programmation un peu légère par rapport aux années précédentes. Surtout qu’il s’agit des 25 ans d’Africajarc ». Pour autant, le trentenaire ne compte pas déserter les prochaines éditions. « J’espère que le festival tiendra bon, c’est toujours un moment unique dans l’été et on est beaucoup à l’attendre avec impatience chaque année », confie-t-il.
Du côté de l’association, difficile de se projeter avant d’avoir dressé un vrai bilan comptable. « Pour l’instant, tous les indicateurs sont au vert », assure Emmanuel Pawliez qui veut rester positif. « Les festivaliers nous ont portés et regonflés ». Reste la question de la viabilité de ce nouveau format. « C’est un modèle qui est d’actualité. Maintenant, il va falloir qu’on établisse notre budget recettes puis qu’on fixe un budget dépenses réaliste », soutient-il.