Sibelle, la campagne express pour les législatives et le masque de Mbappé
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ C’est parti. Ils et elles sont donc douze (équitablement répartis dans chaque circonscription) à avoir déposé leur candidature en préfecture, douze à solliciter la confiance des 140 651 électeurs et électrices que compte le département. Leur campagne sera plus express que n’importe quel train de la ligne POLT. A peine lancée, la course en est déjà à sa dernière ligne droite. Alors, avec ma fidèle protégée féline, dans la mesure où à ce jour nous n’avons pas encore trouvé le moindre tract, le moindre document de propagande dans notre boîte aux lettres, nous nous contentons de surveiller les réseaux sociaux et bien sûr notre site d’info préféré. Et de regarder la télé pour ce qui est de la campagne au niveau national. Un constat s’impose. Et sans doute n’est-il pas valable uniquement dans notre département. Il y a deux types de candidats et candidates. Ceux ou celles qui misent tout ou presque sur leur notoriété et leur personnalité, oubliant (ou feignant d’oublier) leur étiquette, jouant la musique de l’enracinement, de la proximité, de la fibre affective. Si le Lot ne s’appelait pas le Lot, ils ou elles se placeraient et se diraient d’emblée au-dessus du lot… Et puis ceux et et celles qui savent bien ne pas pouvoir se prévaloir d’une même notoriété et qui à l’inverse misent tout ou presque sur leur étiquette, et en quelque sorte, ont tout intérêt à ne pas faire de cette élection un scrutin local mais une déclinaison d’un affrontement national. C’est pourquoi, sans être devin, on imagine déjà que le paysage au soir du premier tour dans notre département ne sera pas le même que celui du 9 juin au terme de l’élection européenne. Reste à savoir quelle sera l’ampleur de la différence. Et accessoirement celle de la participation, et donc du seuil à franchir pour se qualifier et être en lice pour le second tour. Depuis les hauteurs de mon village à l’orée de la vallée, je voudrais ne pas ressentir la tension qui gagne le pays. Ce n’est pas un mince défi…
Mardi._ C’est dans ce drôle de contexte que débutent les épreuves du bac, millésime 2024. Comme le veut la tradition, la philo ouvre le bal. L’un des sujets – lesquels ont évidemment été choisis bien en amont de ces jours très agités – n’est pas sans résonner drôlement en cette période électorale : « L’Etat nous doit-il quelque chose ? » Sibelle qui a renoncé au dernier moment à s’inscrire (en candidate libre) regrette déjà. Elle me glisse qu’elle aurait cartonné : « En résumé, j’aurais ainsi articulé ma dissertation. Si l’on considère que l’État se définit comme un ensemble d’institutions organisant la vie en société, si l’on estime ensuite que les chats sont une des composantes essentielles de ladite société, alors non seulement l’État se doit d’être à notre service, mais pour le diriger, les chats semblent les mieux placés. » Pris de court, je réponds en disant comprendre la première partie de son petit exposé, mais pas du tout la seconde. « Tiens, écoute ça… » Et Sibelle de proposer que je m’isole pour suivre le podcast d’une émission de France Culture diffusée en 2021. Philosophe et directrice de recherche, Florence Burgat y avait évoqué la philosophie féline. Citation 1 : « Le chat a l’air constamment pensif, et l’expérience de son regard est très importante pour retourner cette métaphysique classique qui voit dans les animaux des êtres vides. » Citation 2 : « Je pense qu’on aime chez le chat cette résistance à être dominé, à se plier à des règles, le chat c’est l’anarchie, il a ses propres vues, il n’a pas complètement abdiqué sa liberté, sa façon de voir, ses désirs. » Citation 3 : « Le chat casse cette opposition entre animal domestique et animal sauvage. On ne sait pas où le situer. Il a un pied des deux côtés. Qu’est-ce qui lui plaît dans la vie qu’il peut mener avec nous ? Qu’est ce qu’il nous trouve au bout du compte ? Il ne s’agit pas de « reconnaissance du ventre ». Il trouve quelque chose dans la compagnie de certains humains. Du reste, il les choisit quand il le peut, et ce n’est pas simplement le confort d’une maison. » Avouez qu’à côté, les professions de foi électorales, ce sont des blagues Carambar.
Mercredi._ Il ne manquait plus que ça. Relativement éclipsé en raison de l’actualité politique, l’Euro de foot qui se déroule en Allemagne se mue en feuilleton du genre « Urgences » ou « Grey’s Anatomy ». A moins que l’on appelle le Dr House à la rescousse pour ausculter le nez de Kylian Mbappé. Jouera ? Jouera pas ? Avec un masque ? Il fallait un rugbyman occitan pour dédramatiser. Et pas n’importe lequel ! Alors que le footballeur demande avec humour sur X (ex-Twitter) : « Des idées de masques ? ». L’un de ses abonnés répond : « MP pour un code promo, j’ai des plans. Bon courage surtout… » C’est la star toulousaine Antoine Dupont (ayant connu mésaventure similaire lors de la coupe du monde) qui suggère donc avec humour à son collègue du ballon rond de le solliciter en message privé. Une blague qui prouve que même au très haut niveau, il faut savoir sourire. Et dire au passage sa solidarité. Ça c’est la classe, non ? N’en déplaise aux grincheux qui n’apprécient pas de voir Antoine ou Kylian dire ce qu’ils pensent de l’actualité ou de faire la couverture de Têtu.
Jeudi._ Les obsèques de Françoise Hardy au Père Lachaise. Son compagnon Jacques Dutronc et son fils Thomas (qui se ressemblent de plus en plus) affichent une tristesse digne. Beaucoup d’amis sont au rendez-vous. J’ignore si Patrick Modiano était du nombre. Qui se souvient que le futur prix Nobel de littérature a écrit les paroles de plusieurs chansons pour Françoise Hardy au tournant des années 60-70 ? Il y avait notamment celle-ci : « Il avait des yeux décembre / un sourire de juillet / il me disait des mots tendres / en hiver comme en été / le soir, le soir, je fais des puzzles / le soir, le soir, je me sens bien seule / il avait des façons Londres / de me promettre Corfou / mais au soleil ou à l’ombre / je le suivais n’importe où.. » Au revoir et merci, Madame Hardy…
Vendredi._ Une seule question alors que la météo demeure étrangement pluvieuse, venteuse, frisquette… Qui a eu l’idée cette année de programmer la fête de la musique en plein mois de novembre ?