Terrou : La mémoire reste vive sous les cendres du temps
Journée mémorielle le 1er juin 2024.
Le travail vidéo effectué par le duo Christian Gasquet-Jean-Marc Destruel , complété par les recherches de Nicolas Rose, au titre de l’Office National des Combattants et Victimes de Guerre , a ravivé la mémoire d’événements tragiques. La double expédition punitive de la sinistre division SS Das Reich à travers le Ségala lotois, du 11 au 13 mai, puis les 2 et 3 juin 1944. Samedi à Terrou, à l’invitation de la mairie, avec l’aide de Jeannine et Lydie Teyssedou, 300 personnes venues de la commune et des environs ont rempli l’église du village, ainsi que la salle de réunion voisine. Exposition de l’Association du Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot abondée par la Maison Familiale Rurale, projection vidéo, conférence, ont constitué les points d’orgue d’une journée commencée par une messe dans cette église incendiée par les nazis puis reconstruite après-guerre comme l’ensemble du village.
Dans les rangs du public, on évoquait des souvenirs personnels pour les plus anciens, on racontait des témoignages de proches ou de parents. En ces mois décisifs de 1944, l’objectif de la colonne infernale était de terroriser les populations vivant sur un territoire devenu base arrière des Maquis lotois. Les deux expéditions, à moins d’un mois d’intervalle, commanditées par la Gestapo de Toulouse, avaient été précédées par le passage plus ou moins discret d’informateurs qui furent pour la plupart arrêtés et condamnés à la Libération. Et si, le 2 juin, la foudre guerrière s’est aussi brutalement abattue sur la modeste commune de Terrou, 351 habitants en 1936, c’est qu’elle était un véritable carrefour de résistants, porte d’entrée des profonds espaces forestiers propices à l’implantation des Maquis. A Terrou, l’hôtel de Mme Prunet, servait de lieu de rencontres à des chefs maquisards tels que René Andrieu ou René Gratias, l’instituteur du village voisin de Gorses. L’abbé Souiry curé de Terrou, se trouvait lui aussi dans la boucle. Les Allemands suspectaient en outre la commune de servir de dépôt de munitions. Quand la Das Reich a surgi pour la seconde fois, la population ayant fui, elle a incendié le village.
Au fil de sa conférence, très documentée, Nicolas Rose a bien montré les difficultés auxquelles les habitants sinistrés ont dû faire face. Après-guerre, la démarche des indemnisations a constitué… un parcours du combattant, en dépit des solidarités individuelles, associatives et administratives. La Médaille de la Résistance décernée à la commune, la première des 17 communes de France à l’obtenir, a valeur de reconnaissance. Elle prolonge en quelque sorte le devoir de mémoire, mais la mémoire collective s’alimente au sein des familles par les souvenirs des aînés, toujours vivaces comme en a témoigné le succès de la journée du souvenir à Terrou, débutée en matinée par une messe et une cérémonie devant la stèle commémorative.