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Propos dénigrants et menaces de suicide : Un homme condamné pour violences psychologiques sur son ex-compagne et leur fille


Une femme a porté plainte contre son ex-conjoint pour violences psychologiques après 10 ans de vie commune. Le tribunal de Cahors l’a reconnu coupable.

« L’enquête est parfaite ». Il est rare d’entendre les parties civiles, le parquet et la défense s’accorder sur un point lors d’une audience du tribunal correctionnel. C’était pourtant le cas à Cahors jeudi 28 mars. Un homme de 43 ans était jugé pour violences psychologiques sur son ex-compagne et leur fille. Si elles ne sont pas d’accord sur le fonds de l’affaire, toutes les parties représentées ont néanmoins loué le travail des gendarmes.

Il aura fallu 10 ans pour qu’elle parvienne à le quitter et à porter plainte. Pourtant, les crises de jalousie, les chantages au suicide, les menaces, la colère et le dénigrement ont commencé à peine trois ans après leur relation. Ce 28 mars, Justine est assise à quelques mètres derrière le prévenu, le père de leur enfant, celui qu’elle accuse de violences psychologiques. Elle veut témoigner du sentiment de peur qui l’habite depuis 2018, et qui a continué même après leur séparation. Aux enquêteurs, elle a remis plusieurs échanges de SMS. « Il y a 172 pages de SMS. Dans n’importe laquelle de ces pages, vous trouverez systématiquement des propos qu’il lui tenait insultants, rabaissants, sur sa santé psychologique, sur sa capacité à travailler, sur les choix qu’elle pouvait faire, sur les modalités d’éducation. Selon lui, tout ce qu’elle faisait était nul ! », s’exclame l’avocate de la victime Me Aurélie Smagghe. L’homme faisait aussi preuve de comportements possessifs et avait installé un système de vidéosurveillance dans leur maison afin d’épier ses faits et gestes. Leur fille, âgée de 6 ans aujourd’hui, a aussi dû subir ce comportement toxique. Il la menaçait notamment de brûler son matelas ou de la donner à manger aux moutons si elle continuait de vouloir dormir avec sa mère. « Ma cliente a été contrainte de quitter son domicile à Figeac pour avoir la paix, mais surtout pour protéger leur enfant », souligne l’avocate.

Les témoignages récoltés dans l’entourage du couple sont accablants pour le prévenu. Sa fille aînée, issue d’une précédente union, confirme le caractère colérique de son père qui, par le passé, l’avait déjà traité de « grosse » et de « conne » en public. Ses ex-compagnes témoignent aussi de violences verbales et même physiques, de comportements jaloux, dénigrants et manipulateurs. Lui affiche une attitude ambigüe. Si à première vue, il reconnaît les violences, invariablement il finit par tenter de retourner la situation en se victimisant. Quand le tribunal lui demande s’il se reconnaît dans les descriptions que les différentes femmes ont pu donner de lui, il répond : « Je ne me vois pas comme ça. On avait des tensions mais comme dans tous les couples. J’avais de la pression au travail. Je n’ai jamais été jaloux sauf avec une ex qui me trompait ». En parlant d’une autre ancienne compagne, il ajoute : « Elle était bipolaire ». Et d’une troisième : « C’est elle qui me rabaissait sur mon physique et menaçait de me quitter ». A l’entendre, la seule chose qu’on pourrait lui reprocher est « un manque de communication qui a mené à des situations conflictuelles ». Une remarque qui ne manque pas de faire bondir Me Smagghe. « Pour communiquer, il faut être deux. Or, monsieur ne fonctionne que sur les exigences. J’aurais aimé que ma cliente reparte de l’audience avec des excuses de la part du prévenu, mais elle ne les aura pas », déplore l’avocate qui demande 5 000 euros de dommages et intérêts pour la fille et 4 000 euros pour la mère.

L’expertise psychiatrique révèle chez les deux victimes un effondrement de leur estime de soi, un stress post-traumatique chez la fille et un trouble anxio-dépressif chez la mère dû à l’emprise du prévenu sur elle. « Il m’a infiltré le cerveau, il a pris toute la place, j’ai perdu ma personnalité », avait confié cette dernière à France victimes. La lecture des expertises médicales ne semble pas émouvoir le prévenu. « Depuis que j’ai appris les plaintes, c’est très dur pour moi psychologiquement », assure-t-il. Et d’expliquer qu’il a commencé une thérapie pour cette raison. « Je pense qu’il y a encore un peu de boulot pour vous assumer tel que vous êtes », ne peut s’empêcher de lui rétorquer le président du tribunal. Le comportement de l’homme ne semble pas non plus convenir au parquet qui requiert 10 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire. « Tous les éléments démontrent des violences psychologiques. Il a créé un climat d’insécurité émotionnelle, de dénigrement et de manipulation. Et pourtant, il remet toujours la faute sur le comportement de la plaignante », observe le substitut du procureur.

Du côté de la défense, l’attitude reste la même. « L’enquête était parfaite mais, dans ce dossier, chacun écrit son histoire. On reproche à mon client d’avoir un fichu caractère. Ce n’est pas un délit ! », avance Me Mustapha Yassfy. Sa plaidoirie ne convainc pas le tribunal qui reconnaît l’homme coupable et le condamne à 10 mois d’emprisonnement entièrement assortis d’un sursis probatoire. Il est également soumis à une obligation de soins et de travail et a interdiction d’entrer en contact avec les victimes. Il doit en outre verser 2 500 euros à son ex-compagne et 3 000 euros à leur fille.

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