Accusé de détention d’images pédopornographiques, un septuagénaire nie et accuse son beau-fils
Plusieurs centaines de milliers de fichiers pédopornographiques ont été découverts dans l’ordinateur d’un homme de 77 ans. Le tribunal a demandé un supplément d’information.
Plus de 100 000 fichiers pédopornographiques téléchargés entre 2019 et 2022 ont été retrouvés dans son ordinateur. Pourtant, il affirme n’en avoir jamais eu connaissance. Jeudi 28 avril, un homme de 77 ans était jugé par le tribunal de Cahors pour la détention de ces images ainsi que pour la consultation de sites à contenu pédopornographique. Néanmoins la défense dénonce des zones d’ombre dans le dossier et le tribunal, n’ayant pas réussi à trancher, a demandé un supplément d’information.
Récemment amputé du pied pour des problèmes de santé et placé sous curatelle renforcée, l’homme s’avance vers la barre en fauteuil roulant. « Je pense que c’est un acte intéressé. Il veut garder toutes mes affaires. Il a une profonde antipathie envers moi », affirme-t-il. Celui dont il parle est le fils de son ex-compagne, décédée en 2022. C’est lui qui a découvert les fichiers compromettants. Lui aussi qui a remis l’ordinateur à la gendarmerie. Lui enfin qui a déclaré que ce n’était pas la première fois qu’il avait connaissance de tels agissements de la part du prévenu. Lui pourtant qui n’était pas présent à l’audience. Dans l’historique de l’ordinateur, en plus des images, les enquêteurs retrouvent la trace de plusieurs connexions à des sites pornographiques dont un site russe habitué à publier des images de mineurs. A l’époque des faits, le prévenu vivait avec sa compagne et la fille de celle-ci, encore mineure. Lorsqu’elle avait été interrogée par les gendarmes, la jeune fille s’était montrée mal à l’aise et avait fini par accuser l’homme de l’avoir agressée sexuellement. Par manque d’éléments, l’affaire avait été classée sans suite.
Reste celle des images pédopornographiques. Le prévenu martèle qu’il ignore leur origine et la façon dont elles se sont retrouvées dans son ordinateur. « Mais les 100 000 fichiers… Qui a fait ça ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? », lui demande à plusieurs reprises le président du tribunal. L’homme ne sait pas, hausse les épaules. « L’ordinateur était dans la grande pièce de la maison, au vu et au su de tout le monde. Tous ceux qui en avaient besoin s’en servaient », explique le septuagénaire. Il n’accuse pas directement son beau-fils mais laisse planer le doute. Seul bémol : en 2016, année du début des faits, le prévenu ne fréquentait pas encore la mère de ce dernier, alors comment celui-ci aurait-t-il ourdi ce coup monté sur plusieurs années ? Pour le parquet il y a assez d’éléments pour condamner le prévenu à un suivi sociojudiciaire de 10 ans. C’est sans compter sur la plaidoirie de l’avocate de la défense Me Laura Crouzillac. « On peut avoir un sentiment aisé d’évidence mais il est dangereux car il est trompeur », assène-t-elle d’entrée de jeu.
Pour l’avocate, plusieurs éléments, qui ont pu apparaître comme des détails au cours de l’enquête, sont en fait essentiels, à commencer par le dépôt de plainte du beau-fils et ses accusations. « Il y a un conflit prégnant entre le prévenu et lui. Au décès de sa mère, son beau-fils a laissé mon client dépérir de semaine en semaine, de mois en mois. Il est d’ailleurs poursuivi pour des faits de violences sur mon client. En juillet, c’est lui qui comparaitra devant cette juridiction et mon client qui sera la victime », annonce-t-elle, précisant que la sœur du beau-fils en question avait évoqué « les troubles psychologiques » de ce dernier devant les gendarmes. Quant à l’expertise psychiatrique du prévenu, elle ne relève aucun trouble paraphilique. « C’est un dossier bien fragile », déplore-t-elle avant de demander la relaxe. Réponse le 24 octobre après une nouvelle analyse des scellés.