Cahors : Conférence exceptionnelle sur Marie Denizard « D’un destin présidentiel vers l’asile de Leyme » le 11 avril
Elle se déroulera à 19 h, à l’espace Clément Marot.
L’institut Camille Miret organise une conférence « historique » le 11 avril 2024, à 19 h, à l’espace Clément Marot de Cahors sur Marie Denizard. Cette conférence sera animée par Prescillia Da Silva, historienne à l’Université Gustave Eiffel de Paris, et le Docteur Bernard Kierzek, psychiatre et chef de pôle à l’Institut Camille Miret.
Marie Denizard est née le 3 avril 1872 dans l’Aisne, d’un père dentiste et d’une mère couturière. Ainée d’une fratrie de 4 enfants, elle mènera une scolarité au lycée d’Amiens et bénéficiera d’une bourse d’études. Dans cette fin du XIXème siècle, la société française est régie par le Code Civil de 1804, plaçant la femme dans un statut de mineure sous l’autorité du mari. Seul ce dernier a le droit de vote depuis 1848, à condition d’être imposable. Le mouvement féministe se développe notamment avec Hubertine Auclert, Maria Deraismes, Madeleine Pelletier (première femme psychiatre).
N’étant pas mariée, assurant la charge familiale depuis le décès de son père en 1906, Marie Denizard n’accepte pas, du fait de son statut de femme, de ne pouvoir voter. Aussi décide-t-elle en 1910 (comme d’autres et en particulier Madeleine Pelletier) de se présenter aux élections législatives et cantonales à Amiens (6 500 votes). Une candidature qui sera invalidée malgré sa campagne électorale. Entre temps, elle deviendra rédactrice en chef du journal « Le Cri des Femmes ».
Acquérant, au fil du temps une notoriété certaine dans le département de la Somme, Marie Denizard décide de se présenter contre Raymond Poincaré à l’élection présidentielle de 1913, ce qu’aucune femme n’avait osé faire auparavant. En 1914, elle est évacuée sur Bordeaux où elle manifeste un vif ressentiment à l’endroit de la société qui l’excluait, des hommes politiques et de Raymond Poincaré en particulier. Elle est placée dès lors sous la surveillance de la Direction de la Sûreté Générale, surveillance qui se poursuivra après la guerre et le retour de Marie Denizard à Paris.
Le 28 avril 1926, devant l’ampleur de ses idées de persécution et de revendication, le commissaire de Police du Quartier de l’Odéon demande son hospitalisation d’office. Admise à l’infirmerie générale, elle est examinée par le célèbre psychiatre Docteur De Clerambault qui diagnostique une psychose complexe. Transférée à l’hôpital Saint-Anne, elle est ensuite admise le 21 janvier 1927 à l’hôpital Vaucluse Le Perey. Le 23 mars 1928, elle est transférée à l’asile de Leyme dans le Lot, avec un diagnostic de délire chronique de revendications politico-sociales, où elle décèdera en 1959, le 21 mai, à l’âge de 87 ans.
Ainsi, Marie Denizard, peu soutenue par les militantes féministes des années 1910/1913, s’est progressivement sentie exclue suite à sa candidature aux élections, avant de développer, dans son isolement social, un vécu de persécution à l’endroit des hommes puis des politiques, centré sur l’image de Raymond Poincaré. A-t-elle été internée suite à son combat pour le droit de vote des femmes ? Quand a-t-elle basculé d’un militantisme à des propos délirants organisés autour de l’existence d’un complot ? En quoi ses propos menaçaient-ils la sécurité de la Nation ? Mais alors, comment expliquer 32 ans de bannissement asilaire ? Eléments de réponses le 11 avril.
> Gratuit – Ouvert à tous