« Il était comme pris dans la violence » : Un jeune homme condamné pour avoir agressé son colocataire et son éducatrice
Jugement suite à une rixe.
« Je pense qu’il ne voulait pas me faire de mal, mais il m’en a fait ». La jeune femme qui énonce ce fait à la barre du tribunal est éducatrice dans l’association Lot Pour Toits. Le 22 mars, Ali*, un des bénéficiaires de la structure, et elle ont été agressés par un jeune homme de 18 ans, Zahed*. Lui aussi est un bénéficiaire de l’association, arrivé il y a un an, jusque-là sans histoires. Il était jugé en comparution immédiate ce mardi 26 mars 2024 pour violences aggravées et dégradations de biens.
« Quand il est arrivé dans l’association, c’était un jeune souriant, un gentil garçon. Il ne me faisait pas peur. Je n’avais aucune raison de me méfier », raconte l’éducatrice. Mais le jour des faits, c’est une autre facette de sa personnalité qu’elle découvre. « Il était agité, je ne l’ai pas reconnu. Il était comme pris dans la violence », se souvient-elle, des sanglots dans la voix. L’éducatrice se trouve alors dans un des logements de l’association avec Ali. Zahed et lui le partagent en colocation. Zahed arrive peu après : le jeune homme semble anormalement agité et blâme immédiatement son colocataire pour le désordre de l’appartement. Rapidement la discussion dégénère : Zahed empoigne Ali et lui assène des coups de poing et de pied. Celui-ci tente se débattre. Les deux hommes renversent des affaires et tombent au sol. L’éducatrice tente de s’interposer mais Zahed la repousse violemment. Il se saisit alors d’un stylo et porte un coup dans le sternum de son colocataire. Quand la jeune femme essaie de donner l’alerte, il l’empêche de sortir puis s’empare d’un couteau et déclare : « Si je veux m’en servir, je peux. Et je le ferai, si je veux. » Profitant d’un moment où leur agresseur s’éloigne, ses deux victimes parviennent à s’échapper. En sortant de l’immeuble, ils aperçoivent Zahed debout dans l’encadrure de sa fenêtre, au deuxième étage, viser une voiture et sauter. Le véhicule amortit sa chute et l’homme, à peine sur ses pieds, s’enfuit en courant. Il sera interpellé le lendemain
« J’ai eu peur qu’il tue Ali. J’ai eu peur pour lui car j’ai eu l’intuition qu’il allait se jeter par la fenêtre. J’ai eu peur pour moi aussi. J’ai pensé à ma famille, à mon mariage dans un mois », confie l’éducatrice à la barre. Le médecin qui l’a examinée a fait état d’ecchymoses sur les bras. Ali, quant à lui, écope de 5 jours d’ITT. Zahed était également jugé pour les dégradations sur la voiture, dont le toit a été enfoncé et le pare-brise fêlé, ainsi que pour la détérioration de biens publics et de mobilier appartenant à l’association. A la barre, le jeune homme tente de nier, puis de se justifier. Il assure que c’est Ali qui l’a attaqué en premier. « Il était en train de m’étouffer, je ne voyais pas grand-chose, j’ai pris un objet par terre et lui ai donné un coup. Je ne voulais pas lui faire trop mal mais je voulais juste me relever », assure-il. Son avocate Me Sudre plaide même la relaxe pour les faits de violences et certaines dégradations. La substitut du procureur ne l’entend pas de cette oreille et requiert 8 mois d’emprisonnement. Il écope finalement de 12 mois dont 6 assortis d’un sursis probatoire. Il a obligation de suivre des soins, de trouver du travail et de réparer les dommages. De plus, il a interdiction de porter une arme et de séjourner dans le Lot pendant 5 ans, ainsi que de contacter la victime pendant 3 ans.
*les prénoms ont été modifiés
