Lot et Lot-et-Garonne : Démantèlement d’un important trafic de câbles de cuivre volés
L’opération a été menée par la gendarmerie du Lot et a mobilisé plus de 200 militaires.
Ce 11 janvier 2024, Alexandre Rossi, procureur de la République, Morgane Raffy, vice-procureur, et le colonel Bertrand Loddé, commandant du groupement de gendarmerie du Lot, ont tenu une conférence de presse par rapport au démantèlement d’un important trafic de câbles de cuivre (aériens et souterrains) sur la zone Prayssac, Puy-l’Evêque, sud Bouriane et le Lot-et-Garonne (Fumélois). Ainsi, ce mardi 9 janvier 2024, les gendarmes du Lot, mobilisant un dispositif de 200 militaires, ont procédé à l’arrestation de 15 personnes issues de la communauté des gens du voyage. Interpellations qui se sont déroulées sans heurts.
« Je tiens à féliciter les gendarmes du Lot qui ont travaillé rapidement, efficacement et en collaboration avec d’autres militaires notamment ceux du Lot-et-Garonne » a commencé le procureur avant de détailler ce dossier d’ampleur : « Il s’agit du démantèlement d’un trafic de câbles de cuivre (aériens ou souterrains) au préjudice d’Orange et d’Enedis ; au préjudice des utilisateurs des réseaux qui ont connu des pannes ou des perturbations ; voire au préjudice de la collectivité au niveau de l’environnement puisque les câbles dérobés étaient ensuite brûlés, pour ôter les matières plastiques, en dépit des règles environnementales en vigueur.
Depuis fin avril 2023, de multiples faits de vols de câble de cuivre étaient constatés sur un secteur rapproché partagé entre le département du Lot celui du Lot-et-Garonne. Au total, plus de 57 faits étaient recensés pour un préjudice compris entre 200 000 et 400 000 euros.
Eu égard à l’importance des faits, le parquet se saisissait des faits commis dans le département du 46 et du 47. La brigade de recherches de Cahors était co-saisie avec celle de Villeneuve-sur-Lot afin de tenter de mettre fin à ces faits relevant de la délinquance organisée.
Les enquêteurs orientaient leurs investigations vers des sociétés du Lot qui pouvaient être destinataires des câbles brûlés dérobés. Deux sociétés ressortaient de manière prioritaire. L’exploitation des livres de police permettaient de constater l’achat de métaux en grande quantité (près de 20 tonnes) auprès de membres de trois familles défavorablement connues des services judiciaires, domiciliées dans la zone impactée par les vols à savoir Prayssac, Puy-l’Evêque, Castelfranc, Duravel, Vire-sur-Lot, Fumel et Tournon d’Agenais.
Les mesures de surveillance, géolocalisation et interception téléphonique permettaient d’établir que la plupart des lignes mises sous surveillance étaient utilisées par les compagnes des mis en cause et que ces dernières étaient parties prenantes des faits.
Ces investigations révélaient une organisation criminelle avec 3 équipes de voleurs, agissant en famille et/ou en couple ; un transporteur, des receleurs et des revendeurs
Après la constitution d’un groupe d’enquête dès octobre 2023, des interpellations sont intervenues dès le mardi 9 janvier 2024.
15 gardes à vue ont été prises des chefs d’association de malfaiteurs, blanchiment, vol en bande organisée, recel en bande organisée et autant en audition libre de mis en cause. La plupart des plus impliqués sont défavorablement connus des services judiciaires, sans emploi, et âgés de 20 à 30 ans.
Ont été saisis :
– 23 véhicules (AUDI, BMW, DS, utilitaire),
– 6000 euros en liquide
– 12 000 euros sur un compte bancaire
– De la Hifi (4 TV, 10 PS4 et PS5),
– 8,1 tonnes de cuivre (pour un montant estimé à 60 000 euros).
– Tout un outillage destiné à ce trafic.
– Des armes à feu (2 armes de poing et 9 fusils de chasse), faisant l’objet d’une procédure distincte.
Dans les auditions, à ce stade, certains, les moins impliqués, reconnaissent une participation tout en la minimisant. D’autres ne s’expliquent pas. D’autres nient les faits. La plupart assimilent ceci à de la simple récupération de métaux, alors que dans de nombreux cas des poteaux électriques étaient carrément arrachés.
Sur les suites judiciaires, des défèrements vont intervenir demain dans la journée dans le cadre de comparution à délai différé, avec des réquisitions aux fins de placement en détention provisoire pour 6 gardés à vue les plus impliqués. Les autres feront l’objet de convocation ultérieure devant le tribunal, de type CRPC ou ordonnance pénale.
S’agissant du mode de poursuite « CDD », il s’agit pour le parquet de faire chiffrer précisément le préjudice total et avoir une actualisation du patrimoine, surtout bancaire, des mis en cause dans un but de saisie supplémentaire.
Le dossier sera jugé au fond le 5 mars 24.
La gérante de la société lotoise qui a permis l’écoulement des métaux est déférée ce jour dans le cadre d’une convocation par procès-verbal avec contrôle judiciaire comportant l’interdiction d’exercer et un cautionnement. Elle avait été déjà condamnée en 2020 pour des faits similaires (blanchiment, travail dissimulé) à Clermont -Ferrand. Elle sera jugée en juin 2024. Elle encourt notamment une interdiction judiciaire de gérer à vie. »
> Le 9 janvier, l’opération, sous l’autorité du colonel Bertrand Loddé, a mobilisé 220 gendarmes dont une centaine de gendarmes lotois, 6 PSIG, un hélicoptère et 4 équipes cynophiles dont une de Gramat.
Photos Gendarmerie du Lot