Trois hommes accusés d’avoir volé un coffre-fort rempli de fusils en se faisant passer pour la Saur
Le couple cambriolé était âgé de 73 et 79 ans. Ils ont réussi à actionner la sonnette d’alarme pour faire fuir les hommes.
Le doute profitera-t-il à l’accusé ? La présomption d’innocence était au cœur des débats ce jeudi 16 novembre au tribunal correctionnel de Cahors. Trois hommes étaient jugés pour vol par ruse, et ce en état de récidive légale, après être entrés dans une maison en se faisant passer pour des employés de la Saur. Ils ont dérobé un coffre-fort contenant des armes à feu.
« Ils ont vécu dans la peur pendant des mois », témoigne la fille d’une des deux victimes. Me Yassfy, avocat de la deuxième partie civile, renchérit : « C’est un traumatisme terrible pour ma cliente. Elle a dû quitter la région après cela ». Absent à l’audience, le couple de septuagénaires a été fortement impacté par l’affaire. Le 7 avril 2021, à Saint-Médard-de-Presque, en pleine crise du Covid, un homme portant un masque sur son visage sonne à leur porte. A la femme qui lui ouvre, il explique qu’il est un employé de la Saur. Prétextant une coupure d’eau, il l’entraîne au sous-sol de leur maison pour examiner l’arrivée d’eau. Quelques minutes après, son mari la suit, faisant l’objet du même stratagème de la part d’un autre homme également masqué. Méfiante, la femme décide de suivre un des deux hommes qui est en train de remonter. Elle aperçoit alors deux autres individus en train de voler leur coffre-fort. Elle a tout juste le temps d’appuyer sur la sonnette d’alarme avant qu’un des hommes n’arrache le dispositif de sécurité. Puis les quatre individus s’enfuient en voiture.
Interrogés par les gendarmes, deux voisins expliquent avoir vu le groupe s’engouffrer dans une voiture blanche avec des jantes particulières et s’éloigner en trombe de l’habitation alors que le coffre du véhicule était à moitié ouvert. De plus, sur les vidéos des caméras de surveillance d’une entreprise privée qui se trouve dans les environs, ils repèrent une voiture correspondant à ce signalement, et dont la plaque d’immatriculation est en partie masquée, aller et venir aux horaires correspondant au cambriolage. Ils identifient son propriétaire mais les gendarmes estiment qu’une intervention est trop dangereuse, les hommes pouvant toujours être en possession des fusils volés. Ils mettent alors en place une surveillance du camp de gens du voyage où vit leur principal suspect. Le lendemain, ladite voiture blanche en sort à toute vitesse sans que les gendarmes n’engagent de filature. Elle sera finalement revendue à un garage douteux.
Quatre jours après les faits, le coffre-fort du couple est retrouvé dans un bâtiment agricole. Il a été ouvert, vidé de son contenu et entièrement calciné. Les gendarmes décident finalement de perquisitionner la caravane du suspect. L’individu en question n’y est pas mais ils trouvent là-bas des affaires d’un deuxième homme et une facture au nom d’un troisième, tous deux domiciliés à Limoges. Leurs téléphones sont mis sous surveillance mais ils s’avèrent qu’ils étaient tous éteints au moment des faits. « Ils devaient être atteints d’une maladie étrange », ironise le président du tribunal. Celui-ci devait donc juger les trois hommes ce jeudi à partir de ces éléments.
A la barre, personne ne reconnaît les faits. Le propriétaire de la voiture explique que celle-ci est souvent empruntée par d’autres personnes et qu’il ne vérifie pas toutes ses allées et venues. L’interrogatoire du tribunal est long, les explications des trois hommes rocambolesques. Ils parlent de liaisons extraconjugales et de combats de coqs sans lien évident avec l’affaire. Le parquet requiert 30 mois d’emprisonnement dont 8 assortis d’un sursis probatoire pour deux d’entre eux et 36 mois d’emprisonnement dont 6 assortis d’un sursis probatoire pour le troisième. La défense s’insurge : « Ce ne sont que des suppositions ! », s’exclame Me Pronzac. « Quand on voit leur casier, quand on les entend parler, oui ils ont le profil. Mais vous n’avez pas la certitude que c’est bien eux qui ont commis les faits », ajoute son confrère.
L’affaire est mise en délibéré au 11 janvier prochain.