Sibelle, la déception d’Émilien, le SOS de la maternité de Cahors et la non-visite du roi Charles III
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Personne ne pourra reprocher à Fabien Galthié de pratiquer on ne sait quel favoritisme à l’égard des ses compatriotes lotois… Formé à Cahors (sa famille s’est installée dans le département alors qu’il était encore tout jeune), Émilien Gailleton ne figure pas dans la liste des 33 joueurs retenus pour la coupe du monde dévoilée par le sélectionneur natif de Montgesty. Émilien aura néanmoins connu lors de ces dernières semaines de préparation sa première cape tricolore avec les « A » face aux Écossais. « Il a tout l’avenir devant lui. Il vient juste d’ailleurs de fêter ses 20 ans. On comprend qu’il soit déçu mais ce n’est que partie remise. Du reste, Fabien Galthié lui-même avait dû attendre deux ans de plus en son temps pour connaître ses premiers frissons avec le XV de France » remarque ma protégée féline, que je ne savais pas si intéressée par le ballon ovale. On sait par ailleurs que le jeune Lotois a la tête bien faite. Présenté par nombre d’observateurs comme le futur prodige tricolore et même parfois comme un « ovni », combinant précocité et talent, il répondait tout récemment à nos confrères de TF1 : « Mon entourage est très sain et me permet de garder les pieds sur terre. Il faut éviter de penser à tout ce qui peut te faire partir dans les étoiles. Je lis au minimum ce qui se dit sur moi, même si c’est positif. Je préfère me concentrer sur mes entraînements, mes matchs, ma performance. Je passe mon temps libre avec des personnes saines qui ne me donnent pas la grosse tête. » Sibelle me fait un clin d’œil : « Ah, c’est bien vrai ! Avoir un bon entourage, c’est primordial ! »
Mardi._ Douche froide en pleine canicule. La maternité de Cahors a fermé ses portes l’espace d’un week-end en raison d’un manque de pédiatres. Pour être précis, ce sont les accouchements qui furent « délocalisés » sur Montauban ou Brive, par exemple. Les élus de tous bords montent au créneau. L’ARS se veut rassurante. Chacun sait cette question particulièrement cruciale. Non seulement pour les femmes concernées qui arrivent au terme de leur grossesse. Mais aussi, évidemment, pour le département dans son ensemble. D’une manière générale, travailler à l’attractivité du Lot et au dynamisme du territoire (démographique, économique, culturel…) n’a pas de sens si l’offre de soins tout comme le maintien des infrastructures scolaires et les services publics « de base » sont défaillants. Le maire de Cahors Jean-Marc Vayssouze, le maire de Cahors (et par ailleurs candidat aux sénatoriales) accuse. Il regrette (c’est un euphémisme) « l’absence coupable d’anticipation de celles et ceux qui, au plus haut sommet de l’État, ont pendant des décennies sous-estimé le danger dans lequel notre système de santé allait se retrouver. » Dans un autre registre, mais important également pour préserver l’attractivité du Lot, Sibelle pointe les transports. Mademoiselle était en goguette cette semaine. Elle a effectué un aller-retour à Toulouse. Quand elle est rentrée, son train (un Intercités) s’arrêtait à Cahors à 17 h 43. Hélas, trois fois hélas : le car qui dessert notre village (sur la ligne 810 vers Monsempron-Libos) part de la gare à 17 h 40. C’est ballot.
Mercredi._ Le Lot est passé en rouge. Alerte canicule. Le thermomètre franchit le cap des 40 degrés. Et au plus frais (c’est une façon de parler) de la nuit, on est encore au-dessus des 20. « C’est bien simple, dès que je sors de la maison, j’ai l’impression que je passe sous un immense sèche-cheveux. Je suis comme figée. Le monde extérieur est devenu une étuve » constate Sibelle. Plusieurs collectivités du département annoncent des mesures exceptionnelles, comme la gratuité des piscines. C’est symbolique, mais tout est bon à prendre. Reste que si ces épisodes exceptionnels finissent par devenir habituels, ce sont bien nos modes de vie qu’il faudra adapter. Reprendre le travail plus tard après la pause du midi et décaler certains repas par exemple. Ma protégée frissonne malgré la canicule. « Attendre 22 heures pour dîner ? » Je dois la raisonner. Elle était déjà prête à alerter la fondation Brigitte Bardot.
Jeudi._ Pendant qu’une partie de la France tente (malgré les chaleurs) de profiter de ses derniers jours de congés (et l’on a aussi une pensée pour les commerces et professionnels saisonniers), le monde continue de tourner. Très vite. Trop vite. Brutalement. Dans les journaux du jour, on évoque la mort dans un crash d’avion d’Evgeni Prigojine, chef de la milice Wagner. Deux mois jour pour jour après une tentative de mutinerie interrompue aux portes de Moscou. Dans leur immense majorité, les observateurs et commentateurs pensent que Vladimir Poutine est derrière cet accident… Il n’aurait pas pardonné d’avoir été trahi par celui, en Afrique puis en Ukraine, qui était devenu avec son aval le chef d’une milice privée finalement plus efficiente que l’armée officielle elle- même. Dans un passé récent, il est vrai que nombre d’opposants ou de personnalités russes furent victimes de malencontreuses chutes dans le vide alors qu’ils ouvraient une fenêtre pour prendre l’air, d’empoisonnements inexpliqués alors qu’ils avaient simplement dégusté un sandwich, de noyades accidentelles alors qu’ils se baignaient dans un pédiluve. Bref. Pour l’instant, l’enquête officielle ne fait que débuter. Une certitude : Sibelle est hors de cause. Même si elle a toujours détesté Wagner (le musicien).
Vendredi._ C’est officiel. Annulée en mars pour cause d’agitation sociale (contre la réforme des retraites), la visite d’État du roi Charles III en France aura bien lieu du 20 au 23 septembre, a annoncé le palais de l’Elysée. Outre Paris, le monarque se rendra également à Bordeaux. Cela chagrine ma protégée féline. Elle rêvait d’une étape lotoise pour Sa Majesté. Et imaginait déjà que l’auguste train royal honore de son lustre étincelant la toute nouvelle gare de Figeac, qui sera officiellement inaugurée jeudi prochain. On aurait proposé à Charles III de parapher le livre d’or du musée des Ecritures. Il est des hiéroglyphes qui ont plus de valeur que d’autres, non ? Puis le convoi officiel aurait gagné Cahors via la vallée du Célé. Une pause aurait suivi pour que le monarque ami admire le chemin de halage creusé dans la roche à Bouziès ainsi que son étonnant château des Anglais. Enfin, près de Cahors, le roi aurait pu goûter un grand cru de malbec dont jadis, ses ancêtres dit-on étaient si friands. « Tant pis, et puis de toute façon, moi, j’ai déjà mon prince… » me glisse, affectueuse et flatteuse, ma tigresse domestique.
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