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Sibelle, les fleurs du 8 mai, le nouveau défi du député et les bébés du confinement 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ Il est des jours fériés pas tout-à-fait comme les autres. En ce 8 mai, la France comme d’autres pays alliés commémore la victoire face à l’Allemagne nazie et donc, la fin en Europe de la Seconde guerre mondiale. Passons sur les errements de certains messages officiels : il s’est agi alors d’une capitulation sans conditions, et non d’un armistice (comme en 1918 ou 1940) dont les clauses donnent lieu à négociations… Dans le Lot, après une matinée grisâtre, le soleil se montre généreux dans l’après-midi. Avec Sibelle, nous en profitons pour aller nous balader sur le marché aux fleurs de Caillac. Il y a foule. Ma protégée féline me conseille sur le choix de nos futures jardinières. Et soudain, elle s’arrête net. « J’essaie d’imaginer la surface nécessaire dont il faudrait disposer pour qu’une simple fleur symbolise la mémoire de chacune des millions de victimes militaires ou civiles de cette guerre » souffle ma protégée. Qui a déjà cheminé dans un de ces immenses cimetières, dans le nord ou dans l’est du pays, ou encore en Normandie, où reposent les dites victimes, comprend ce qu’elle veut dire. A raison d’une ou deux fleurs par mètre carré, il faudrait plusieurs dizaines de km2. Nous rentrons à la maison encore tout bouleversés par ces calculs et nous ne pouvons chasser de nos esprits les images en noir et blanc des archives qui défilent souvent à la télé, de la percée allemande à Sedan (ma ville d’origine) aux plages de Dunkerque de 40 et à celles du D-Day de juin 44, ces images de Stalingrad, celles des civils hébétés s’enfuyant sur les routes ou se protégeant des bombes, celles des camps de concentration ou d’extermination, évidemment, de ces enclaves impensables où l’humanité se révéla plus inhumaine que jamais. De retour sur les hauteurs du vieux village, sur le bolet, nous avons commencé à replanter les quelques fleurs achetées à Caillac. Et avec Sibelle, nous avons pleuré. Comme désespérés de constater que tant d’indices nous laissent craindre que les leçons de la Seconde guerre n’ont pas toutes été tirées. 

Mardi._ Le député Pradié continue de secouer le cocotier des Républicains. Avec un de ses collègues frondeurs, après les retraites, dans une tribune, il monte au créneau sur un autre sujet sensible, et pas seulement à droite : l’immigration. Il décrit « un chaos » qui bouleverse le pays et appelle à un référendum. Il suggère par exemple que l’on ne délivre plus « aucun titre de séjour pour motif économique si l’emploi occupé par l’étranger n’est pas payé 2 ou 3 fois le SMIC selon les branches ». Le député dénonce en parallèle « la vision néo-coloniale de la majorité présidentielle consistant à faire appel à de la main d’œuvre étrangère à bas-coût pour occuper les postes dont les demandeurs d’emploi nationaux ne voudraient pas ». Le reste est plus conforme aux traditionnels propos sur le sujet entendus à droite et même parfois plus à droite, pointant un « contrat social menacé par l’immigration de masse » et appelant à « la fin du système de « pompe aspirante » en conditionnant à 5 années de présence légale sur le territoire l’accès aux prestations non contributives ». Les premiers retours, dans le propre camp de Monsieur Pradié, sont plus que réservés. Des observateurs évoquent même un « flop ». Avec Sibelle, nous essayons de rester prudents. Mais il y a des aspects dans ce discours qui interrogent, même s’il se démarque certes de quelques ténors des LR, à commencer par Eric Ciotti. Où va vraiment l’enfant de Labastide-Murat ? Sibelle avance une hypothèse : « Peut-être nourrit-il l’espoir qu’avec le temps, ses adversaires vont un à un déposer les armes. Peut-être se voit-il, au bout d’un long chemin, émerger en vainqueur d’une longue bataille fratricide. Et ainsi espère-t-il que d’ici quelques années, un de ses fidèles, tel Joachim Murat se tournant vers Napoléon après la victoire d’Iéna, lui déclarera : « Sire, le combat finit faute de combattants… » ? » 

Mercredi._ Medialot rend compte de la visite sur le territoire de Cauvaldor d’un médecin lituanien et de son conjoint. Un élu du cru leur a présenté tous les avantages, professionnels ou personnels, qu’il y aurait à s’installer ici. Nous en sommes là. Chacun, dans le pays, y va de ses programmes incitatifs pour faire venir des médecins, jeunes ou moins jeunes. On promet des aides, des locaux, des équipes polyvalentes pour assurer une offre de soins performante, on vante ici le cadre de vie, là des revenus confortables. Certaines collectivités achètent même des encarts publicitaires, tournent des clips, et à Sedan, les édiles ont tout bonnement prévu de baptiser les rues de la ville des noms des médecins spécialistes qui accepteront de renforcer la maternité de la ville menacée de fermeture. « On souhaite plein succès à tous ces élus qui se battent contre des déserts médicaux chaque jour plus vastes, plus nombreux » soupire Sibelle. Qui ajoute : « Mais une chose est sûre. Notre système de santé n’est pas malade. C’est plus compliqué. Il ressemble à une équipe de football qui continue de marquer des buts mais qui n’a plus personne pour défendre. Bref, qui est en sous-effectif. » Ouf. J’avais peur qu’une énième fois, elle ne ressorte ce fameux slogan du cher Maurice Faure et que dans le Lot, pour attirer des toubibs, on leur dise simplement mais avec conviction : « Nous sommes pauvres, mais nous beaux. » 

Jeudi._ On apprend qu’un bagage abandonné dans un TER en gare de Cahors a nécessité par précaution l’appel à des démineurs. La gare a donc été évacuée et fermée pendant près de trois heures. Entre retards, travaux, trains supprimés pour X raisons, une question se pose donc encore et toujours, chaque semaine : pourquoi le sort s’acharne-t-il à ce point sur la ligne POLT et donc la gare de note bonne ville ? 

Vendredi._ Le Figaro cite une étude l’Insee et s’inquiète : « 1816 bébés en moyenne sont nés chaque jour sur le territoire en mars, contre 1825 en janvier et 1876 en février. C’est 7% de moins qu’en mars 2020… » Nos confrères relèvent encore : « L’Occitanie enregistre l’inclinaison la plus importante ces deux dernières années, avec une chute de 11% de naissances. » Mais la tendance est plus inquiétante si l’on prend du recul. En France, « le bilan démographique 2022 de l’institut recensait déjà le nombre de naissances le plus faible depuis 1946. » L’exception reste la période Covid. « La proportion de naissances a rebondi en mars et avril 2021, de même qu’à partir d’août 2021 où, jusqu’à la fin de l’année, le nombre de naissances a été chaque mois «très supérieur» à celui des mêmes mois de 2020. » Les confinements ont été synonymes, donc, de périodes… fécondes. A la manière de cette panne d’électricité géante qui, à New-York, jadis, fut suivie neuf mois plus tard par une explosion des naissances. Sibelle sourit : « On savait que le virus provoquait de la fièvre. Mais à ce point… » 

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