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Harcèlement moral au commissariat d’Agen : « J’ai pensé à me mettre une balle dans la tête »


Un capitaine de police était poursuivi ce jeudi pour harcèlement moral à l’encontre de deux de ses subordonnées.

« Dans la police, on ne parle pas, on ne dépose pas plainte, encore moins contre un officier ». Pourtant, celle qui prononce cette phrase n’a pas hésité à briser la loi du silence ce jeudi 12 janvier devant le tribunal de Cahors. Elle, c’est une des deux victimes d’une affaire de harcèlement moral qui a eu comme décor le commissariat d’Agen entre juin 2017 et mars 2021. De l’autre côté de la salle d’audience, le prévenu est leur ancien supérieur, un capitaine de police toujours en activité.

Remarques désobligeantes, plaisanteries graveleuses, excès d’autoritarisme, remise en question de ses compétences professionnelles et personnelles … tel était le quotidien décrit par la première victime. Il y a aussi cette fois où le prévenu aurait montré sa braguette en lui disant « on peut s’arranger ». Et puis ces dossiers jetés avec dédain sur son bureau. Le « Au-revoir connasse » lancé un soir, prétendument sur le ton de la plaisanterie. Pour la jeune femme, les conséquences se font vite sentir. « Mon état de santé s’est dégradé, j’ai eu des problèmes de dos. Je pensais à cela tout le temps. Même chez moi je m’isolais, je n’arrivais plus à m’occuper de mes enfants », confie celle qui souffre encore d’une détresse psychique selon l’expert.

Le témoignage de la deuxième victime est tout aussi éloquent. Entres autres faits de harcèlement, le prévenu l’aurait accusée d’avoir violenté une femme en garde à vue. « Plusieurs collègues sont allés le voir pour démentir cette accusation. Il m’a quand même hurlé dessus en me disant qu’il allait me détruire et détruire ma carrière. Là, j’ai pété un plomb. Alors il s’est arrêté et m’a regardé d’un air dédaigneux. Il m’a dit : « Ah ! Vous voyez que vous êtes violente ». Il n’y a eu aucune suite après cela, c’était gratuit ». L’homme l’a également faussement accusée d’avoir simulé une fellation à un autre fonctionnaire publiquement et aurait fait circuler des rumeurs selon lesquelles elle entretenait des relations sexuelles avec ses collègues. Poussée à bout, la femme finit par être hospitalisée. « Nos appels au secours n’ont pas été entendus. Moi aussi, j’ai pensé à me mettre une balle dans la tête ». Les deux femmes ont chacune eu un arrêt maladie qui a duré près d’un an et sont toujours suivies par leur psychiatre. La seconde est encore sous traitement.

Père de famille âgé d’une cinquantaine d’années, le prévenu a gravi les échelons de la police en interne avant d’arriver à Agen il y a dix ans. « Pensez-vous que vous avez une personnalité rigide ? » lui demande son avocate. « Oui, admet l’homme. Je suis fils de militaire, j’ai été éduqué avec des valeurs. J’ai travaillé en Alsace. Là-bas on me disait que j’étais trop laxiste. A Agen, on me dit que je suis trop rigide. J’aurais dû m’arrêter entre les deux ». L’homme a réponse à tout. Pourtant, il assure avoir eu « une prise de conscience » et est suivi par un psychologue depuis deux ans. « Pensez-vous que vous avez un manque de confiance en vous ? », renchérit l’avocate. « Certainement » avance le prévenu. L’expert psychiatre note chez lui « une hiérarchisation rigide, sadique et obsessionnelle des relations professionnelles ». Quand la partie civile parle de harcèlement moral, son avocate et lui préfèrent évoquer les dysfonctionnements du commissariat d’Agen. « Je n’ai aucun dédain pour les fonctionnaires de police, ce sont mes collègues », ajoute-t-il.

Pour Me Bruneau, l’avocat des parties civiles, il ne faut pas confondre le harcèlement moral avec la souffrance au travail ou des situations de travail dégradantes ou même un management autoritaire. « Le prévenu a outrepassé son pouvoir de direction. Ce qui constitue le harcèlement moral, c’est la répétition des faits. La question n’est pas de savoir s’il a voulu nuire aux victimes mais si ce qu’il a dit et fait est contraire à la loi », souligne-t-il. Au titre du préjudice moral, l’avocat demande 8000 euros pour chacune de ses clientes. « Elles ont été cassées de l’intérieur. A la barre, elles n’ont pas craqué car elles ne voulaient pas offrir cela au prévenu, mais elles sont encore friables ».

Selon le procureur, qui requiert 6 mois d’emprisonnement avec sursis et 3000 euros d’amende, le prévenu n’est « pas un monstre ni un mauvais policier », mais un « harceleur particulièrement misogyne et sexiste ». Dans son enquête, l’IGPN a recueilli une multitude de témoignages. Parmi eux, 6 fonctionnaires soutiennent entièrement le prévenu, 8 confirment qu’il faisait preuve de rigidité mais sans se prononcer plus, et 14 se montrent extrêmement critiques envers lui. D’ailleurs, le procureur n’hésite pas à répéter les paroles de ses derniers : « Il a sa tête de turc », « Il vous pousse à bout jusqu’à ce que vous partiez », « Il prend un malin plaisir à dénigrer le personnel féminin ». Aujourd’hui, le prévenu a été muté dans un autre commissariat. Une procédure disciplinaire est en cours.

« La plupart des témoins racontent ce qui a pu leur être rapporté. On est sur du ressenti. Ou alors il y a cinq ou six autres victimes potentielles et le parquet aurait dû poursuivre. On ne peut pas s’appuyer sur des moitiés de témoignages !, s’exclame Me De Behr. Il y a toujours une part d’interprétation. Je considère qu’il y a un doute sur le fait que cet homme, qui n’a jamais démérité, a commis une quelconque infraction ». L’affaire a été mise en délibéré au 9 mars.

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