Pour la presse parisienne, « on ne peut résister à l’appel des cafés de Cahors »
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– Où il encore question de trafic ferroviaire pour entamer notre rendez-vous dominical. Cette fois, pas question de la ligne POLT mais de la coopérative Railcoop, basée dans le Lot. Nos confrères de Brut ont publié vendredi un reportage vidéo sur Twitter : « En faisant du neuf avec du vieux, ils veulent ressusciter la ligne de train Bordeaux-Lyon et créer une alternative à l’avion. Brut a visité le premier train coopératif de France. » De fait, les images permettent de découvrir les rames TER (rachetées à la SNCF), actuellement en cours de relooking dans des ateliers spécialisés à Clermont-Ferrand et qui devraient entamer leurs premiers allers-retours entre Lyon et Bordeaux via l’Auvergne et le Périgord courant 2023. Nicolas Debaisieux, directeur général, explique à nos collègues : « Il faut qu’on démontre que ces lignes transversales, elles vont apporter quelque choses aux populations et pour les territoires, et que cela vaut le coup de réinvestir sur tout ce réseau qui a été depuis une trentaine d’années complètement abandonné. »
– Devenu l’une des vedettes de LCI, Darius Rochebin a choisi de poster des extraits d’un des derniers grands discours de François Mitterrand lié au devenir de l’Europe. Explication du confrère : « L’esprit européen et l’humour en prime alors que des tensions renaissent au sein de l’UE. » En raison, ajoutons-nous, de la guerre en Ukraine et de ses conséquences sur les coûts de l’énergie, et du cavalier seul que semble effectuer l’Allemagne sur le sujet… Dans ce discours, François Mitterrand déclarait : « L’ennemi traditionnel ! On en a changé de siècle en siècle. La France a combattu tous les pays d’Europe à l’exception du Danemark – on se demande pourquoi d’ailleurs. » Des propos qui évidemment résonnent de manière singulière à Cahors et dans le Lot !
– On enchaîne avec d’autres amoureux du Lot. Artiste irlandaise établie en Quercy, Pamela Angus poste sur Twitter de belles photos du marché de Cahors aux couleurs de l’automne et de ses produits. « L’un des plus beaux du genre, en plein air ou sous la halle » répond un autre connaisseur, l’ancien parlementaire britannique Ian Colin Taylor. Thank you !
– Notre (première) plongée dans les archives de cette chronique. Vous trouvez anormal ce mois d’octobre aussi clément ? Pas question certes de contester le réchauffement climatique, mais on a déjà connu ici des automnes très chauds. La preuve avec cette brève publiée dans La Croix le 5 novembre 1893 : « NOUVEAU PRINTEMPS. A Cahors, la végétation semble renaître. Dans beaucoup de jardins, des lilas sont en pleine floraison, et, au faubourg Cabessut, on récolte des fraises parfaitement mûres. A Puy-l’Evêque, les pruniers sont couverts de fleurs. Enfin, les oiseaux eux mêmes, trompés par la douceur de la température et un beau soleil, font leurs nids tout comme au printemps. Plusieurs nids d’oiseaux, garnis d’oeufs, ont été vus dans les bois de Cuzouls, près de Vers. Le soleil aurait-il quitté Nice pour se fixer à Cahors ? »
– Seconde plongée dans le rétroviseur avec un long article publié le 19 septembre 1931 dans Le Petit Parisien. L’écrivain Henri Clouard propose une visite de Cahors et pose un regard drôle et sans fard sur ses habitants. Une promenade littéraire et érudite, avec quelques jugements qui tiennent de la sociologie de comptoir. Mais parfois assez justes. Voici… « Cahors aime surprendre le voyageur par son profil oriental. Alors, c’est un hérissement fier d’architectures groupées dans juste assez d’espace pour les mettre en valeur. Un clocher et son clocheton sur la masse de la cathédrale, le donjon d’un ancien château fort, des bastions, des courbes d’abside. Voici une flèche, puis deux tours, trois tours, une plate-forme crénelée et je ne sais combien de tourelles. Les cheminées mêmes de Cahors prennent dans cet ensemble un aspect de fortifications et un caractère d’histoire. »
– « Cette surprenante vision s’encadre dans une boucle du Lot, profonde et large, qui fait le tour presque entier de la ville et qui, pour cette possession, se double d’un cirque de collines. On pourrait comparer Cahors à une acropole. On l’a comparé à un guerrier bardé de fer. Mais regardez-le mieux. Il y a la grâce incomparable du Lot autour de lui. Il y a une multitude de treilles et de tonnelles, une escalade innombrable du lierre ; il y a la verdure des marronniers, des platanes, des ormes, des figuiers qui déborde sur la bigarrure des briques, des pierres, des tuiles, des ardoises; car la couleur de Cahors est unique du gris, du blanc, du rose, du rouge, du vert, de l’ocre. Jamais la nature n’a composé avec les hommes une harmonie plus heureuse à l’œil ; jamais la première apparition d’une ville ne présentera les deux visages de son passé et de son présent plus intimement réunis. »
– « C’est peut-être pour cela que Cahors se laisse vivre, prend la vie comme elle vient. (…) L’avouerai-je ? On ne peut résister à l’appel des cafés de Cahors. Ils ont des noms délicieux et leur situation est privilégiée. Ils se tiennent en bordure d’un des plus beaux boulevards qui soient. Large et planté de hauts platanes, il trace de belles lignes droites, puis décrit une noble courbe tout en montant assez pour donner du pittoresque au décor. Naturellement, il passe devant presque tous les monuments importants : Théâtre, Bibliothèque, Mairie, Palais de justice. Au premier étage des maisons, sur le côté droit, des terrains sont arrangés en jardins suspendus, et ce sont de charmantes loges pour regarder le spectacle de toute une ville qui trouve le moyen de défiler dans la journée sur son boulevard dont elle est fière, Il est magnifique ; il se déroule sur l’emplacement des anciens remparts ; il s’appelle boulevard Gambetta, et Gambetta est d’ici on vous montrera, sa maison natale. Je contemple le même spectacle d’une autre terrasse, celle du grand café de Cahors, où l’on m’a fait payer ma tasse vingt sous. Et tout autour de moi j’entends commerçants, fonctionnaires, petits propriétaires, jeunes gens, rire, bavarder, discuter, un peu trop de politique, presque jamais d’affaires. Je me sens au centre d’une activité civique et sonore. Cahors a son forum. »
– « Et vraiment, ce rappel antique n’est pas de trop pour m’aider à rassembler des souvenirs d’histoire dont j’ai peine à ne pas croire qu’ils ne sont que légende. Mais non. Tout en haut du boulevard Gambetta, un Arc de Diane en ruine fut la grande entrée de thermes importants. On voyait encore, il y a cent ans, les restes d’un théâtre, d’un aqueduc romains et, il y a deux mille ans, les matrones romaines faisaient venir de Cahors leurs étoffes de lin. En face, la Tour de Jean XXII, qui est du XIVème siècle, veille sur le souvenir d’un palais somptueux que ce pape, fils de Cahors, fit construire pour sa famille. Tandis qu’il faisait d’Avignon le centre de la chrétienté, il éblouissait sa ville natale de son faste. Cahors a été quelque chose comme la dernière ville française des papes. Franchement, est-ce qu’on peut se faire à l’idée que ce modeste chef-lieu a compté dans ses murs, pendant trois siècles, 4 000 étudiants, dont certains venaient jusque d’Espagne, jusque d’Allemagne ? Pourtant, il a eu, du XIVème au XVIIème siècle, son université, ses quatre facultés de théologie, de droit, de médecine et d’arts. Cujas y enseigna. Marot, Olivier de Magny, Fénelon y étudièrent. »
– « Autre mirage sur le passé. Ne fut-il pas un temps où les ordres des banquiers de Cahors, Cahorcins ou Lombards, relevaient et abattaient les courages du travail et de la production dans l’Occident ? Bref, Cahors a été un des grands noms de l’Europe à la fin du moyen âge ; le passé de Cahors fut éclatant avec invraisemblance. Si Dante a mis dans le même cercle de l’Enfer Cahors et Sodome, soyez sûrs que c’est par jalousie chauvine. Et ne vous étonnez point qu’une telle ville ait été convoitée, attaquée, prise et délivrée au cours des siècles, plusieurs fois détruite et reconstruite. Les témoins des guerres ancestrales sont partout. La cathédrale elle-même, qui est des XIIème, XIIIème, XIVème et XVème siècles, a une façade qui barre le chemin plus qu’elle n’invite à prier. (…) Qu’est-il donc arrivé à Cahors ? (…) Comment Toulouse l’a-t-elle abattu, après des siècles de rivalité, s’appropriant en butin cour des Aides et université ? La destinée des villes a son mystère (…). »
– « Les marchés de Cahors ont gardé de l’importance. Les paysans du Haut-Quercy y arrivent en nombre chaque samedi. Et c’est encore ici qu’ils portent leurs économies jusque des plateaux des Causses. Tandis que j’achetais un carnet de timbres à la poste, au guichet de la caisse d’épargne, un vieux paysan de Gramat ou de Livernon déposait 20.000 francs en billets de cent qu’il sortit d’un vieux portefeuille et compta méticuleusement. On lui dit que le reçu ne serait prêt que dans quelques jours et que, pour ne pas revenir de si loin, il pourrait le trouver à un bourg voisin du sien, car du sien il ne voulait entendre parler, il ne faut pas faire d’envieux autour de soi. – Mais est-ce que ça me rapportera la même chose ? On le rassura avec assez de peine. (…) »
– « Cahors reste donc capitale paysanne. Il a aussi de modestes mais très appréciables industries, conserve, truffes et foies gras, distille des liqueurs, expédie des primeurs et des fruits. Il n’est pas médiocrement fier des fromages de brebis onctueux et fins, appelés « rocamadours », que produisent les Causses et qu’il centralise. Gambetta, chez Larue, les célébrait de son éloquence lyrique. Un érudit local prétend que le corbeau de La Fontaine tenant en son bec un fromage tout entier et qui avait bonne odeur, ce fromage ne pouvait être qu’un de ces petits, odorants et singuliers rocamadours. (…) Et voilà pourquoi, à l’heure d’avant dîner où les gens de Figeac s’enferment dans leurs vieux logis, honneur de la ville, où les gens de Gourdon, contents de leur commerce de noix, se dispersent dans les jardins qui s’appuient aux restes de remparts, les gens de Cahors, satisfaits de l’existence, montent et descendent leur boulevard. »