L’hôpital de Cahors félicité et la visite très arrosée d’un ministre à Gourdon
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– Quelques nouvelles de nos parlementaires. Après une escapade à Cannes pour tenter sans doute de rallier à sa cause David Lisnard, premier magistrat de la ville et président de l’influente Association des Maires de France, le député Aurélien Pradié a pu constater cette semaine que l’hypothèse d’un troisième homme dans la course à la présidence des Républicains prenait forme. C’était à lire dans L’Opinion. Il s’agit du patron des sénateurs LR et ancien bras droit de François Fillon, Bruno Retailleau. « Il prépare sa candidature pour éviter un duel Ciotti- Pradié »… Quant à la sénatrice Angèle Préville, elle a participé lors des journées du PS à Blois à un atelier sur le « toxiscore » (système d’étiquetage visant à évaluer les risques des produits de consommation). L’environnement et la sauvegarde de la planète figurent parmi les priorités de la sénatrice. Au cœur de l’été elle avait cosigné une tribune pour inciter à une moindre consommation de l’eau en bouteille plastique. Avec ce slogan (sur un retweet) : « Vive les gourdes ! ».
– Pendant qu’on parle nature, à noter ce tweet de Franck qui a photographié dans le Quercy des moro-sphynx amateurs de perovskia (lavande). Si, vous avez déjà vu ces papillons ressemblant à des petits colibris au vol stationnaire et adorant butiner via une trompe en forme de flèche… Vous aurez appris un mot !
– L’ARS d’Occitanie a relayé cette semaine sur Twitter un reportage de France Télé mettant en exergue le succès de l’expérience menée durant l’été au centre hospitalier de Cahors. Des médecins spécialistes (pneumologie, rhumatologie etc.) sont venus en renfort aux urgences à plusieurs reprises remplacer leurs collègues absents. Réflexion de Pierre Nogrette, le directeur du centre hospitalier. « Dans ce contexte (de pénurie), il est aussi bien que l’on puisse compter sur d’autres ressources, sur des professionnels médicaux formés, motivés et qui sont heureux aussi de varier leur exercice professionnel. »
– Notre plongée hebdomadaire dans les archives. Le 14 juin 1931, Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, « descend » de Paris pour présider le congrès départemental des anciens combattants du Lot qui se tient à Gourdon. Le célèbre ministre est alors contesté dans le microcosme parisien. Mais dans la capitale de la Bouriane, il est attendu comme une star. On le comprend à la lecture de ce savoureux reportage paru le 18 juin dans Candide, « Grand hebdomadaire parisien et littéraire » (c’est ce qu’on lit en une), qui avait dépêché un envoyé spécial. On a bien bu et bien mangé ce jour-là, mais pas que… « Le Pèlerin de la Paix à Gourdon. Le wagon spécial qu’occupait M. Briand était resté en gare de Souillac. Mais la gare de Gourdon avait été pavoisée et un salon d’honneur avait été aménagé pour la réception de M. Briand. Afin de ne pas risquer de mécontenter qui que ce soit, M. Briand se rendit donc à la gare de Gourdon, mais en automobile. »
– « Lorsqu’il descendit de voiture, les journalistes qui l’attendaient eurent l’impression que M. Briand était fatigué, déprimé. Les acclamations qui l’accueillirent et qui devaient par la suite aller crescendo jusqu’au paroxysme métamorphosèrent miraculeusement ce vieillard abattu et las. Les voitures les plus invraisemblables encombrèrent les routes dès l ‘aube, se frayant difficilement un chemin parmi la cohue. Il y avait des carrioles, des voitures traînées par des ânes, des tacots nés vers 1910. Il y avait aussi une splendide Royal-Bugatti. Dedans se trouvait M. Henry de Jouvenel. »
– « Le banquet avait lieu sur une sorte de terrain de sport à neuf cents mètres de Gourdon. On avait dressé des piquets, fixé des bâches au- dessus des tables en planches rustiques aménagées pour 4.900 couverts. La chaleur était effroyable. Dès qu’ils furent installés à la table d’honneur, M. de Jouvenel, M. de Monzie et M. Queuille « tombèrent la veste », bientôt imités par tous les convives. Seuls M. Briand et M. Malvy conservèrent leur veston. Le concessionnaire qui fournissait le repas avait installé des barils auxquels les garçons venaient remplir les litres au fur et à mesure. Mais les malheureux avaient très soif. Ils buvaient volontiers un coup à même le goulot et les bouteilles n’arrivaient qu’à moitié pleines à destination. Les convives assoiffés hurlaient et réclamaient à boire. »
– « Les gendarmes et les gens du service d’ordre eurent vite fait de repérer les barils. A la fin du repas ils étaient tous un peu gais et très enthousiastes de la politique préconisée par M. Briand. Les bouteilles de tord-boyau disparurent en quantité industrielle. Devant la consommation imprévue de l’élément liquide du festin, le concessionnaire s’arrachait les cheveux avec désespoir. – Je suis ruiné ! clamait-il. J’en suis de ma poche sans compter le coulage ! M. Briand ne goûta pas plus le saumon que les petits pois. Il but juste un peu de bière. Les officiels se désespéraient de le voir ainsi jeûner. Mais à la vérité, avant de quitter Souillac à dix heures, le matin, M. Briand avait abondamment mangé du pâté du pays arrosé d’un délectable petit vin de Cahors. »
– « La résistance physique de M. Briand étonna tous ceux qui savaient combien il est pénible de parler en public sous un soleil torride. Pendant une heure un quart, M. Briand parla sans se ménager et sans aucune faiblesse apparente. La sueur ruisselant sur son visage semblait le laisser totalement insensible. Tout autour de la tente, sous laquelle se trouvaient les tables, une foule de quinze mille personnes, comprimée, debout, en plein soleil depuis midi attendit jusqu’à la fin du discours. Des tonnerres d’acclamations ponctuaient les périodes du discours de M. Briand. Ce n’était plus de l’enthousiasme mais une sorte de mysticisme que rien n’eût pu arrêter. »
– « M. Delport, député de Cahors et membre de l’U.R.D. fit un extraordinaire discours où, gagné par la contagion il se livra à la démagogie la plus effrénée. – Il faut réviser les pensions ! clama-t-il, augmenter les retraites des anciens combattants. Et il eut aussi cette phrase ahurissante : – Il faut aller prendre leurs sous à ceux qui n’ont pas fait la guerre ! Une voix ironique cria : – A M. Malvy, par exemple ! »
– « Elle recueillit un assez beau succès. Des haut-parleurs avaient été placés dans les étroites rues de Gourdon. Assis en famille, les bourgeois paisibles, qui redoutent la foule, écoutaient attentivement, débraillés et « à l’aise » devant des canettes de bière. On avait aménagé des « parcs » pour les autos mais les paysans méfiants avaient préféré laisser leurs voitures dans les champs. On en trouvait dans les endroits les plus incongrus. Jusqu’à deux heures du matin il y eut auprès de guimbardes calées de guingois dans les fossés des pacifistes qui trinquèrent à la santé du Pèlerin. »
– « A Souillac, des femmes barrèrent la route pour que l’auto de M. Briand fût obligée de s’arrêter. On jeta par monceaux des gerbes de fleurs. L’une d’elles tomba sur la tête du chauffeur et lui écorcha la joue. Des mères tendaient à bout de bras leurs enfants, des jeunes filles lançaient des médailles, des fétiches que M. Briand enfouissait dans sa poche, pèle- mêle, sans les regarder. L’accueil indescriptible fait à M. Briand laissa rêveurs les radicaux eux-mêmes. – Quel dilemme ! disait l’un. Ou Briand reste ministre des Affaires étrangères et ça embête la droite ou on s’en débarrasse, et il ira partout refaire son discours de Gourdon et emballera partout les foules de la même façon. Si j étais de droite je crois que j’aimerais encore mieux le laisser au Quai. On peut toujours espérer qu’il laisse de l’initiative à ses bureaux… »