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Sibelle, le Tour de France et le tour des souffrances 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Albert Londres est le saint patron laïc des journalistes. En France, le prix qui porte son nom est l’équivalent du Goncourt pour les confrères ou consœurs qui l’obtiennent, et voient ainsi l’un de leurs reportages distingué. Parce qu’ils ont appliqué avec talent les principes de notre glorieux aîné : rendre compte. C’est si simple, et si complexe. Autrement dit observer ce qui se passe, ce que l’on observe, puis décrire (avec un peu de style, c’est mieux) et rapporter les propos de celles et ceux que l’on a interrogés. Fidèlement. Mais en sélectionnant aussi ce qui est le plus explicite voire le plus édifiant. 

En 1924, ainsi, Albert Londres suit le Tour de France cycliste pour le Petit Parisien. A l’époque, les vélos sont dépourvus de tous les accessoires modernes, ils pèsent une tonne et les étapes font en moyenne 3 à 400 km. Il faut partir à l’aube et on passe la ligne d’arrivée parfois à minuit. Le tracé suit les contours de l’Hexagone. C’est-à-dire la côte du Havre à Nice et les frontières de Bayonne à Perpignan et de Nice à Dunkerque via Briançon, Gex et Strasbourg. Le dopage est le seul moyen de vaincre ces Paris-Roubaix puissance 10, ces longues heures sur des routes cabossées et pierreuses. Albert Londres fait parler les « Forçats de la Route », titre du recueil de ses articles également sous-titré : « Tour de France, tour de souffrances ». « De son sac, il sort une fiole : – Ça, c’est de la cocaïne pour les yeux, ça c’est du chloroforme pour les gencives … – Ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c’est de la pommade pour me chauffer les genoux. – Et des pilules ? Voulez-vous voir des pilules ? Tenez, voilà des pilules. Ils en sortent trois boîtes chacun. – Bref ! dit Francis, nous marchons à la dynamite. Henri reprend : – Vous ne nous avez pas encore vus au bain à l’arrivée. Payez-vous cette séance. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l’œil dans l’eau. Le soir, à notre chambre, on danse la gigue, comme saint Guy, au lieu de dormir. » Inutile de préciser que les organisateurs sont montrés du doigt. Mais il faudra attendre encore des décennies pour que l’on se soucie davantage de la santé des champions. 

Cela étant, alors que la Grande Boucle arrive vendredi dans le Lot pour une arrivée à Cahors et le lendemain un contre-la-montre entre Lacapelle et Rocamadour qui pourrait faire la décision avant le final dimanche 24 juillet sur les Champs-Elysées, les héros d’aujourd’hui demeurent d’authentiques champions. Les étapes sont moins longues, les chaussées plus roulantes, mais la vitesse moyenne du peloton a doublé. Ce sont des professionnels aguerris. Des athlètes complets. Ce n’est pas vraiment plus facile. C’est différent. Les souffrances et les déceptions d’un grimpeur stoppé en plein col par une fringale ou d’un sprinter qui échoue de quelques dixièmes sur la ligne demeurent les ingrédients d’une dramaturgie d’exception. On les attend, ces héros, avec Sibelle, pour aller leur crier « bravo et merci ! ». « Tour de France, tour de souffrances », cette formule en cette mi-juillet peut hélas être généralisée.

Entre les incendies effrayants qui ravagent la forêt landaise, le drame qui a endeuillé le feu d’artifice de Cholet, la canicule qui symbolise le climat qui se dégrade toujours davantage, la Covid qui revient encombrer nos hôpitaux et nos esprits, la hausse des prix et les efforts (certains diront « l’ordonnance salée ») que promet le Président de la république, sans parler, hors de nos frontières, de la guerre en Ukraine, l’actualité nous oblige à conclure qu’il devient presque dérisoire de compter le nombre de kilomètres de bouchons lors du nouveau chassé-croisé sur les routes des vacances. 

Et pourtant qu’il est chouette, cet été lotois. Des festivals par-ci, des fêtes et marchés par-là. Des chemins de randonnée partout. Des points de baignade itou. Des apéros aussi. Tout est réuni pour faire une pause reposante. A l’ombre si possible. Ou dans l’atmosphère apaisée (voire parfois climatisée) d’un de nos nombreux musées. Mais tiens, au fait. Où est passée Sibelle ? Où s’est cachée ma capricieuse protégée féline ? J’y songe. Elle ne serait pas en train de se préparer pour tenter de se faufiler ce vendredi soir au vernissage de l’exposition des œuvres de la Reine Margrethe II du Danemark au musée Henri-Martin. Une soixantaine de toiles, dessins ou collages qui illustrent les écrits de Tolkien. Un événement d’exception où était attendue, pour représenter la souveraine, Marie de Danemark, la seconde épouse française de son fils cadet Joachim… 

Mais non. Je retrouve finalement ma tigresse domestique penchée gravement sur un plan de Cahors. Elle consulte dans le même temps un arrêté de plusieurs pages qui précise les règles de circulation et de stationnement dans la ville préfecture à l’occasion de l’arrivée de l’antépénultième étape du Tour. Sibelle est à deux doigts de me demander un cachet d’aspirine. « Cela s’annonce très complexe » finit-elle par lâcher. De fait, l’arrivée étant jugée sur le boulevard qui coupe la ville en deux, on comprend que l’équation comprend nombre d’inconnues… « Je ne vois qu’une solution » conclut ma belle. « Quitte à s’y prendre avec pas mal d’avance pour gagner ce belvédère sans pareil, nous allons prendre de la hauteur. Et rien, aucun détail du grand spectacle ne pourra nous échapper. Jumelles à la main, nous irons nous poster sur la plateforme du Mont Saint-Cyr. » Bien vu, si j’ose dire. Sur ce, bonnes vacances aux chanceux qui en prennent et rendez-vous après le 15 août ! 

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