Des trésors perdus à Padirac au fou projet de changer les noms de rues à Cahors
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– Le gouffre de Padirac n’est plus seulement une des attractions emblématiques du tourisme lotois (et accessoirement une des meilleures caves pour nos malbecs…). Visiblement, c’est devenu aussi un très bon spot pour les athlètes de haut niveau. Mardi, la direction du Gouffre a ainsi tweeté : « Hier soir, le Gouffre de Padirac accueillait les Pompiers de Paris dans le cadre de leur formation spéciale de plongée. Ils ont profité de cet entraînement à 103 mètres sous terre pour visiter le Gouffre et débarrasser le fond de la rivière des quelques objets tombés à l’eau suite aux maladresses de certains visiteurs ! » On ignore si une expo est prévue pour présenter les trésors ainsi ramassés…
– Autre trésor naturel (et touristique) du Lot: la grotte de Pech Merle. En début de semaine, le site accueillait des chercheurs venus… d’Afrique australe ! « Deuxième jour pour la délégation du Botswana en France. Nous sommes allés dans la grotte de Pech Merle pour discuter d’art rupestre et de préservation » a expliqué sur Twitter un éminent scientifique, Laurent Bruxelles, attaché au laboratoire Traces (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés) du CNRS de Toulouse et à l’université de Johannesburg.
– On ne vendra plus d’automobiles à moteur thermique à compter de 2035. Nos confrères de Libération ont fait appel à un célèbre lotois d’adoption pour commenter l’information venue de Bruxelles cette semaine… « Fin des véhicules thermiques : la deuxième mort de Pompidou. On lui prête l’axiome «les Français, ça aime la bagnole», lui qui aimait arriver à l’Elysée au volant de sa Porsche 356 ».
– Notre plongée dans les Archives nous ramène cette semaine en 1942. Il y a pile 80 ans, alors que le pays traverse une des pires périodes de son histoire, des intellectuels lotois profitent du triomphe provisoire du pétainisme (qui flatte le régionalisme) pour imaginer débaptiser et donc rebaptiser certaines rues de Cahors. On lit ainsi dans le Journal du Lot en date du 10 juin 1942 : « Nous avons déjà commenté, il y a quelque temps, une délibération prise par la Société des Etudes du Lot touchant le nom des rues à Cahors. Il est temps, croyons-nous, d’y revenir à présent que la première effervescence est tombée et que l’on peut examiner la question sans passion et avec sang froid. Dès maintenant nous pouvons dire que la délibération de la Société nous paraît très juste et très sage. Elle ne s’inspire d’aucun esprit de parti et uniquement du souci de restituer aux appellations des rues cadurciennes le sens local et régional qu’il est si naturel de leur conserver. Elle propose de débaptiser un certain nombre de rues et elle en donne les raisons que voici : Les rues Blanqui, l’avenue JeanJaurès, la rue Emile-Zola et la rue Anatole-France, parce que ces noms leur ont été donnés dans une inspiration sectaire et — nous ajouterons — avec la volonté d’affirmer le triomphe d’une politique de parti et peut-être le plaisir secret de froisser les sentiments d’une partie de nos concitoyens. Les rues du Président-Wilson et la place Aristide- Briand, parce que ces noms — qui ne se justifient plus aujourd’hui — sont étrangers au pays. »
– Par ailleurs l’article liste des noms posant problème car désignant plusieurs lieux : « La place ou la rue de l’Abreuvoir ; la place ou la rue des Carmes ; la place ou le quai Champollion ; la rue ou l’impasse de la Chantrerie… » Suivent alors les suggestions de la SEL : « Pour éviter de confondre les membres d’une même famille et pour que le fils n’usurpe pas la gloire du père, le nom devrait être accompagné du prénom principal suivi, en-dessous, de la qualité du personnage, puis des dates de sa naissance et de sa mort. En ce qui concerne la position : les plaques devraient être ramenées à une hauteur qui en rende la lecture facile au passant et au touriste. Enfin, avant de proposer un certain nombre de noms lotois, quercynois et cadurciens accompagnés des titres qui doivent leur valoir cette illustration, la Société des Etudes du Lot insiste sur cette idée que toute cité devrait avoir désigné ses places et ses rues des noms rappelant ses gloires passées et ses enfants célèbres ou qui ont rendu de bons services au pays et à la cité. »
– C’est dans l’édition du 17 juin 1942 qu’une première liste est ainsi suggérée : « Guyon de Maleville (XVIe et XVIIe Siècles), né Cazals. Premier chroniqueur quercynois. Son manuscrit « Esbats du Maleville sur Te païs de Quercy » fut découvert en 1804 par Champollion-Figeac la Bibliothèque de Grenoble. La Société des Etudes a publié ce manuscrit dans son bulletin de 1900. Guillaume de Lacroix (1575-1614), né Cahors. Historien quercynois, auteur de l’ouvrage le plus important sorti des presses cadurciennes au XVIIe siècle [Claude Bousseau, imprimeur (1617)]. Jean de Vezins (mort en 1581). Sénéchal. Gouverneur du Quercy en 1576. Antoine du Puy (XVIIe siècle). Ecuyer, Conseiller du Roi, Professeur en l’Université de Cahors. Premier maire perpétuel de la ville (1694) dont la charge rachetée par la ville en 1699 fut exercée par les Consuls jusqu’en 1701. Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (1709- 1786). Né à Montauban, mort à Pompignan. Magistrat. Poète. Premier président de la Cour des Aides. Membre de l’Académie française. Auteur de : Poésies sacrées et discours philosophiques ; Odes ; Les travaux et les jeux ; Les Géorgiques, etc. Joseph Treneuil (1763-1818). Né à Cahors. Poète élégiaque. Chantre des Tombeaux de Saint-Denis, l’Orphelin du Temple. Le martyre de Louis XVI, etc. Saint Genulphe (IIIe siècle). Le premier évêque de Cahors vers 260. »
– « Alain de Solminihac (1593-1659). Né au château de Belet en Périgord. Abbé réformateur de l’abbaye de Chancelade, Evêque de Cahors en 1636. Réformateur du diocèse. Fondateur du Séminaire, de l’hôpital des incurables (Hospice Saint-Projet) de l’hôpital des Orphelines (aujourd’hui maison Delcros), de l’hôpital des orphelins (aujourd’hui emplacement de la Poste). Grand constructeur d’œuvres charitables.Léon Lacabane (1798-1884), né à Fons. Conservateur la Bibliothèque nationale. Professeur puis directeur à l’école des Chartes (1857). Auteur d’ouvrages historiques. Emile Dufour (1815-1872). Né à Cahors. Avocat. Historiographe quercynois. On a de lui : Etudes historiques sur le Quercy (hommes et choses 1864-1872 : L’Eglise de Cahors ; Notice sur Cahors ; Documents pour servir à l’histoire de l’ancienne province du Quercy ; Etudes sur l’assemblée provinciale de Haute-Guienne ; La commune de Cahors au Moyen-Age. Joseph Daymard (1846-1939). Né à Sérignac. Un des premiers pionniers de la cause régionaliste et touristique. Auteur de Le Vieux Cahors (1909- 1927) ; de Vieux chants populaires du Quercy. » Le 20 juin, d’autres noms étaient publiés. A lire dans une prochaine chronique…