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Sibelle, le feuilleton du soir et l’exemple de Sète (Hollywood en Occitanie) 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Tout augmente. Et pas seulement le prix du litre d’essence (ou de gasoil), celui du paquet de spaghettis ou du bocal de moutarde (si vous en trouvez). Tout augmente, y compris, sur les chaînes de télé généralistes, le lap de temps qui sépare la fin du journal de 20 heures et le début du film, du feuilleton, de l’émission de variétés ou du match de foot (chacun ses choix). Il faut glisser le bulletin météo, certes, mais aussi des pages de pub et des programmes courts qui sont sponsorisés (donc, encore de la pub, c’est la vocation desdits programmes).

Bref, quand le film commence (ou le match, ou la série), il est facile 21 heures. Et en période électorale, sur les chaînes publiques, il faut ajouter les spots de la campagne officielle. Je vous livre donc cette réflexion de ma protégé féline, cette semaine, épuisée d’attendre le début de notre programme l’autre soir : « J’en ai assez. Je vais me coucher. Je regarderai en replay demain matin. » Le problème, c’est que Sibelle se lève avec le soleil. Croyez-moi, des sirènes de police américaine ou de la musique tendance disco vintage d’un générique à 6 heures du mat’, ça pique ! 

Cela étant, avec ma protégée, ce qu’on préfère, c’est le feuilleton de la « une » de 19 h 15, « Demain nous appartient ». Mais chut, ne le répétez pas, il paraît que c’est ringard. « Nous sommes des boomers » sourit Sibelle, qui a enfin compris que ce terme à la mode venait de « baby-boom », c’est-à-dire de l’explosion des naissances qui a suivi la fin de la dernière guerre, et désigne donc les seniors. « Excuse-moi, mais je n’ai pas encore 60 ans… » suis-je obligé de lui rétorquer. Bah ! Après tout, je n’ai pas honte. Ce feuilleton à l’intrigue d’intérêt variable (ce qui permet de louper un épisode sans craindre d’être perdu) nous captive surtout par ses images. A la limite, on pourrait couper le son. Comme nombre de séries ou téléfilms français, il est tourné à Sète. Chez nous. Ou presque. En Occitanie, quoi. Les vues de la mer, des quais, de la vieille ville, de la campagne, des étangs et des marais salants : c’est cela qui nous captive, en fait. 

Voilà une ville, donc, qui a réussi sa révolution économique. L’autre dimanche, un reportage était consacré à ce mini « Hollywood » made in France. Les chiffres sont impressionnants. Les tournages qui s’enchaînent dans la cité chère à Brassens ont entraîné en quelques années la création de 600 emplois (200 CDI et 400 contrats d’intermittents du spectacle), mais aussi un regain de la construction et une flambée des prix de l’immobilier (+ 8 % en un an, + 38 % en 5 ans selon Le Figaro). Des professionnels du tourisme ont senti le vent porteur et proposent des visites guidées axées sur les lieux de tournage. Avec un peu de chance, on peut croiser Alexandre Brasseur (le fils de Claude) ou la commissaire Candice Renoir (alias Céline Bois). Bref, c’est l’Eldorado. Tout le monde profite de la manne. On en oublierait que par ailleurs, Sète reste le premier port de pêche français de la Méditerranée… 

Et chez nous ? Dans le Lot ? Il y a certes parfois des tournages (j’insiste sur le terme, hein, aucune allusion aux retournements… de veste). Un téléfilm de temps à autre, des documentaires, des jeux d’aventures. Mais de toute façon, on aura sous peu bien mieux qu’un petit polar du vendredi soir. En juillet, avec le Tour de France, ce sera Byzance. Selon L’Equipe, l’été dernier, en moyenne, « les étapes du Tour ont été suivies par 3,8 millions de personnes l’après-midi sur France 2 (39,4 % de part d’audience) ». Sans parler des chiffres à l’étranger ! On le sait, outre l’aspect purement sportif, les téléspectateurs aiment aussi les images captées d’hélicoptère, les vues de paysages, les zooms sur les monuments ou sites naturels qui jalonnent le parcours.

Une bonne pub pour le Lot, quoi, et sur deux jours, en plus, cette année. Mais voilà mon souci : j’ai peur que Sibelle en profite pour faire sa maline. Qu’elle choisisse un endroit tranquille pour mettre à exécution son projet de « land art » que nous vous révélions il y a déjà un an, mettant en exergue la formule qui nous est si chère de Maurice Faure : « Nous sommes pauvres mais nous sommes beaux ». J’ai donc prévu un stratagème, au cas où. Je l’accompagnerai en dissimulant une grande bâche. Quelle partie de la citation pourrai-je couvrir ? Faudra-t-il imaginer de modifier la phrase ? Pour obtenir par exemple : « Nous sommes beaux et nous sommes deux. » Par les temps qui courent, c’est une richesse inouïe. 

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