A Septfonds, le camp de la honte et ceux qui n’ont pas honte
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– De Cahors à Septfonds, il n’y a qu’une quarantaine de kilomètres. Et de Belfort-du-Quercy, le village lotois le plus proche du Tarn-et-Garonne, il n’y en a guère qu’une quinzaine. C’est si proche, donc, que pendant la dernière guerre, c’est au camp des Judes établi à Setpfonds que des dizaines de Juifs ou considérés comme tels, selon la formule pertinente de l’historienne Geneviève Dreyfus-Armand, raflés dans le Lot, furent dirigés et internés quelque temps. Avant pour la plupart d’être transférés à Drancy puis déportés dans les camps de la mort. Selon l’historienne, depuis notre département, 39 familles seront raflées et emmenées à Septfonds, dont 26 enfants de moins de 18 ans et le plus jeune âgé seulement de 2 ans. Le camp avait été créé en 1939 et y furent d’abord internés plus de 15 000 Espagnols, dans des conditions évidemment plus qu’éprouvantes, puis des travailleurs étrangers, des Polonais notamment, puis des Juifs en transit avant d’être victimes de la Solution finale…
En 2022, ce camp de la honte et du déshonneur est toujours, hélas, lieu de discorde. Et le mot semble presque saugrenu. On apprend ainsi via France Bleu : « Déboutés par le tribunal administratif de Toulouse, les descendants de Républicains espagnols, qui demandent l’annulation de l’autorisation d’extension d’une porcherie à Septfonds, ont fait appel. La cour administrative d’appel de Toulouse s’est réunie ce jeudi, le jugement a été mis en délibéré. » Explication : « En 2017, la préfecture du Tarn-et- Garonne a autorisé son extension (celle de la porcherie) à 6 000 bêtes. » Nos confrères rappellent les faits. « Le camp, laissé en friche jusqu’aux années 1970, est racheté (alors) par un petit éleveur qui installe quelques cochons sur son nouveau terrain. Son élevage grandit et le propriétaire accepte en 1995 de céder une parcelle pour la construction d’un mémorial. Une vingtaine d’années plus tard, les enfants reprennent l’affaire familiale et voient les choses en grand. Ils veulent une porcherie industrielle de 6 500 cochons, soit une des plus grandes du département. C’est donc désormais chose faite. »
Deux associations ont donc saisi la justice : « L’Amicale des anciens guérilleros espagnols » et « Mémoire de l’Espagne républicaine 82 ».Leur avocat, Me Jean-Marc Panfili, toujours cité par France Bleu, résume leur état d’esprit : « Imagine-t-on répandre du lisier à côté du monument aux morts de Toulouse ? Non, évidemment ! Il y a un devoir moral au titre de la mémoire, un devoir de respect. Plus de 6 000 porcs sont élevés avec tout ce que ça comporte de nuisances notamment des nuisances olfactives. C’est de l’irrespect. »
Le fait que les requérants n’habitent pas la commune même expliquerait la décision des juges. Reste que le 12 mars dernier, ce sont bien des Espagnols qui sont venus assurer (avec d’autres) le devoir de mémoire. On lit sur le site de « L’Associació Catalana d’Expresos Polítics del Franquisme » (mouvement antifasciste) : « Une délégation de notre association a participé le 12 mars dernier à la 16e Marche de la Dignité depuis la gare française de Borredon, près du village de Montalzat, jusqu’au camp de concentration de Septfonds. Malgré de fortes pluies tout au long du voyage, l’événement a de nouveau été organisé en l’honneur des républicains qui ont été détenus sur les lieux. » La question au final n’est pas de juger pertinente ou non la création d’une porcherie « géante » mais du lieu où l’implanter. Les éleveurs sont sans doute moins en cause que certaines autorités qui n’ont guère été émues. Non ? A noter qu’une page Facebook est dédiée à l’affaire.
– Un sujet plus léger : sur Twitter, le cinéphile Philippe Merlin revisite l’histoire et la géographie du point de vue du 7ème art. Il poste ainsi cette carte postale illustrée (il en a déjà rédigé plus de 300) : « Faisons un voyage dans nos villages et villes dans nos beaux paysages français à travers leurs présences dans le cinéma sur nos écrans. Aujourd’hui, Couzou, dans le département du Lot (46). Un film y a posé ses caméras : « Quelques Messieurs trop Tranquilles » de Georges Lautner (1973) avec Dani, Michel Galabru, Henri Guybet, Jean Lefebvre, André Pousse, Bruno Pradal, Paul Préboist… »
– On enchaîne avec l’un des nombreux hommages qui ont célébré cette semaine l’anniversaire de Marcel Marceau, né le 22 mars 1923 à Strasbourg et mort le 22 septembre 2007 à Cahors. « L’acteur juif français Marcel Marceau est connu internationalement pour ses performances émotionnelles en tant que mime. Mais pendant des décennies, l’histoire de sa survie pendant la Seconde Guerre mondiale fut relativement inconnue, comme le fait qu’il avait aidé à sauver des enfants juifs pendant l’Holocauste » rappelle le compte Twitter du WJC (World Jewish Congress), une jolie bio sous forme de petite vidéo à l’appui.
– La guerre, encore, mais de 2022 cette fois. Sur le compte Twitter de Mercedes Sabio-Vázquez, de Madrid, grande amatrice d’art, un long hommage richement illustré au peintre ukrainien Alexis Gritchenko (1883-1977). Il a vécu longtemps en France, oscilla entre cubisme et expressionnisme, fut membre de l’École de Paris. Et on lui doit un tableau titré « Cahors » qui semble plutôt évoquer un village de la vallée du Lot. Cette huile sur panneau date de 1926. Elle fut vendue à près de 6000 euros en 2017 à un collectionneur privé. Les hashtags qui accompagnent le tweet : #PassionForArt #GloryForBraveUKraine. Tout est dit.