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Béduer : La Grande Guerre de Jean Emile Pélissié


Jean Emile Pélissié, que tous les anciens connaissent sous le nom de Milou, a été maire de Béduer, et la salle communale porte son nom. Cette notoriété ne doit cependant pas effacer son parcours de jeune soldat durant la grande guerre où il a subi, comme les autres, le froid, la boue et la peur. Récit.

Jean Emile Pélissié est né à Béduer le 9 juin 1895 de Vinceslas Pélissié et Anastasie Vaysse et il exerce le métier de cultivateur chez son père, à Carayac. Il mesure 1 m 76, il a les cheveux châtains et les yeux marron foncé, le front moyen et nez rectiligne. Son visage est long et plein. Comme la plupart des jeunes conscrits, il sait lire, écrire et compter (niveau d’instruction 3). Il est recruté avec la classe 1915 sous le n° matricule 911 et est reconnu « bon pour le service armé ». Puis il est incorporé au 14ème régiment d’infanterie cantonné à Toulouse, sous le n° matricule 7806, à compter du 19 décembre 1914, et il arrive au corps le 20 décembre.

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A ce moment, le 14ème R.I. est en Champagne où il se battra jusqu’à la fin mars 1915, mais Jean Pélissié ne rejoint pas encore le front puisque la durée d’instruction militaire était, à cette époque, selon les régiments, de l’ordre de 2 à 3 mois (contre six mois en temps de paix). Le 8 avril 1915, il est affecté au 1er bataillon (3ème compagnie) du 7ème régiment d’infanterie de Cahors, n° matricule 15644. A cette date, le régiment est au repos à l’arrière, au sud de Verdun, mais il est envoyé dès le mois de mai en Artois où il combat dans la région d’Arras. C’est dans l’attaque meurtrière (300 tués et blessés) du 9 mai, à Roclincourt, qu’il subit le baptême du feu. Il y reste jusqu’à la relève en juillet. Puis c’est la boue de l’Argonne où il tient la première ligne d’août 1915 à mai 1916 : « Ah l’Argonne n’a pas changé ! Telle nous la vîmes en décembre dernier, telle nous la revoyons maintenant malgré l’été. Il pleut. Les boyaux et les tranchées sont transformés en ruisseaux de boue dans lesquels on enfonce jusqu’à la cheville et même souvent davantage. La première nuit se passe dans une agitation extrême. Il fait si noir qu’on y voit pas à deux pas. Avec les projectiles qui éclatent de tous côtés, on ne sait plus facilement si l’ennemi est en avant ou en arrière, à droite ou à gauche… ».

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Est-ce dans cette région qu’il a eu les pieds gelés ou est-ce dans la Woëvre où le 7ème R.I. combat jusqu’en janvier 1917, après être passé par Verdun en juin et juillet 1916 ? Les documents consultés ne le précisent pas, mais on sait que le 7ème R.I sera envoyé ensuite en Champagne pour  l’offensive du mois d’avril de la même année 1917. Et c’est ainsi que le 22 avril Jean Pélissié participe, au sein du 1er bataillon, à la conquête du célèbre piton du Casque, un des monts de Champagne qui a résisté à de nombreux assauts. Puis c’est Les Eparges, de juin à septembre. À la mi-août le 1er bataillon occupe la zone de Tavannes – Bézonvaux et le 27 août 1917 Jean Pélissié est cité à l’ordre n° 93 du régiment : « Soldat d’élite a toujours courageusement fait son devoir. S’est particulièrement distingué le 20 août 1917 au cours d’une patrouille de liaison avec nos lignes les plus avancées, momentanément isolées par de violents tirs de barrage et sans aucune communication avec l’arrière ». Hangard en Santerre, un des derniers points de résistance devant Amiens, face aux assauts des allemands lors de l’offensive du printemps 1918. C’est dans ce petit village de la Somme que Jean Pélissié se distingue à nouveau. Durant quinze heures, le 24 avril, son régiment tiendra le front dans une succession d’attaques et de contre-attaques : « Dans les combats du 24 avril a fait preuve de courage et d’entrain donnant à ses camarades une impression de confiance et de belle humeur au cours d’une progression difficile sous les rafales de mitrailleuses » (citation du 10 mai 1918). Pour tous ces faits d’armes et sa capacité à stimuler ses camarades, il est nommé caporal le 4 mai 1918.

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Le 29 mai suivant le 7ème R.I. est envoyé à nouveau sur le front à Vierzy et Tigny, à l’ouest de Villers-Cotteret. Le 31 mai 1918 « à 9 h, l’attaque se produit, l’ennemi tend à encercler les défenseurs de Tigny. Bientôt sous des poussées furieuses, toute résistance devenant impossible, les éléments survivants de 3è Bon sont obligés de se replier sur Parcy-Tigny où ils prolongent la ligne du 1er Baton vers la Cote 132. Un peloton de la 3è Cie tente une contre attaque sans résultat. Cette compagnie est presque anéantie ». Jean Pélissié, qui fait partie de cette compagnie, est prisonnier depuis 8 h du matin. Après un séjour au camp de Darmstadt, il sera interné au camp de prisonniers de Münster 2, en Westphalie, bloc n° 2, chambre 13. Il prend le temps de rédiger son quotidien dans un émouvant petit carnet qui est aujourd’hui aux archives départementales : « Une heure de marche et nous arrivons dans un grand camp bien aménagé et où la propreté règne en maîtresse. Dans la journée du 14, nous touchons 3 fois du rata et on s’en met plein la lampe, du pain et des biscuits. Dans le camp, on n’est pas embêté, quelques rassemblements pour l’appel ou demander des renseignements puis on est libre. Il y a une cantine où on trouve un peu de tout… » À la fin du mois de juillet il est envoyé à Herne pour un travail en Kommando dans une mine de charbon (mine « Mont Cenis »). Il rentre au pays par ses propres moyens et arrive enfin dans le Lot le 20 décembre 1918. Il bénéficie alors d’une permission de 30 jours et rentre au dépôt du 7ème R.I. le 22 janvier 1919. Il est démobilisé le 16 septembre 1919 et déclare se retirer à Carayac. Un certificat de bonne conduite lui est accordé. C’est bien là le minimum.

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Le 26 juin 1923 la Commission de réforme de Toulouse le maintien au service armé, mais avec une « invalidité inférieure à 10 % ». Et le 25 janvier 1928 si la même commission confirme bien le niveau d’invalidité, c’est  pour « aucun signe objectif de lésions des orteils ni des pieds, gelure des pieds allégué par l’intéressé ». C’est sans doute dur à entendre pour un jeune qui s’est tant distingué dans les tranchées. En dépit de tout cela l’armée pourrait avoir encore besoin de lui et depuis le 1er janvier 1924 il est passé au 9ème Régiment d’Infanterie. La vie continue cependant : le 16 août 1929, il s’installe à Béduer et le 5 septembre de la même année il est passé à la classe 1911 comme père de deux enfants. Les douleurs des pieds et des jambes persistent cependant et une pension temporaire de 10 % lui est concédée le 7 octobre 1935, pension qui lui sera retirée le 18 mars 1937. Par décret du 31 décembre 1938, l’armée reconnaît enfin ses mérites : il obtient la médaille militaire pour « 23 Ans de Sces – 4 campagnes – blessé et cité ». Il avait obtenu auparavant la « Croix de guerre 2 étoiles de bronze » à la suite de ses hauts faits en Champagne et dans la Somme. Et le 24 octobre 1939, enfin, il est « classé dans l’affectation spéciale pour une durée indéterminée comme boulanger à Béduer ». Après trois mandats passés comme maire de Béduer de 1945 à 1966, Jean Emile Pélissié décèdera le 9 août 1967. Comme on le voit Jean Pélissié est passé pratiquement par tous les théâtres d’opération (Artois, Woëvre, Argonne, Verdun, Champagne, Les Eparges, La Somme…) et son comportement exemplaire durant la guerre préfigurait bien son engagement ultérieur au service de sa commune.

> Remerciements à Patrick Vaysse, son petit-fils, et à René Pineau.

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